La Nation Bénin...
Le
Bénin franchit une étape majeure dans la réforme de sa commande publique avec
le déploiement du Système d’information et de gestion électronique de la
commande publique. Portée par une volonté politique affirmée, cette initiative
entend renforcer la transparence et l’efficacité dans la passation des marchés
publics.
Le
Bénin s’engage résolument dans une transformation en profondeur de son système
de passation des marchés publics avec la mise en place du système d’information
et de gestion électronique de la commande publique. Adoptée en Conseil des
ministres par décret n° 2025-169 du 9 avril 2025, cette réforme marque une
nouvelle étape dans la poursuite des réformes engagées depuis 2020 en vue
d’assurer une gouvernance plus efficace, transparente et inclusive des achats
publics.
Ce
dispositif numérique est conçu pour assurer la dématérialisation complète de
toutes les procédures y afférentes. Il couvre l’ensemble du cycle de la
commande publique, de la planification à l’attribution des marchés, en passant
par l’exécution, le contrôle, le règlement et la régulation. Conformément à
l’article 2 du décret, la plateforme devient l’outil exclusif pour tous les
échanges et transactions en matière de marchés publics, sauf dérogation
expresse.
Sont
ainsi concernés, comme le précise l’article 3, tous les types de marchés :
travaux, fournitures, services et prestations intellectuelles, quelle que soit
leur nature ou source de financement. Même les entités bénéficiant de régimes
dérogatoires sont tenues d’y recourir. Cette approche globale témoigne de
l’ambition du gouvernement de garantir une traçabilité complète et une maîtrise
renforcée des dépenses publiques.
Socle juridique renforcé
Cette
avancée s’inscrit dans la continuité de la loi n° 2020-26 du 29 septembre 2020
portant Code des marchés publics. Cette loi avait posé les bases d’une refonte
du système pour le rendre plus conforme aux standards internationaux. Quatre
ans après son entrée en vigueur, le Forum national des marchés publics, tenu en
décembre 2024 à Cotonou, a permis d’évaluer les acquis et d’envisager de
nouvelles perspectives.
«
Nous avons vécu quatre années de nouvelles pratiques, de défis, d’espoirs et
d’expériences », a déclaré Séraphin Agbahoungbata, président de l’Autorité de
régulation des marchés publics (Armp). L’un des axes majeurs de cette dynamique
est la digitalisation complète des procédures. Pour lui, cette évolution répond
à une double exigence, accroître la transparence des procédures et améliorer
leur efficacité économique.
Théodore
Mathurin Assogba, directeur de l’Administration et des Finances au ministère de
l’Economie et des Finances, a d’ailleurs souligné à l’occasion l’importance
d’une politique d’achats publics durable, qui conjugue efficacité et impact
social.
La
mise en œuvre du système électronique intervient alors que le dispositif
béninois est soumis à une évaluation approfondie. Un atelier de validation des rapports
d’audits techniques indépendants des marchés publics exécutés en 2022 s’est
tenu à Sèmè-Podji les 15 et 16 mai derniers. Les conclusions du Forum national
et les recommandations issues de l’atelier de validation des audits convergent
vers un impératif: celui de doter le Bénin d’un système de commande publique à
la fois performant, intègre et tourné vers l’avenir.
Une réforme orientée vers l’impact
Au-delà
des aspects techniques et réglementaires, le système se distingue également par
son approche innovante de la commande publique. Il intègre des mécanismes
relatifs à l’inclusion sociale, comme l’identification du genre des
bénéficiaires effectifs dans les contrats publics, ainsi que des exigences
environnementales, à travers l’introduction possible d’écolabels et
d’écocertifications dans les appels d’offres, dans une logique de commande
publique durable.
Ce
n’est donc pas une simple modernisation technologique, mais un levier
stratégique pour rétablir la confiance des citoyens dans la gestion des fonds
publics, promouvoir une concurrence équitable et accroître la participation des
petites et moyennes entreprises (Pme) aux marchés, et ainsi maximiser l’impact
des investissements publics.
Pour
l’Armp, cette transition vers un système entièrement numérique constitue aussi
une opportunité d’alignement sur les meilleures pratiques internationales.
L’enjeu désormais est de garantir l’appropriation effective de la plateforme
par tous les acteurs, renforcer les capacités techniques et faire évoluer le
cadre réglementaire en fonction des besoins. L’Armp est appelée à engager une
relecture de la loi n° 2020-26 et de ses textes d’application pour intégrer les
ajustements nécessaires.
La digitalisation de la commande publique ne saurait être une fin en soi, mais elle devient un pilier incontournable de la transparence, de la redevabilité et de la performance au service du développement.