La Nation Bénin...
Portée par la stabilité des prix des services de
restauration et le ralentissement des coûts du logement, l’inflation au Bénin
recule, confirmant une tendance plus favorable que celle observée dans certains
pays voisins.
Dans un contexte économique régional encore marqué par des tensions sur les prix des denrées alimentaires, le Bénin affiche une évolution modérée de son inflation. Selon le récent rapport de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (Bceao) sur la politique monétaire, le pays enregistre un taux d’inflation de 0,5 %, en glissement annuel, contre 0,8 % au trimestre précédent. Un recul de 0,3 point de pourcentage qui confirme la résilience de l’économie béninoise face à la volatilité des prix. Au niveau de l’Union, l’inflation harmonisée, calculée avec le nouvel indice Ihpc entré en vigueur en janvier 2025, s’établit à 2,3 %, contre 2,9 % un trimestre plus tôt. Une décélération qui s’explique principalement par la baisse des prix observée dans les composantes « Restaurants et Hôtels » et « Logement ». Dans cette dynamique, le Bénin se distingue par la stabilité des coûts des services de restauration (+0,0 % contre +3,0 % le trimestre précédent), contrastant fortement avec la situation au Niger où ces tarifs chutent de -16 % après un pic impressionnant de +43,1 %. Au Sénégal, la tendance est également à l’apaisement (+1,9 % contre +2,2 %), tandis qu’en Côte d’Ivoire, une baisse de -1,4 % est enregistrée sur la même période.
Sur le volet du logement, autre composante clé de l’inflation, les tarifs au Bénin se replient de -3,7 %, après une hausse de +1,3 % fin 2024. Cette évolution s’aligne sur celle constatée au Burkina Faso (-9,8 %) et en Guinée-Bissau (-9,7 %), tous deux bénéficiant d’une baisse marquée des prix des services d’entretien du logement. En Côte d’Ivoire, la progression des coûts liés au logement est quasi nulle (+0,1 % contre +6,6 %), confirmant un ralentissement généralisé dans l’Union. Cependant, la stabilité des prix dans ces secteurs au Bénin contraste avec une légère pression observée sur les produits énergétiques. L’actualisation du mécanisme de tarification à la pompe, en vigueur le 1er janvier 2025, a entraîné une hausse modérée de +2,2 % du prix de l’essence et de +2,9 % pour le gasoil. Ce relèvement a limité le repli global de l’inflation, alors que la plupart des autres pays de l’Union ont maintenu des prix de carburant stables.
Inflation maîtrisée, compétitivité préservée
Malgré cette pression observée sur les produits
énergétiques, le Bénin tire parti de la dynamique régionale favorable sur la
compétitivité-prix. Au premier trimestre 2025, le Taux de change effectif réel
(Tcer) de l’Uemoa s’est replié de 1,3 % par rapport à la même période l’an
dernier, traduisant un gain de compétitivité grâce à un différentiel
d’inflation favorable de 3,8 points de pourcentage. Ce gain est toutefois
tempéré par une appréciation du taux de change effectif nominal de 2,5 %. Selon
la Bceao, cette évolution reste globalement en ligne avec les fondamentaux
économiques, confirmant l’absence de mésalignement majeur. Dans l’ensemble de
l’Union, les prix des produits alimentaires demeurent le principal facteur de
tension. La hausse de +5,2 % des prix des denrées au premier trimestre, contre
+3,8 % fin 2024, est portée par l’augmentation des prix des huiles, des
tubercules et des légumes. Cette poussée est toutefois atténuée par la nette
décélération des prix des céréales, passée de +9,5 % à +2,1 % grâce à une
meilleure offre sur les marchés locaux.
L’analyse détaillée par pays révèle des trajectoires contrastées. Tandis que le Bénin et la Côte d’Ivoire affichent une inflation sous contrôle, d’autres économies subissent des tensions persistantes. Le Mali enregistre une forte hausse (+8,5 % contre +5,5 %), notamment sous l’effet du renchérissement des denrées de base. La Guinée-Bissau (+6,1 %) et le Niger (+4, %) restent également exposés, malgré un repli par rapport à leurs pics précédents. La diffusion de la hausse des prix s’est néanmoins réduite, signe d’un apaisement progressif. En mars 2025, seulement 12,4 % des produits affichaient des progressions supérieures à 3 %, contre 27 % en décembre 2024. Dans ce contexte, la bonne tenue de l’inflation sous-jacente dans l’Uemoa (+1,3 % contre +2 % précédemment) est une autre source de satisfaction. Cette baisse est notamment due à la détente des prix de certains produits alimentaires transformés et à la stabilité des tarifs des services de restauration et de logement, comme le montre la situation au Bénin. Face à ces indicateurs, il faut rester attentif aux signaux de la Bceao, qui continue d’adapter sa politique monétaire pour contenir les risques inflationnistes tout en soutenant la compétitivité de l’économie régionale.