La Nation Bénin...
Les populations de Grand-Popo, notamment celles situées
au Sud du fleuve Mono, peuvent pousser un ouf de soulagement face aux aléas
climatiques. Autrefois touchées par des inondations dues au débordement du
fleuve et l’érosion de la berge, elles bénéficient désormais d’une
infrastructure permettant d’éliminer ces risques de façon pérenne. Le joyau a
été réceptionné, mardi 5 août 2025, par José Tonato, ministre du Cadre de vie.
Lancés il y a onze mois, les travaux d’aménagement et de
stabilisation de la berge Sud du fleuve Mono ont été réceptionnés mardi
dernier. Ces travaux permettent de réduire de façon pérenne les risques
d'inondation et d’érosion de la berge.
De manière globale, l’entreprise adjudicataire a effectué
le reprofilage de la berge ; l’installation d’un géotextile sous les tapis
d’enrochement ; la stabilisation de la berge par un revêtement en enrochement
pour le tapis de protection inférieur et d’un second revêtement en enrochement
de tapis supérieur; la stabilisation entre les revêtements en enrochement par
un génie végétal, avec la plantation de trois espèces sur une surface de 4,40
ha. D’autres travaux connexes ont été réalisés, tels que la réhabilitation et
l’entretien du temple du 10 janvier ; le reprofilage et la remise à gabarit de
la piste en terre sur une distance de 8,452 km et 500 m de bretelles; la
construction de deux parkings aménagés au niveau du terminus de la piste en
terre côté embouchure et au niveau de l’arrondissement de Avlo et
l’installation de 14 lampadaires solaires modernes dans la zone d’intervention
des travaux.
Pour la mairie de Grand-Popo, c’est un gros soulagement.
Raymond Hounkpatin, premier adjoint au maire de la ville, n’a pas manqué de
dire combien le Conseil communal est heureux de ces réalisations. Bienvenu
Milohin, préfet du département du Mono, s’est également réjoui de cet
aboutissement qui, dit-il, est pour lui l’accomplissement d’un vœu personnel. «
Je rappelle que j'ai pris fonction le 3 juin 2021, à un moment fort où
l'inondation frappait durement tout le département, avec la fermeture en cette
époque de l'embouchure. J'avais pris sur moi le risque de dire que sous moi, le
Mono ne connaîtra plus d'inondation. Monsieur le ministre, avec votre
bénédiction, l'architecte infatigable que vous êtes et le dispositif
opérationnel que vous avez mis en place depuis ce moment, le Mono n'a plus
jamais connu d'inondation », a déclaré le préfet.
José Didier Tonato, ministre du Cadre de vie, a aussi
salué l’aboutissement des travaux permettant de sauver cet écosystème autrefois
menacé de disparition. Le coût des travaux est estimé à 400 millions de francs
Cfa, décaissés par le gouvernement, la Banque mondials et le Fonds nordique de
développement. Le ministre exhorte le Conseil communal et les populations à
faire bon usage des infrastructures réalisées. Pour cela, il annonce la mise en
place d’un dispositif de suivi. « Il est désormais urgent d'opérationnaliser
entre la mairie de Grand-Popo, la Cellule nationale de Protection et de Gestion
du Littoral, la direction départementale du Cadre de vie et des Transports du
Mono, un dispositif en vue de l'entretien, de la maintenance et de la
surveillance de cet écosystème fragile », a fait savoir José Didier Tonato. Il
ajoute que c'est seulement à ce prix « que nous renforcerons le potentiel en
matière de tourisme, sur la conservation de la biodiversité et l'enracinement
de la célébration de notre culture ».
Finies les inondations
Depuis plusieurs années, les berges du fleuve Mono sont
soumises à une forte érosion à la fois marine et fluviale au niveau du village
de Gbêkon et de la place du 10 janvier, situés dans la commune de Grand-Popo.
Au niveau fluvial, l’érosion se matérialise par un
creusement de la plage au droit du coude du fleuve Mono en raison d’une
modification des comportements hydrauliques du fleuve, partiellement influencés
par le barrage de Nangbéto construit en 1987 sur le Mono.
Au niveau marin, l’érosion de la côte béninoise est un
phénomène de longue date causé par des actions humaines et naturelles, qui
s’accentue sous l’effet du changement climatique et cause des dégâts
irrémédiables aux populations établies sur la côte. Ces deux actions conjuguées
présentaient un risque accru d’ouverture d’une nouvelle brèche de l’embouchure
à Gbèkon et menacent considérablement le maintien du cordon dunaire qui relie,
par la route, Grand-Popo aux villages de Gbeffa, Allongo et Avlo Houta.
L’ouverture d’une telle brèche à Gbèkon entrainerait des impacts
socioéconomiques très négatifs pour les populations résidentes des villages se
trouvant à l’est de celle-ci. Elle causerait la disparition de la place du 10
janvier, haut lieu du culte vodun au Bénin, qui abrite des divinités
ancestrales.
Afin d’empêcher la destruction du cordon sableux et tous
les impacts négatifs qui pourraient en découler, le gouvernement du Bénin a dû
intervenir en urgence en 2019-2020 pour renforcer la berge sud du Mono alors
fortement érodée à la suite de la crue annuelle du Mono. Les travaux d’urgence
ont permis de draguer et de stabiliser la berge par la mise en place de profil
de plage d’une largeur de 150 m sur 700 m de longueur de la berge et la mise en
place d’une digue de sable au nord de la route pour convertir les eaux de
ruissellement des eaux pluviales et de submersion marine, qui participent des
processus érosifs en eaux d’infiltration.
L’érosion a été ralentie mais le risque qu’elle reprenne
et se poursuive est réel. Pour cette raison, le ministre du Cadre de vie a
engagé début 2021, la réalisation des études de faisabilité techniques et la
réalisation des travaux de façon plus pérenne à travers le projet de travaux
d’aménagement et de stabilisation de la berge sud du fleuve Mono à Gbêkon, dans
la commune de Grand-Popo.
Le projet s’inscrit dans le cadre plus vaste du Plan multisectoriel pour l'adaptation aux risques côtiers face aux changements climatiques au Bénin (Pims) et est en cohérence avec les objectifs du Programme d’action du gouvernement 2021-2026 et les politiques et programmes régionaux.
Vue partielle des travaux réalisés sur la berge Sud du fleuve Mono