La Nation Bénin...
L’Interprofession de l’aviculture du Bénin (IAB) tire la sonnette d’alarme au sujet de l’importation frauduleuse des œufs en provenance du Nigeria. Elle a fait part de ses inquiétudes à la faveur d’une conférence de presse tenue mardi 15 novembre à son siège à Abomey-Calavi.
L’aviculture béninoise est mal en point et il y a urgence de lui voler au secours. C’est le cri de détresse que lance l’Interprofession de l’aviculture du Bénin (IAB) en direction des pouvoirs publics au sujet de la préoccupation relative à l’importation frauduleuse des œufs en provenance du Nigeria. Ces œufs dont la qualité suscite des inquiétudes au Bénin se reconnaissent par leur couleur jaunâtre qui se noircit au bout de quelques jours. Ce sont des produits qui suintent de l’eau lorsque la consommation n’est pas immédiate, explique Camille Azomahou, secrétaire permanent de l’IAB.
A ce jour, alertent les aviculteurs, «aucune mesure de contrôle n’est mise en place par le Bénin pour décourager leur importation». Selon les conférenciers, sept mois déjà que le phénomène perdure au Bénin, sans qu’aucune diligence ne soit faite. «Si rien n’est fait dans les prochains jours, nous assisterons à la fermeture de toutes les exploitations avicoles nationales», avertissent-ils. Là où le bât blesse, fustige l’Interprofession, le Nigeria est depuis 2015 sur la ligne rouge des pays touchés par la grippe aviaire. Sur ses 36 Etats, 24 sont identifiés comme infectés. Or, développe-t-il, l’influenza aviaire est un virus qui se transmet aussi à l’homme. Les conférenciers en déduisent alors une double menace pour le Bénin au plan socio-sanitaire.
Pire, la situation portera également un coup à l’économie béninoise. Selon l’Interprofession de l’aviculture, elle va engendrer une baisse de la production locale du maïs en ce sens que la filière avicole en consomme une part non négligeable. L’écoulement des tourteaux de soja et de coton produits par les triturateurs industriels est aussi menacé, sans compter les pertes d’emplois que cela va créer. A en croire les conférenciers, la filière avicole fait partie des plus grands secteurs pourvoyeurs d’emplois au Bénin et la volaille, la viande la plus consommée dans le pays.
«Nous en tant qu’acteurs du domaine, nous sommes déjà en cessation d’activité », se désole Constant Kènouko, secrétaire général de l’IAB.
Concurrence déloyale
L’’importation frauduleuse des œufs en provenance du géant voisin de l’Est concurrence dangereusement la production locale du fait de la chute du Naïra, à en croire l’Interprofession. «Nous sommes obligés de revoir totalement à la baisse le prix des œufs au Bénin pour pouvoir les vendre», confie Constant Kènouko.
Les conférenciers dénoncent surtout le mutisme des autorités politiques et administratives. Les différentes démarches menées en leur direction seraient restées vaines. « Malheureusement, les mesures répressives allant dans le sens de la régularisation de la situation n’ont pas suivi de sorte qu’aujourd’hui nous sommes laissés à notre propre sort», se désole Camille Azomahou. «Une si importante filière se meurt sans qu’il n’y ait aucune action concrète de nos autorités pour juguler le mal», s’inquiète-t-il.
Selon l’IAB, la situation met en mal les différents accords de la CEDEAO et de l’UEMOA relatifs à la libre circulation des marchandises et des biens, du fait de la concurrence déloyale sur le marché béninois.
Valentin Somassè, consultant national de l’IAB, ne va pas du dos de la cuillère pour dénoncer le mal. Sans langue de bois, il se demande si les dirigeants attendent d’abord de voir la plaie ronger le Bénin avant de la panser. «Je ne comprends pas qu’à l’heure du Nouveau départ, on puisse commettre des erreurs aussi graves», s’étonne-t-il. Et d’ajouter : «Si nous laissons le problème perdurer, le Bénin sera mis en quarantaine. Même les poulets bicyclettes ne pourront pas être consommés».
La bataille de l’Interprofession de l’aviculture du Bénin contre les œufs de qualité douteuse ne date pas d’aujourd’hui. En 2014, elle avait déjà haussé le ton sur l’importation des œufs réfrigérés en provenance de l’Europe. Le souhait des aviculteurs locaux est de voir les autorités béninoises prendre en main le dossier de l’importation des œufs en provenance du Nigeria.