La Nation : Les opérations de curage des ouvrages d’assainissement sont de plus en plus fréquentes. Une volonté politique ?
Larys Akuesson : Vous n'êtes pas sans savoir que de nombreux cas d'inondations étaient enregistrés après les pluies, en particulier à Cotonou. C'est pour répondre à cette problématique que le gouvernement a intégré dans son Programme d'action 2021-2026, notamment au Pilier 3 « Poursuivre l’amélioration du bien-être social des populations » ; axe 7 «Renforcement du développement équilibré et durable de l’espace national » ; des actions qui visent à résoudre durablement la problématique de salubrité urbaine. C’est dans cette vision qu’il faut appréhender le projet actuellement piloté par la Sgds, qui consiste en son volet curage, à débarrasser les ouvrages d'assainissement pluvial de tous les détritus (sable, déchets, boue) qui les encombrent. L'objectif de cette opération est de faciliter l'écoulement des eaux pluviales des chaussées vers l'excutoire, afin de prévenir les éventuelles inondations après les pluies.
Quel bilan peut-on faire à ce jour de la mise en œuvre régulière des opérations de curage d’ouvrages d’assainissement ?
Aujourd'hui, lorsque qu'il pleut, notamment à Cotonou, l'eau disparaît quelques heures après dans les rues ; contrairement à ce que nous observions il y a quelques années. Cela témoigne du travail accompli. Cependant, malgré nos opérations, nous constatons encore des stagnations d'eau dans certaines localités. En effet, ce phénomène s'explique par l'encombrement rapide des caniveaux causé par les populations. Nous notons çà et là des cas d'incivisme, car certaines personnes continuent de jeter des ordures dans ces ouvrages, les obstruant ainsi. Nous invitons donc les populations à faire preuve de plus de civisme et à contribuer à cette lutte contre les inondations. Par ailleurs, il est vrai que des ouvrages sont vétustes et ne permettent plus aujourd'hui d'évacuer correctement l'eau des chaussées vers l'exutoire, qui est la lagune de Cotonou. Nous faisons également face à l'effondrement de certains ouvrages et à des problèmes liés au sous-dimensionnement. Dans certains quartiers, les populations ont même érigé des bâtiments sur les caniveaux.
La teneur des boues témoigne du niveau d'incivisme des populations. Comment les agents s'y prennent-ils quand on sait qu'on retrouve toutes sortes de déchets dans les caniveaux ?
Effectivement, après le curage, nous constatons que les déchets dégagés des caniveaux sont remplis d'une multitude d'objets, car les populations y jettent un peu de tout. Parfois, on y retrouve des cuillères, des bols et d'autres objets qui pourraient être recyclés et réutilisés. Cependant, de notre côté, nous n'autorisons pas nos agents à trier ces déchets, car nous supposons qu'il y a des produits contaminants mélangés à ces boues. Ainsi, tous ces déchets sont convoyés vers des sites de stockage préétablis.
Y a-t-il des perspectives de valorisation des boues ?
Actuellement, nous sommes en train d'analyser les boues issues du curage. Elles sont entreposées sur des plateformes d'analyse en attendant que leur contenu soit examiné pour déterminer si elles sont contaminées ou non. En fonction des résultats, une équipe spécialisée va s’en occuper.