La Nation Bénin...
Le
gouvernement ne baisse pas les bras dans le contrôle et l’encadrement de la
collecte de l’épargne publique au Bénin. Dans ce sens, il vient de sortir la
liste actualisée des institutions de microfinance agréées sur le territoire
national.
L’Agence
nationale de surveillance des systèmes financiers décentralisés (Anssfd),
structure sous tutelle du ministère de l’Economie et des Finances, a actualisé au
30 avril 2024 la liste des institutions de microfinance homologuées en
République du Bénin. Il s’agit de 106 structures financières décentralisées qui
peuvent désormais opérer en toute légalité sur le territoire national. Parmi
ces 106 institutions, on note 80 coopératives, 16 associations, neuf sociétés
anonymes et une société à responsabilité limitée (Sarl). On remarque également
sur cette liste que certaines institutions disposent de plusieurs agréments
selon les localités dans lesquelles elles sont implantées. C’est le cas des
Caisses locales de crédit agricole mutuel (Clcam) qui ont 13 agréments, des
Caisses villageoises d’épargne et de crédit autogérées (Caveca) qui en comptent
huit et des Caisses rurales d’épargne et prêt (Crep) qui ont également 13
agréments. Comparativement à la dernière liste publiée en février 2023,
certaines structures ont changé de forme juridique et cinq autres se sont
ajoutées à la liste.
Avec
cette publication, les populations doivent savoir à quoi s’en tenir désormais pour
éviter les pièges des personnes malintentionnées qui opèrent sous la couverture
de structures n’ayant aucune existence légale. Plusieurs personnes en ont fait
les frais ces dernières années et des dossiers sont encore pendants devant la
Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) qui
connait désormais des infractions liées aux crimes économiques. Généralement,
le mode de fonctionnement de ces pseudos structures est le placement d’argent
suivant l’échelle de Ponzi. Une manœuvre qui consiste à mettre en place un
système d’investissement pyramidal dans lequel la rémunération des premiers
participants est assurée par les mises des nouveaux arrivants jusqu’à ce que le
mécanisme s’effondre de lui-même faute de nouveaux déposants.
A l’abri des pièges
Les pauvres populations sont appâtées par des taux mirobolants dont les ristournes ne viendront jamais. L’autre mode de collecte illégale de l’épargne publique est la fameuse tontine ‘’Adogbè’’ qui consiste à collecter l’épargne chez les populations et à rembourser à la fin de l’année par des produits vivriers, boissons et certains gadgets pour la fête. C’est au moment du remboursement que l’escroquerie se révèle au grand jour. Face à la difficulté de remboursement et pour échapper à la colère des déposants, certains responsables se volatilisent dans la nature puisqu’ils ne sont plus en possession des sous collectés qui ont été détournés à d’autres fins, laissant ainsi les pauvres déposants dans le désarroi. Ceux qui ont le courage de faire face à la situation modifient les règles du remboursement et proposent des taux ou des produits qui ne sont pas à la hauteur du montant déposé par les citoyens. Ce système de collecte continue d’avoir pignon sur rue malgré son interdiction par le gouvernement en mars 2022. Les promoteurs qui sont des personnes morales ou physiques passent de maison en maison, boutique en boutique pour collecter l’épargne chez les paisibles populations qui se rendent compte de l’escroquerie souvent tard. Pourtant, le gouvernement, dans l'arrêté interministériel d’interdiction a rappelé à toute personne physique ou morale désirant exercer l’activité de collecte d’épargne, sous quelque forme que ce soit sur le territoire national, de se conformer aux dispositions de l’article 7 de la loi n°2012-14 du 21 mars 2012 portant réglementation des systèmes financiers décentralisés en République du Bénin. Même s’il faut reconnaitre que cette tontine apporte un soulagement aux populations en période de fête, il faut retenir qu’il n’est pas autorisé de collecter de l’épargne en République du Bénin sans agrément préalable. C’est à juste titre que l’Etat intervient pour contrôler et encadrer le système afin de prévenir les dérives. Il importe de mettre en place un système de veille permanent pour suivre de près le respect scrupuleux de cette décision. Ce qui permettra de dénicher et de punir avec la dernière rigueur ceux qui continuent de mener illégalement l’activité.