La Nation Bénin...
La
transition vers des foyers de cuisson améliorés et l’utilisation de
combustibles écologiques représentent une solution prometteuse pour réduire les
émissions de CO2 en milieu rural au Bénin. Une étude menée par des chercheurs
de l’université d’Abomey-Calavi encourage le développement et l’adoption de ces
technologies au détriment des feux de bois.
La
combustion du bois de feu, utilisé par plus de 90 % des ménages ruraux au
Bénin, constitue une source majeure de pollution et un facteur clé de
déforestation. Pour lutter contre le phénomène, une étude récente des
chercheurs de l’université d’Abomey-Calavi évalue l’impact de l’utilisation des
foyers de cuisson améliorés alimentés par des combustibles écologiques,
notamment les coques de palmistes, sur les émissions de gaz à effet de serre en
milieu rural au Bénin.
Cette
étude, publiée dans la Revue d’analyse des politiques économiques et
financières (Rapef, Vol. 7, décembre 2024), a été menée par Corinne Bangami
Daraté, Albert N’lédji Honlonkou et Charlemagne Babatoundé Igué auprès de 531
ménages ruraux béninois. Ces chercheurs ont utilisé la méthode des « Effets du
traitement à valeurs multiples», pour évaluer plus précisément les impacts des
différents combustibles sur les émissions de dioxyde de carbone (CO2).
Les résultats révèlent des différences notables dans les émissions de CO2 en fonction des combustibles utilisés. L’usage de coques de palmistes, une biomasse locale, permet une réduction significative des émissions de CO2, jusqu’à 351,046 ppm (partie par million) par rapport au bois de feu et au charbon de bois. En effet, comparée au bois de feu, la combustion des coques de palmistes se fait à une température plus basse et à un rythme plus lent, ce qui limite la production de CO2. Ces résultats soulignent l’importance de promouvoir des alternatives écologiques dans les pratiques de cuisson quotidiennes.
Charbon de bois, toujours problématique
L’étude
compare également les émissions de CO2 entre le bois de feu et le charbon de
bois. Bien que le charbon de bois génère moins de CO2, sa production par
pyrolyse reste énergivore et polluante. Le processus de pyrolyse, qui
transforme le bois en charbon, élimine une grande partie des composés volatils,
mais laisse un produit plus riche en carbone qui brûle de manière plus efficace
et propre. Toutefois, l’impact environnemental de cette méthode de production
reste problématique, d’où l'intérêt de privilégier des alternatives comme les
coques de palmistes, qui n’entraînent pas la déforestation.
Au-delà des combustibles, l’étude montre que les foyers de cuisson améliorés jouent également un rôle crucial dans la réduction des émissions de CO2. Ces foyers, conçus pour optimiser la combustion, permettent de brûler les combustibles de manière plus efficace, limitant ainsi la libération de polluants dans l’air. En comparaison, les foyers traditionnels, utilisés par la majorité des ménages, sont bien moins performants en termes d’efficacité énergétique, ce qui entraîne des émissions plus élevées. La transition vers des foyers améliorés apparaît donc comme un levier essentiel pour réduire la pollution de l’air en milieu rural.
Stratégies pour l’avenir
L’étude
montre qu'une approche intégrée, combinant l'utilisation de foyers de cuisson
améliorés et de combustibles écologiques, pourrait permettre de limiter les
émissions de CO2 en milieu rural au Bénin. Cependant, pour que cette transition
soit efficace, plusieurs mesures doivent être mises en place. Il s’agit
notamment de promouvoir le reboisement des palmiers pour assurer une production
durable des coques, d’encourager l’adoption de foyers adaptés aux pratiques
culinaires locales et de rendre les combustibles polluants, comme le bois de
feu, moins accessibles par des ajustements fiscaux.
Pour
accélérer cette transition énergétique, les auteurs de l’étude préconisent
également des investissements publics et privés dans la recherche et le
développement de technologies de cuisson propres. Des programmes de
sensibilisation et d'éducation sont nécessaires pour informer les populations
rurales des avantages de ces technologies et des risques liés à la pollution de
l'air. La mise en place de ces stratégies permettrait non seulement de
préserver les ressources forestières, mais aussi de contribuer à la lutte
contre le changement climatique.
En encourageant le développement des foyers de cuisson améliorés et l’adoption de combustibles plus écologiques, tout en menant des actions de sensibilisation et en soutenant les initiatives de reboisement, il est possible de limiter l’impact environnemental de la cuisson tout en améliorant la qualité de l’air et la santé publique dans ces communautés rurales.