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Investissement, infusion et innovation: Pour une croissance économique progressive

Economie
La stratégie des 3i pour booster la croissance économique La stratégie des 3i pour booster la croissance économique

Au vu de certaines réalités relevées dans le rapport 2024 des Nations Unies sur le développement dans le monde, la Banque mondiale propose un nouveau modèle stratégique pour permettre à certains pays en développement de se hisser au statut d’économie à revenu élevé.

 

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 08 août 2024 à 07h37 Durée 3 min.
#infusion et innovation #économie

Il est constaté que le piège du revenu intermédiaire freine considérablement les progrès dans 108 pays en développement dont certains pays d’Afrique subsaharienne. Pour corriger le tir et donner un nouvel élan à la croissance économique dans ces pays, la Banque mondiale propose un modèle stratégique basé sur la ‘’stratégie des 3i’’. Ce qui permettra à ces pays de se hisser au statut d’économie à revenu élevé. En fonction de leur stade de développement, ces pays doivent tous adopter un ensemble de politiques séquencées et progressivement plus sophistiquées. Ainsi, le premier ‘’i’’ représente une première phase où les pays à faible revenu peuvent se concentrer uniquement sur des politiques visant à accroître l'investissement. Puis, le statut d’économie à revenu intermédiaire de la tranche inférieure une fois atteint, ils doivent monter d'un cran et passer à la 2e phase ’’2i’’, qui combine politiques d’investissement et d’infusion, consistant à adopter des technologies provenant de l'étranger et à les diffuser dans l'ensemble de l'économie. C’est ce qui a permis au Bénin d’être classé par la Banque mondiale depuis 2019 parmi les pays à revenu intermédiaire tranche inférieure, avec un Pib/habitant évalué à 1250 dollars. Arrivés au niveau de revenu intermédiaire supérieur, les pays doivent à nouveau changer de vitesse et passer à la phase finale des ‘’3i’’ : investissement, infusion et innovation. Dans la phase d'innovation, les pays ne se contentent plus d'emprunter des idées à la pointe mondiale de la technologie, mais en repoussent les limites. Plusieurs pays africains tels que l’Afrique du Sud, le Rwanda et des pays de l’Afrique subsaharienne tels que le Nigéria, le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Bénin, ont déjà amorcé cette phase, en se mettant aujourd’hui à la pointe de la technologie. Des appareils de dernière génération y sont fabriqués et exportés vers les pays développés même si les populations ont encore des réserves à aller vers les produits locaux. 

Des sacrifices nécessaires

« Le chemin à parcourir sera escarpé, mais les pays peuvent progresser, même dans les conditions difficiles d'aujourd'hui. Le succès dépendra de la manière dont les sociétés équilibreront les forces de création, de préservation et de destruction. Ceux qui tentent d'épargner à leurs citoyens les épreuves inhérentes aux réformes et à l'ouverture, passeront à côté des bénéfices qui découlent d'une croissance soutenue », déclare Somik Lall, directeur du rapport 2024 sur le développement dans le monde. Une déclaration qui prouve à suffisance qu’on ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs et que des réformes sont nécessaires pour atteindre ce niveau de croissance, non sans sacrifices pour les populations. L’exemple de la Corée du Sud qui est un modèle à suivre pour les trois phases de la stratégie 3i est édifiant. En 1960, son revenu par habitant n'était que de 1 200 dollars, soit environ 720 509 francs Cfa. En fin 2023, ce chiffre s'élevait à 33 000 dollars soit environ 19 813 998 francs Cfa. La Corée du Sud a commencé par appliquer un ensemble de mesures simples visant à augmenter les investissements publics et à encourager les investissements privés. Dans les années 1970, cette méthode s'est transformée en politique industrielle qui encourageait les entreprises nationales à adopter des technologies étrangères et des méthodes de production plus sophistiquées. Ainsi, Samsung, jadis fabricant de nouilles, a commencé à produire des téléviseurs pour les marchés nationaux et régionaux, après avoir acquis des licences technologiques auprès d'entreprises japonaises telles que Sanyo et Nec. Le succès de Samsung a dopé la demande d'ingénieurs, de gestionnaires et d'autres professionnels qualifiés, amenant le pouvoir public à revoir les curricula de formation pour répondre à la demande. Aujourd'hui, Samsung est un innovateur mondial de premier plan, l'un des plus grands fabricants de smartphones au monde. Plusieurs pays africains dont le Bénin sont sur la bonne voie avec la transformation industrielle à base de machines et de technologies exportées■