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Choix du dauphin pour 2026: Casse-tête pour Patrice Talon ou prudence du sage ?

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Patrice Talon, le temps de la décision Patrice Talon, le temps de la décision

Qui succèdera au locataire du palais de la Marina ? Bien malin qui peut répondre à cette question, à un peu moins de deux ans de la fin du second et dernier quinquennat. Le limogeage récent d’un cadre très rapproché, le conseiller spécial Johannes Dagnon dont le nom se susurrait au sein de la mouvance comme un potentiel dauphin, embrouille davantage les pistes. 

Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 22 avr. 2024 à 05h17 Durée 3 min.
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Presque en fin de mandat, Patrice Talon se sépare de certains caciques de son régime. La liste s'allonge notamment avec ce limogeage, pour le moins inattendu, du conseiller spécial Johannes Dagnon, pressenti comme l’un de ses potentiels dauphins, et désormais ex-président du Bureau d’analyse et d’investigations près la présidence de la République. La question qui taraude les esprits au soir de ce mandat et qui devient persistante est celle-ci : qui bénéficiera de la confiance du chef pour la bataille de la présidentielle 2026 ? C’est une évidence que dans tout système démocratique, la neutralité d’un président sortant n’est qu’un leurre. D’ailleurs, Patrice Talon ne s’en cache pas. Il sera « très actif » dans la désignation de son successeur. Et Wilfried Léandre Houngbédji, porte-parole du gouvernement, d’ajouter que l’homme sera candidat « à la préservation de ses acquis ». Mais qui des collaborateurs ou soutiens se montrera digne de cette succession ?

Patrice Talon prend son temps, au point d’agacer certains proches, visiblement impatients de descendre dans l’arène. Mais imperturbable, l’homme tient dur son agenda. Il donne même la preuve qu’il n’hésitera pas à nettoyer son écurie. Qui s’y frottera s’y piquera. Certains ont sans doute compris le message. En dépit des intentions qu’on leur prête, le professeur Joseph Djogbénou, président de l’Union progressiste le renouveau, ou le ministre d’Etat Romuald Wadagni, chargé de l’Economie et des Finances, ont même vivement protesté contre toute suscitation de leur candidature pour la présidentielle 2026. Pourtant, dans les couloirs du pouvoir, ces deux personnalités sont également citées comme de potentiels dauphins. La bataille de la succession entre les acteurs du régime, revendiquant être des soutiens de premier plan, des artisans de l’avènement au pouvoir du locataire du palais de la Marina,  n’a pas encore de vainqueur. Et la mouvance présidentielle pourrait perdre des plumes face à un enjeu de taille comme les élections générales de 2026, dans un contexte où l’opposition ne dort pas sur ses lauriers.

 La carte de la patience

 Pourquoi ne pas aller à l’école du chef ? Qu’est-ce qui presse si tant, quand on sait que la mouvance a une représentativité significative dans l’arène à travers des partis politiques qui ont fait leurs preuves sur l’échiquier national et qui, pour l’heure, peuvent se targuer d’avoir le plus grand nombre de députés et d’élus communaux et locaux. Patrice Talon a été un peu plus clair sur la question relative à sa succession lors d’une rencontre avec les médias : « Oh ! Est-ce qu’on peut prendre le temps de travailler pour le pays et de parler de cette question au moment opportun ? Le moment viendra où cela va être en débat. Je pense que le délai raisonnable, c’est environ six mois avant ». Six mois avant, c’est désormais un délai trop court, notamment avec le vote du nouveau code électoral qui prévoit que les dépôts de candidatures pour la présidentielle 2026 sont attendus six mois avant la date du scrutin. Mais une chose est claire, Talon a son timing et les frondeurs ont plutôt intérêt à contrôler leurs ambitions. Qui pourra être candidat à cette échéance pour le compte de la mouvance sans sa bénédiction, quand on sait qu’il est question de défendre les acquis de son régime ? Et c’est là tout le nœud. Se rebeller contre quelqu’un dont on prétend vouloir consolider les acquis n’est pas très catholique. A l’opposé de l’affront, la sagesse recommande l’art de la négociation. « Que mes amis, mes collaborateurs, mes proches veulent être candidats, c’est légitime. Mais au moment venu, je ferai le choix de celui que je vais soutenir, celui pour qui je vais voter, en regardant l’intérêt de mon pays, mon intérêt en tant que citoyen », a prévenu Patrice Talon. Mieux, il ajoutera : «Je n’ai besoin que personne assure mes arrières. Il faut que le candidat, le bon pour nous tous, soit ce candidat qui sera le meilleur pour le Bénin, qui va être loyal au Bénin et non à Patrice Talon ».