La Nation Bénin...
Le gouvernement a rompu le silence sur l’arrestation en
Côte d’Ivoire de Comlan Hugues Sossoukpè. Ce dimanche 20 juillet, Wilfried
Léandre Houngbédji, porte-parole et Secrétaire général adjoint du gouvernement,
s’est exprimé au micro de Bénin Télévision (ex-ORTB), apportant des précisions
et formulant de sévères critiques à l’encontre de l’activiste.
Dès l’entame de son intervention, Wilfried Léandre Houngbédji a remis en cause la qualité même de journaliste attribuée à Comlan Hugues Sossoukpè. Selon lui, l’intéressé ne détient pas la carte de presse délivrée par la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC), document officiel reconnaissant le statut de professionnel des médias. « Il n’est pas journaliste au sens légal du terme », a insisté le porte-parole.
Concernant les faits reprochés à l’activiste, Wilfried Léandre Houngbédji pointe la diffusion répétée d’informations contredites ou démenties, sans que cela ne tempère, selon lui, l’ardeur de Comlan Hugues Sossoukpè. « Ses écrits n’ont épargné ni les autorités publiques ni les particuliers », affirme-t-il, ajoutant que « nous lui devons le respect et la protection de ses droits, mais aussi l’obligation de justifier ses propos ».
Le porte-parole a fermement récusé l’idée que toutes les publications mises en cause relèveraient simplement de la liberté de la presse. « Aucune liberté de presse ne saurait justifier des écrits attentatoires au moral des troupes ou à l’intégrité du pays », a-t-il déclaré. Et de préciser : « Le gouvernement est profondément attaché à la liberté de la presse, mais celle-ci doit s’exercer avec responsabilité ».
Pour Wilfried Léandre Houngbédji, cette responsabilité suppose que « le droit de dire, de prétendre, d’affirmer s’accompagne du devoir d’assumer ou, au minimum, de prouver ses allégations ». Une mise au point visant à distinguer, selon lui, le journalisme responsable des dérives imputées à l’activiste.
Sur les conditions de l’arrestation de Comlan Hugues Sossoukpè à Abidjan, qualifiée d’enlèvement par certains, le porte-parole a livré la version officielle. « J’ai lu qu’il a été interpellé par des agents de police dans le pays où il résidait. Ces derniers l’ont ensuite ramené au Bénin », a-t-il indiqué, préférant parler d’interpellation et non d’enlèvement.
Ramené à Cotonou et placé sous mandat de dépôt, Comlan Hugues Sossoukpè est poursuivi devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). Quatre chefs d’accusation pèsent sur lui : « incitation à la rébellion », « incitation à la haine et à la violence », « harcèlement par le biais d’une communication électronique » et « apologie du terrorisme ». Le dossier a été renvoyé en instruction afin de permettre la poursuite des investigations.
Par cette sortie, le gouvernement entend clarifier sa
position et rappeler que, selon lui, la liberté d’expression n’exonère pas de
toute responsabilité pénale en cas de propos jugés dangereux pour l’ordre
public.
PRESIDENCE DU BENIN