La Nation Bénin...
La
mobilisation de fonds par les Etats sur le marché des titres publics dans
l’espace Uemoa est aujourd’hui fréquente. Mais il est important de renforcer
l’environnement financier pour une stabilité et une confiance accrues.
Les
Etats membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) font
de plus en plus recours aux Bons assimilables de trésor pour lever des fonds
sur le marché afin de financer leur développement. Les huit pays de l’espace
exploitent à fond ce mode de financement du budget car ses avantages sont
nombreux et les émetteurs de bons aussi se mettent de plus en plus en
confiance. Il ne se passe pas ce mois sans que le Bénin, le Burkina Faso, la
Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo
n’aillent sur ce marché des titres publics de l’Uemoa pour lever des fonds. En
témoigne d’ailleurs le calendrier des émissions par adjudication, et des Etats,
et des autres acteurs, rendu public souvent par trimestre et qui mentionne
différents bons émis et recherchés. Il s’agit en effet de titres de créance
utile, mais à rembourser dans une période donnée, pour la plupart à moyen
terme. Une mauvaise maitrise des leviers de remboursement peut déséquilibrer
coûts et risques. Ce qui peut fragiliser le marché et faire installer une crise
de confiance et un environnement financier peu rassurant. C’est pourquoi il est
important d’avoir les outils et de bien maitriser le marché avant de s’y
engager. Dans un contexte sous-régional marqué par une instabilité politique et
économique avec des incertitudes et risques croissants, la gestion efficace de
la dette publique est primordiale pour ces Etats membres de l'Union économique
et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Toutes choses qui feront assoir la
confiance et permettront aux acteurs du marché de souscrire aux obligations en
toute sérénité. Dans ce sens, Umoa-titres ne manque pas de saisir les occasions
pour mettre à disposition des outils de bonne gestion de la dette sur le marché
des titres. C’est ainsi que lors d’un webinaire sur la Stratégie de gestion de
la dette à moyen terme (Sdmt), des clés d’élaboration de cette stratégie ont
été données pour permettre aux Etats de mieux y faire face. L’économiste
séngalais Arouna Sow qui l’a présidé, explique que la stratégie sert à
structurer le portefeuille de dette des Etats en équilibrant les coûts et les
risques sur trois à cinq ans. En effet, la gestion de la dette publique
consiste à établir et à mettre en œuvre une stratégie pour mobiliser les
financements nécessaires à moindre coût, tout en maintenant un niveau de risque
prudent. Cette stratégie vise aussi à stimuler le développement d'un marché
efficace de titres publics. Et pour disposer de cette stratégie, il faut un
processus d’élaboration dont les principales étapes ont été exposées par
l’économiste Arouna Sow. Il détaille qu’il faut l'analyse du portefeuille
existant, la définition des orientations et des cibles de la Sdmt, son
opérationnalisation, et son impact sur le marché des titres publics. L’expert
financier a évoqué également au cours de ce webinaire les mesures d'atténuation
de divers risques dont plusieurs sont exploitées déjà par les émetteurs dans la
sous-région pour une meilleure optimisation. Ainsi, concernant le risque de
change, il conseille d’emprunter dans la devise principale des recettes
d'exportation et utiliser des swaps de devises. Il fait des recommandations
concernant le risque de taux et propose l'allongement des échéances et
l'utilisation de produits dérivés tels que les swaps de taux. «Il est possible
de réaliser des opérations de gestion active de la dette comme le rachat
anticipé de dettes non échues », estime Arouna Sow, parlant du risque de
refinancement.
Diversification
La diversification des sources de financement aide également les Etats à réduire considérablement les risques de change et à compenser un accès limité aux financements externes. Les Etats ont plusieurs sources de financement à leur disposition dont par exemple les prêts multilatéraux et bilatéraux, les crédits commerciaux et les émissions sur les marchés internationaux et domestiques. Des sources de financement qui bien qu'utiles et sollicitées par les Etats, n’ont pas toujours les mêmes avantages que les titres publics du marché de l’Uemoa. « L'augmentation de la dette extérieure et la mobilisation des ressources concessionnelles peuvent améliorer le profil de la dette », soutient l’économiste Arouna Sow. Et pour de meilleurs résultats, Umoa-titres travaille sérieusement pour le développement du marché des titres publics dans l’espace puisque, à en croire l’économiste sénégalais, les avantages d’un marché des titres publics performant sont nombreux. On peut citer entre autres, la diversification des sources de financement de la dette, la réduction du risque de change et la compensation de l'accès limité aux financements extérieurs. Et pour rester en droite ligne avec cette vision, Umoa-titres organise de manière fréquente des sessions de formation et des séminaires pour renforcer les capacités techniques des gestionnaires de la dette et appuie les Etats à concevoir, mettre en œuvre et réviser leurs stratégies de gestion de la dette. Umoa-titres ne manque pas l’occasion d’encourager les Etats à publier des calendriers d'émission, à fournir des informations régulières sur leur situation économique et financière, et à privilégier les émissions par adjudication pour renforcer la crédibilité et la transparence du processus. « La transparence dans la publication périodique des informations économiques et financières de l'Etat renforce la confiance des investisseurs », confirme Arouna Sow.