Economie africaine: Résilience et quête de mutation face aux défis structurels
Economie
Le potentiel de l’intelligence artificielle (IA) en Afrique est à valoriser
Entre résilience économique et nécessité de transformation structurelle, l’économie africaine fait face à des défis multiples. Le rapport « L’Économie africaine 2025» de l’Afd propose des pistes pour un développement durable, avec un accent particulier sur l’intelligence artificielle et la diversification des financements.
Par
Claude Urbain PLAGBETO, le 28 janv. 2025
à
07h38
Durée 4 min.
#Economie africaine
Avec une croissance du Pib réel attendue à 4,2% en 2025, selon le Fonds monétaire international (Fmi), les perspectives économiques en Afrique sont prometteuses. Toutefois, pour bâtir un avenir durable, une mobilisation collective s’impose: gouvernements, secteur privé, partenaires internationaux et société civile doivent s’unir pour relever les défis climatiques, économiques et technologiques, indique l’Agence française de développement (Afd) à travers son dernier rapport « L’Economie africaine 2025 ».
La conférence de lancement de cette sixième édition du rapport, qui a eu lieu le jeudi 23 janvier, a abordé les perspectives macroéconomiques de l'Afrique, impactées par la persistance de la pénurie de financements, ainsi que les enjeux de développement et de stabilité face à l’émergence de l’intelligence artificielle. Paru aux éditions La Découverte, cet ouvrage, fruit d’une collaboration entre les chercheurs de l’Afd et des universitaires spécialistes du continent, analyse les enjeux climatiques, géopolitiques et technologiques de l’Afrique. Il indique que le continent affiche une remarquable capacité à absorber les chocs mondiaux, avec une croissance estimée à 3,0 % en 2024, légèrement en deçà des 3,3% enregistrés en 2023. La hausse de la consommation privée, le recul de l’inflation et l’adoption de politiques économiques adaptées expliquent en partie cette dynamique.
Toutefois, cette croissance demeure insuffisante face à une démographie galopante et à des besoins colossaux en matière d’investissement. « L’Afrique démontre une résilience face aux chocs externes, mais les besoins d’investissement restent considérables », souligne Rémy Rioux, directeur général de l’Afd. « Cette nouvelle édition réaffirme l’importance d’une transformation structurelle alignée sur les objectifs climatiques et sociaux », ajoute-t-il.
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Industrie, climat et IA
L’industrialisation, clé de la transformation économique, peine à se concrétiser sur le continent. La majorité des emplois reste concentrée dans l’agriculture (46 % en 2020) et les services peu productifs, au détriment de l’industrie, qui stagne à 14 % des emplois, selon les estimations de la Banque mondiale.
A cela s’ajoute le défi du changement climatique, qui exacerbe les vulnérabilités du continent. Les catastrophes naturelles récurrentes – cyclones, sécheresses et inondations – ont des impacts économiques dévastateurs.
Le potentiel de l’intelligence artificielle (IA) en Afrique est également à valoriser. Un chapitre entier est consacré à cette thématique dans « L’Economie africaine 2025 », soulignant que le continent pourrait tirer parti des avancées technologiques dans des secteurs comme la santé ou l’éducation. Au nombre des défis à surmonter, il y a : la souveraineté des données personnelles, la sous-représentation des langues africaines dans les outils numériques, et les risques de restructuration des emplois liés à l’automatisation. Un sommet sur l’IA, prévu en février 2025, ambitionne d’aborder ces questions cruciales et pourrait marquer un tournant pour intégrer l’Afrique dans la révolution numérique mondiale tout en assurant une transition inclusive.
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Recherche de financement
Les besoins financiers du continent restent immenses. L’Afrique n’attire que 2 % des flux mondiaux en investissements directs étrangers (Ide), et l’aide publique au développement représente une part de plus en plus faible du Pib africain. Selon la Climate Policy Initiative, la lutte contre le changement climatique nécessiterait 2 800 milliards de dollars entre 2020 et 2030. Cependant, l’Afrique n’attire que 2 % des investissements directs étrangers mondiaux et voit son endettement grimper à des niveaux préoccupants, atteignant 67 % du Pib en 2023.
Face à cette situation, le rôle de catalyseur des institutions financières internationales pour le développement du secteur privé et la confiance des acteurs internationaux demeure crucial. Des initiatives comme la Resilience and Sustainability Facility du Fmi apportent des solutions ciblées, mais elles restent insuffisantes.
Le secteur privé africain, encore largement sous-exploité, pourrait devenir un moteur crucial de la croissance, à condition de surmonter des défis tels que la corruption, l’informalité et le manque de financements. En effet, l’informel reste prépondérant, représentant 36% du Pib et 70 % de l’emploi en Afrique subsaharienne, selon la Banque mondiale. Ce secteur pourrait contribuer chaque année à des financements supplémentaires pour les infrastructures, équivalant à 3 % du Pib de l’Afrique subsaharienne, d’après le Fmi. En 2020, l’investissement privé ne représentait en moyenne que 13 % du Pib, avec des situations très diverses : le ratio investissement privé/Pib est de 7,4 % en Sierra Leone, contre 16,5 % en Côte d'Ivoire ou encore 28,4 % au Sénégal■