La Nation Bénin...
En
combinant innovation, collaboration et investissements ciblés, le port de
Cotonou s’inscrit dans une dynamique de transformation visant à redéfinir son
rôle dans le commerce mondial. Un panel consacré aux défis et opportunités a
permis de tracer une feuille de route ambitieuse pour ce pilier de l’économie
béninoise.
Le
port de Cotonou nourrit l’ambition de devenir un hub stratégique en Afrique de
l’Ouest, à l’image du succès des ports de Tanger Med, Djibouti et Port-Saïd.
Depuis 2018, sa gestion est confiée au Port d’Anvers-Bruges International
(Pai), une collaboration qui a permis des avancées significatives en termes
d’accès nautique et de compétitivité.
«
Notre objectif est de créer un port performant, connecté et capable de relever
les défis de demain », a déclaré Kristof Waterschoot, directeur général du Pai,
lors du panel consacré aux défis et aux opportunités du port face aux enjeux de
la mondialisation et des nouvelles technologies, à l’occasion de ses 60 ans
d’existence. Il a souligné la nécessité d’intégrer une vision « SmartPort » en
s’appuyant sur des technologies de pointe et les meilleures pratiques
internationales. Il s’agit de « transformer notre modèle traditionnel pour
adopter une approche digitale et durable, tout en capitalisant sur nos atouts
géographiques et infrastructurels», a-t-il ajouté.
La
numérisation des activités constitue un pilier central de cette transformation.
Emile Tchabi, chef du département Système d’information portuaire, a expliqué
comment les nouvelles technologies contribuent à optimiser les opérations,
réduisant notamment les délais de traitement des marchandises. Grâce aux
systèmes informatiques déployés, le temps moyen de passage des conteneurs est
désormais de dix jours, une nette amélioration par rapport aux standards
précédents, a-t-il souligné.
Des investissements stratégiques
Fabrice
Ture, directeur général de Bénin Terminal, a mis en avant les investissements
en cours, qui visent à moderniser les infrastructures portuaires. Ces
initiatives incluent la capacité à accueillir des navires de grande taille,
pouvant atteindre 400 mètre de long, ainsi que le développement de zones
logistiques modernes. « Ces efforts sont essentiels pour répondre à la
croissance des échanges et renforcer notre compétitivité régionale », a-t-il
affirmé.
Dans
le cadre du Plan directeur 2021-2026, un programme d’investissement de 461,6
millions d’euros (302,8 milliards F Cfa) porte sur douze projets destinés à
augmenter la capacité du port à plus de 20 millions de tonnes, à réduire les
délais d’attente des navires et des camions, à moderniser les infrastructures
obsolètes, ainsi qu’à maintenir le rôle du port de Cotonou comme port de
transit clé pour le Niger, le Burkina Faso et le Mali.
La
transformation du port repose également sur une gouvernance participative
impliquant tous les acteurs portuaires, des autorités aux concessionnaires en
passant par les utilisateurs. Kristof Waterschoot a insisté sur la cocréation
de solutions adaptées au contexte local pour garantir une transition
harmonieuse vers un écosystème digital. « Impliquer tous les acteurs est
essentiel pour assurer une gouvernance efficace et une transformation réussie
», a-t-il souligné.
Par ailleurs, la sécurité des informations et la gestion des risques apparaissent comme des enjeux cruciaux. L’interopérabilité des technologies et le développement des compétences locales sont aussi identifiés comme des leviers clés pour garantir la compétitivité du port dans un environnement en constante mutation.
Poumon de l’économie nationale
Considéré comme le « poumon de l’économie nationale », le port de Cotonou gère 49 % d’import-export pour le Bénin, desservant ainsi 90 % du commerce international du pays. En 2022, il a traité 12 millions de tonnes de marchandises, avec 49 % du trafic de transit dirigé vers l’hinterland, notamment le Niger, le Burkina Faso et le Mali, et le Nigeria. Selon les projections, le trafic devrait atteindre 23 millions de tonnes d’ici 2038, renforçant ainsi la position stratégique du port au service de 100 millions de consommateurs.