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Transition énergétique en milieu rural: Les foyers de cuisson améliorés réduisent les émissions de CO2

Economie
L’usage de coques de palmistes, une biomasse locale, permet une réduction significative des émissions de CO2 L’usage de coques de palmistes, une biomasse locale, permet une réduction significative des émissions de CO2

La transition vers des foyers de cuisson améliorés et l’utilisation de combustibles écologiques représentent une solution prometteuse pour réduire les émissions de CO2 en milieu rural au Bénin. Une étude menée par des chercheurs de l’université d’Abomey-Calavi encourage le développement et l’adoption de ces technologies au détriment des feux de bois.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 06 mars 2025 à 06h38 Durée 3 min.
#foyers de cuisson #feux de bois #milieu rural

La combustion du bois de feu, utilisé par plus de 90 % des ménages ruraux au Bénin, constitue une source majeure de pollution et un facteur clé de déforestation. Pour lutter contre le phénomène, une étude récente des chercheurs de l’université d’Abomey-Calavi évalue l’impact de l’utilisation des foyers de cuisson améliorés alimentés par des combustibles écologiques, notamment les coques de palmistes, sur les émissions de gaz à effet de serre en milieu rural au Bénin.

Cette étude, publiée dans la Revue d’analyse des politiques économiques et financières (Rapef, Vol. 7, décembre 2024), a été menée par Corinne Bangami Daraté, Albert N’lédji Honlonkou et Charlemagne Babatoundé Igué auprès de 531 ménages ruraux béninois. Ces chercheurs ont utilisé la méthode des « Effets du traitement à valeurs multiples», pour évaluer plus précisément les impacts des différents combustibles sur les émissions de dioxyde de carbone (CO2).

Les résultats révèlent des différences notables dans les émissions de CO2 en fonction des combustibles utilisés. L’usage de coques de palmistes, une biomasse locale, permet une réduction significative des émissions de CO2, jusqu’à 351,046 ppm (partie par million) par rapport au bois de feu et au charbon de bois. En effet, comparée au bois de feu, la combustion des coques de palmistes se fait à une température plus basse et à un rythme plus lent, ce qui limite la production de CO2. Ces résultats soulignent l’importance de promouvoir des alternatives écologiques dans les pratiques de cuisson quotidiennes.

Charbon de bois, toujours problématique

L’étude compare également les émissions de CO2 entre le bois de feu et le charbon de bois. Bien que le charbon de bois génère moins de CO2, sa production par pyrolyse reste énergivore et polluante. Le processus de pyrolyse, qui transforme le bois en charbon, élimine une grande partie des composés volatils, mais laisse un produit plus riche en carbone qui brûle de manière plus efficace et propre. Toutefois, l’impact environnemental de cette méthode de production reste problématique, d’où l'intérêt de privilégier des alternatives comme les coques de palmistes, qui n’entraînent pas la déforestation.

Au-delà des combustibles, l’étude montre que les foyers de cuisson améliorés jouent également un rôle crucial dans la réduction des émissions de CO2. Ces foyers, conçus pour optimiser la combustion, permettent de brûler les combustibles de manière plus efficace, limitant ainsi la libération de polluants dans l’air. En comparaison, les foyers traditionnels, utilisés par la majorité des ménages, sont bien moins performants en termes d’efficacité énergétique, ce qui entraîne des émissions plus élevées. La transition vers des foyers améliorés apparaît donc comme un levier essentiel pour réduire la pollution de l’air en milieu rural.

Stratégies pour l’avenir

L’étude montre qu'une approche intégrée, combinant l'utilisation de foyers de cuisson améliorés et de combustibles écologiques, pourrait permettre de limiter les émissions de CO2 en milieu rural au Bénin. Cependant, pour que cette transition soit efficace, plusieurs mesures doivent être mises en place. Il s’agit notamment de promouvoir le reboisement des palmiers pour assurer une production durable des coques, d’encourager l’adoption de foyers adaptés aux pratiques culinaires locales et de rendre les combustibles polluants, comme le bois de feu, moins accessibles par des ajustements fiscaux.

Pour accélérer cette transition énergétique, les auteurs de l’étude préconisent également des investissements publics et privés dans la recherche et le développement de technologies de cuisson propres. Des programmes de sensibilisation et d'éducation sont nécessaires pour informer les populations rurales des avantages de ces technologies et des risques liés à la pollution de l'air. La mise en place de ces stratégies permettrait non seulement de préserver les ressources forestières, mais aussi de contribuer à la lutte contre le changement climatique.

En encourageant le développement des foyers de cuisson améliorés et l’adoption de combustibles plus écologiques, tout en menant des actions de sensibilisation et en soutenant les initiatives de reboisement, il est possible de limiter l’impact environnemental de la cuisson tout en améliorant la qualité de l’air et la santé publique dans ces communautés rurales.