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Développement: Les conditions des Sfd pour financer le secteur agricole

Economie
Les petits producteurs agricoles ont besoin des Sfd comme partenaires pour leur financement Les petits producteurs agricoles ont besoin des Sfd comme partenaires pour leur financement

Les institutions de microfinance sont prêtes à appuyer et accompagner le secteur agricole. Les besoins en financement des producteurs, qui ne sont pas inconnus des Systèmes financiers décentralisés (Sfd) sont au cœur de leur portefeuille mais il subsiste des préalables sans lesquels ceci ne pourrait être chose effective, disent ces institutions. 

Par   Josué F. MEHOUENOU, le 30 août 2023 à 07h33 Durée 4 min.
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La tribune n’était pas dédiée à un débat sur le financement du secteur agricole, mais, l’Association professionnelle des systèmes financiers décentralisés du Bénin, encore appelée Consortium Alafia a saisi l’occasion de la tenue de sa dernière assemblée générale pour évoquer la question du financement agricole. Préoccupation bien plus d’actualité, quand on sait que le Fonds national de développement agricole (Fnda) se trouve déjà dans sa phase active et travaille activement à pousser loin les producteurs agricoles. 
« Quant aux financements du Fonds national de microcrédit et du Fnda, nous allons demander que les mêmes conditions fixées aux Banques et aux Sfd sur l'accès aux financements auprès du Fnm et du Fnda soient révisées », a expliqué Ignace Comlan Dovi, directeur de l’Association professionnelle des systèmes financiers décentralisés du Bénin (Apsfd). Selon lui, « elles ne tiennent pas compte de nos réalités ». Les Sfd, en plus des services financiers délivrent des services non financiers, aux producteurs, argumente-t-il. Le directeur de l’Apsfd soutient en effet que «l’agriculture mérite d'être financée aux conditions avantageuses pour les producteurs » et que « la proximité avec ces producteurs et la couverture géographique du territoire imposent aux Sfd des coûts d'exploitation élevés». En tout cas, rassure-t-il, « les Sfd sont des partenaires sûrs pour le financement des petits producteurs agricoles ». Tous partagent la vision d'accroître la portée en assurant une meilleure couverture des régions rurales où l'agriculture constitue la principale activité, réitère-t-il. 
Quoi qu’il en soit, l’utilité des services financiers n’est plus à démontrer et l'importance des institutions de microfinance notamment dans les pays à revenu faible ne fait non plus l'objet de doute, dira à son tour, Abou Bakary Issiaka, représentant du ministre des Finances. Le secteur de la microfinance est l'un des segments stratégiques sur lesquels le gouvernement s’appuie depuis bientôt huit années pour relever le défi du bien-être collectif des populations vulnérables, indique-t-il par ailleurs.

Préalables 

Relever le faible niveau de vie des populations vulnérables est un enjeu au cœur de l’action gouvernementale. Mieux, l’Exécutif fonde pour une bonne part son action sur les Sfd. Il a validé en Conseil des ministres le 29 mars 2023 la Stratégie nationale d’inclusion financière, qui guidera les actions dans le secteur pour de meilleurs résultats sur les cinq années à venir. Mais les pouvoirs publics attendent bien plus que cela des Sfd. Pour leur permettre de travailler en toute sécurité, il axe ses interventions dans le secteur sur la surveillance. À travers l'Agence nationale de surveillance des systèmes financiers décentralisés (Anssfd), des actions de surveillance et d’assainissement sont entreprises par le gouvernement depuis 2016. L’engagement du Comité de stabilité financière pour l'assainissement du secteur de la microfinance (Csfasm) a également permis la fermeture des structures illégales et la poursuite des promoteurs indélicats. « Tout ceci aux fins de garantir un secteur bien assaini et stable pour le développement de notre pays », soutient Abou Bakary Issiaka. La détermination à mettre de l’ordre dans le secteur se justifie, d’autant plus que au sein de l’Umoa, « le Bénin est aujourd'hui le leader en matière d'inclusion financière, grâce à la synergie d’actions entre tous les acteurs de l'écosystème, mais surtout à l'engagement prépondérant des Sfd ». Ce qui est certain, c’est que la vitalité de la vie associative au sein des Sfd contribuera à consolider les valeurs fondamentales telles que la solidarité, la performance, l'innovation et surtout la transparence, qui sont autant de gages d'une bonne gouvernance. Autre élément important, le respect de la réglementation et des textes. «Le gouvernement ne saurait tolérer des dérives face à des enjeux aussi majeurs et nous voudrions compter aussi sur l'engagement de l'Association professionnelle et de ses Sfd membres pour des actions coordonnées », a en tout cas prévenu Abou Bakary Issiaka. 
Pour rappel, le secteur de la microfinance au Bénin est animé au 30 juin, par 11 structures agréées opérant à travers 758 points de service sur l’ensemble du territoire. La clientèle desservie s’élève à 3 270 362 personnes. Les Sfd emploient 5 606 personnes pour une épargne collectée s'établissant à 198,7 milliards de F Cfa avec un encours de crédits qui se situe autour de 237,9 milliards de F Cfa à la date du 30 juin 2023.