La Nation Bénin...
Le
Bénin travaille à développer le transport fluvio-lagunaire, pour faciliter la
mobilité urbaine. Ce type de transport regorge d'avantages pour les populations
et contribue à la réduction de la pollution atmosphérique. Il s’agit d’une
initiative à pérenniser dans le cadre des actions climatiques.
Le
projet de transport fluvio-lagunaire sera une réalité. L’initiative tend à voir
le jour, au regard des enjeux climatiques et de développement. En annonçant ce
mode de transport lors du Conseil des ministres du 28 février 2024, le
gouvernement a initié le Projet d’aménagement et de réhabilitation du lac
Nokoué et de la lagune de Porto-Novo. Un projet multisectoriel à fort impact
environnemental et social, indique le relevé du Conseil des ministres, dont le
plan d’action prévoit le développement du transport fluvio-lacustre et
lagunaire, le développement et la valorisation des berges et bas-fonds, la
promotion des filières halieutiques, de l’écologie et du tourisme. Au terme des
études réalisées, il a été retenu de soumettre au financement de la coopération
néerlandaise qui accompagne le gouvernement, le projet prioritaire
d’assainissement et de valorisation des plans d’eau, berges et bas-fonds du
Grand Nokoué, incluant le segment de la lagune de Djonou au lac Toho à Pahou,
pour le développement du transport fluvio-lagunaire. Le développement de ce
type de transport permettra au Bénin de rejoindre d’autres villes de l’Afrique
en matière de transport fluvial pour décongestionner les artères aux heures de
pointe.
Dans sa thèse intitulée ‘’La mobilité dans le complexe fluvio-lagunaire de la basse vallée de l'Ouémé au Bénin, en Afrique de l'Ouest’’, soutenue en 2013, Université d'Abomey-Calavi (Bénin), Anani Lazare Sossou-Agbo fait savoir que la mobilité fluvio-lagunaire est l'un des modes de contact avec l'extérieur des populations de la basse vallée de l'Ouémé et de ses zones inondables. C'est un complexe composé d'un fleuve, d'une rivière, d'un lac et d'une lagune reliés les uns aux autres par des chenaux et qui communiquent avec l'océan Atlantique. Il renseigne que le transport fluvial a été longtemps utilisé comme voie de pénétration des territoires. Il mérite aujourd'hui une attention en tant que future voie de développement des communes et voie de l'avenir dans le transport des biens et des personnes au Bénin, a-t-il suggéré.
Ce type de transport est bien possible, rassure Alain Tossounon, président du Réseau des acteurs des médias pour l’environnement et le climat (Ramec). Il y a des possibilités de transport fluvio-lagunaire au niveau du fleuve Ouémé, des lacs Ahémé et Nokoué et de la lagune de Porto-Novo, renseigne-t-il. Il fait constater que ce type de transport est même utilisé pour le trafic de l’essence frelatée en provenance du Nigeria. Il constitue, selon ses dires, une opportunité avec comme moyen de transport les bateaux-bus qui sont utilisés ailleurs. Des pirogues sans ou avec moteur en vogue par exemple en Côte d’Ivoire où il s’est beaucoup développé.
Les approches pour sa durabilité
« C’est un projet que nous avons appelé de tous nos vœux depuis plusieurs années. On estime que quand on quitte Calavi, on peut directement rallier le marché Dantokpa, c’est la même chose que quand on vient de Porto-Novo, rapidement on peut rallier le marché Dantokpa. Il y a que le développement de ce type de transport permettra de désengorger la ville et d’améliorer la mobilité au niveau de Cotonou. Seulement qu’il y a au niveau de ces plans d’eau, le phénomène des ‘’Acadjas’’ qu’il faut absolument dégager des voies navigables pour permettre le passage des bateaux-bus qui vont se charger des transports aussi bien des personnes que des marchandises », détaille Alain Tossounon. Le transport fluvio-lagunaire facilite la mobilité urbaine en réduisant les embouteillages au niveau des artères de la ville. Il y aura moins de pollution atmosphérique liée à la fumée des gaz d’échappement. L’indice de la qualité de l’air, selon le président du Ramec, n’est pas bon même s’il n’est pas alarmant.
Comme approche pour rendre durable ce projet, Alain Tossounon suggère que le coût sur la voie navigable soit inférieur à celui du transport routier. C’est la condition pour attirer plus de monde et continuer à désengorger la ville de Cotonou. Il faut alors jouer sur le coût du transport et développer la même stratégie par rapport aux marchandises pour que la bonne dame ne soit pas obligée de passer par la route avec toute sa marchandise avant d’arriver au marché. Il conseille, une fois ledit projet à portée de main, de l’expérimenter au lieu de se retrouver seul dans une voiture pour traverser la ville de Cotonou. « C’est un type de transport qu’il faut de temps en temps utiliser pour venir travailler et repartir quand on n’a pas beaucoup de courses en ville. On ne doit privilégier la voiture que lorsqu’on a des courses à faire au cours d’une journée, si on habite Calavi pour venir travailler à Cotonou comme c’est le cas pour beaucoup. Ce type de transport a des avantages en termes de coût, vu le temps perdu dans les embouteillages et en matière de santé et même pour l’éducation», a précisé A. Tossounon.
En tant que mesure pour l’amélioration du transport des biens et des personnes et de la mobilité urbaine, avec le développement de ce type de transport ajouté à la promotion de l’acquisition des véhicules neufs en cours au Bénin, le pays pourrait réduire la pollution de l’environnement. liée aux véhicules en circulation. Le transport fluvio-lagunaire apparait comme une opportunité pour lutter contre la pollution atmosphérique au niveau de la ville de Cotonou, avec toutes ses conséquences sur la santé des populations. « Si la qualité de l’air est améliorée, on va préserver la santé des populations et au-delà, réduire les risques d’accident vasculaire cérébral. Je pense que ce projet permettra que nous ayons aussi à coup sûr une ville durable avec un pays qui réduit son empreinte écologique. C’est une occasion pour respecter ses engagements par rapport à l’accord de Paris sur le climat. Un tel projet va lutter contre le réchauffement climatique », soutient Alain Tossounon.