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Norme communautaire de déficit budgétaire: Le Bénin sous la barre de 3 % avant l’échéance

Economie
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Dans un contexte économique mondial encore fragile, le Bénin réussit l’exploit de ramener son déficit budgétaire à 3 % du PIB dès 2024, un an avant l’échéance fixée par l’UEMOA. Une performance remarquable, saluée comme le fruit d’une gestion budgétaire rigoureuse et d’une croissance économique soutenue.

Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 14 avr. 2025 à 21h13 Durée 3 min.
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Alors que l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) s’était donné jusqu’au 31 décembre 2025 pour revenir au seuil de 3 % du déficit budgétaire par rapport au PIB, conformément aux critères de convergence, le Bénin fait figure de bon élève. Le pays a, en effet, réussi à atteindre cet objectif dès l’année 2024, dans un environnement économique encore marqué par de multiples chocs exogènes.

L’année 2020 a été un tournant pour les économies africaines, à l’image du reste du monde. La pandémie de la Covid-19 a contraint les États à accroître leurs dépenses publiques pour contenir la propagation du virus, renforcer les systèmes de santé, et soutenir les ménages et entreprises durement touchés. Ce contexte a conduit à une détérioration généralisée des soldes budgétaires dans l’espace UEMOA, poussant la Conférence des Chefs d’État à suspendre temporairement les critères de convergence, notamment celui du déficit public.

Le Bénin n’a pas échappé à cette réalité, avec un déficit budgétaire ayant atteint 4,7 % du PIB en 2020. Mais contrairement à de nombreux pays, les autorités béninoises ont su engager rapidement une trajectoire de redressement. Cette rigueur budgétaire s’est accompagnée d’une croissance résiliente, qui s’est établie à 3,8 % en 2020 — jugée à l’époque comme l’une des meilleures du continent — puis s’est consolidée dès 2021, avec un bond impressionnant de 7,2 %.

Consolidation budgétaire exemplaire

Entre 2020 et 2023, le gouvernement béninois a mis en œuvre une stratégie budgétaire disciplinée, combinant une mobilisation accrue des recettes fiscales et une rationalisation des dépenses. Le déficit a ainsi été progressivement réduit : 4,1 % du PIB en 2023, avant d’atteindre la cible tant convoitée de 3 % en 2024, soit une année avant l’échéance fixée par l’UEMOA.

Cette consolidation ne s’est pas faite au détriment de l’activité économique. Bien au contraire, l’année 2024 a vu le Bénin enregistrer un taux de croissance de 7,5 %, le plus élevé depuis plus de deux décennies. Une performance remarquable qui illustre la solidité des fondamentaux économiques du pays et la pertinence des politiques mises en œuvre.

« Les autorités ont convergé vers la norme de déficit budgétaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) de 3 % du PIB en 2024, soit un an avant la date prévue dans le calendrier du programme. Conformément à leur loi de finances 2025, les autorités maintiendront le déficit budgétaire global en deçà de 3 % du PIB. La poursuite des efforts de mobilisation des recettes (en s’appuyant sur la stratégie de mobilisation des recettes à moyen terme des autorités) créera un espace pour augmenter les dépenses sociales dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’assistance sociale », a indiqué la délégation du FMI conduite par Frédéric Lambert, au terme de sa sixième revue au titre du Mécanisme élargi de crédit et de la Facilité élargie de crédit, et de la troisième revue au titre de la Facilité pour la résilience et la durabilité.

Le retour à l’équilibre budgétaire est le fruit d’un ensemble de réformes profondes et cohérentes, initiées à travers les différents Programmes d’actions du gouvernement (PAG). Ces réformes ont porté aussi bien sur l’élargissement de l’assiette fiscale, la modernisation de l’administration publique que sur une meilleure priorisation des investissements publics.

L’État a su allier discipline budgétaire et stimulation de la croissance, en investissant dans les infrastructures, l’énergie, l’agriculture et le numérique, tout en maintenant un cadre macroéconomique stable. Ce modèle de gestion publique s’est traduit par une amélioration continue de la notation du Bénin sur les marchés financiers et une attractivité croissante pour les investisseurs.

Une référence dans la sous-région

Le cas béninois est aujourd’hui cité en exemple dans la sous-région. Alors que de nombreux pays de l’UEMOA peinent encore à contenir leur déficit public, le Bénin affiche une gestion vertueuse des finances publiques et un dynamisme économique impressionnant.

Cette réussite témoigne non seulement de la capacité du pays à surmonter les crises, mais aussi de la maturité de sa gouvernance économique. Elle ouvre la voie à une plus grande marge de manœuvre pour les investissements futurs et renforce la crédibilité du Bénin sur la scène régionale et internationale.