La Nation Bénin...
Une
récente étude publiée par la Banque africaine de développement (Bad) met en
lumière les potentialités surtout inexploitées de la filière textile au Bénin.
Le rapport met ne lumière une importante niche d’opportunités à saisir.
La filière ananas en plein essor depuis quelques années au Bénin regorge également d’opportunités pour le développement de la filière textile. La fibre de feuille d’ananas constitue « une opportunité réelle et sérieuse à explorer plus profondément et notamment susciter une réflexion géoéconomique pour en faire pourquoi pas, une filière stratégique pour le pays », indique une étude commanditée par la Banque africaine de développement (Bad). La production d’ananas sur la campagne 2022-2023 était de plus de 427 000 tonnes correspondant à environ 446 000 tonnes de feuilles d’ananas. La feuille d’ananas, matière première pour la fibre textile, est disponible sur tout le territoire national et est pour l’heure considérée majoritairement comme du rebut. 446 000 tonnes de feuilles d’ananas représentent environ 11 000 tonnes de fibres, soit environ 82,5 millions de tonnes de soie ou 50 millions de tonnes de cuir de fibre de feuilles d’ananas, révèle l’étude.
«
Le revenu annuel potentiel pour le Bénin varie entre 1600 à 3000 milliards F
Cfa. L’investissement dans une unité semi-industrielle d’extraction et
transformation de la fibre de feuille d’ananas est estimé à 7 millions F Cfa,
pour un revenu annuel à plein rendement, de près de 650 millions F Cfa… Le
potentiel de création d’emplois est supérieur à 44 600 emplois qualifiés pour
ces volumes de matières premières », rapporte le document rendu public il y a
quelques jours par l’institution au terme d’une rencontre avec les acteurs de
la filière textile. Selon le document, une industrie intégrée de production de
fibres de feuilles d’ananas jusqu’à la production de soie ou de cuir d’ananas,
permettrait d’installer au Bénin une industrie labélisée pour l’industrie
textile du luxe ou d’autres secteurs industriels (cosmétique, médical,
automobile etc…) avec un rayonnement mondial. Pour transformer l’intégralité de
la production nationale de feuilles, soit 446 000 tonnes, il faudrait implanter
environ 4500 unités de transformation sur le territoire national. Cela
représenterait un potentiel total de 45 000 emplois pérennes.
Ce
rapport, faut-il le préciser, a été élaboré dans le cadre de la mise en œuvre
de la stratégie pays 2022-2026 de la Bad. L’objectif étant d’aider le Bénin à
transformer son économie, de sorte à stimuler une croissance inclusive,
créatrice d’emplois décents pour les jeunes et les femmes. Ce qui passe par le
soutien à la transformation de l’agriculture et au développement industriel, et
le renforcement des infrastructures de soutien à la production et à la
compétitivité économique.
Le même rapport, se fondant sur une étude de Group’hygiène, le syndicat professionnel des fabricants de produits à usage unique pour l’hygiène, indique que les femmes dans le monde consommeraient 45 milliards de serviettes hygiéniques jetables par an. À l’échelle du Bénin, 49,9 % de la population est constituée de femmes. Parmi elles, 60 % sont réputées pubères, soit, 3,9 millions de femmes. Si l’on considère qu’une femme pubère recourt aux serviettes hygiéniques douze fois par an, à raison de 3 jours en moyenne à chaque cycle, cela représente un potentiel annuel de consommation de serviettes hygiéniques au Bénin de 140,9 millions d’unités.
Le
Bénin étant membre du marché commun de l’Uemoa (plus de 137 millions
d’habitants en 2023) et de la Cedeao (plus de 412 millions d’habitants en
2023), et tenant compte de la proximité avec le Nigeria (plus de 213 millions
d’habitants en 2023), « les opportunités de marché pour la distribution
régionale sont solides », projettent les rédacteurs du document. En moyenne, il
faut prévoir 600 F Cfa pour l’acquisition d’un paquet de dix serviettes
hygiéniques sur les marchés de Cotonou. Cela donne une moyenne de 7200 F Cfa de
budget annuel consacré à cet achat dans les dépenses du foyer. En extrapolant à
l’échelle nationale, on pourrait estimer la valeur du marché béninois sur la
base des données démographiques de 2021, à 8,4 milliards F Cfa, analyse le
document de la Bad. Aussi, préconise-t-il d’explorer avec rigueur l’ensemble
des usages du coton à usage médical, ainsi que les possibilités techniques pour
la confection locale de certains articles