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Chômage des jeunes et inadéquation formation-emploi: Le Conseil économique et social informé des réalités

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Le Conseil économique et social s’imprègne de la situation de l’emploi des jeunes Le Conseil économique et social s’imprègne de la situation de l’emploi des jeunes

Les membres du Conseil économique et social (Ces) ont suivi, ce mercredi 23 juillet à Cotonou, une communication spéciale sur la situation de l’emploi au Bénin. Les débats ont mis en lumière les efforts du gouvernement, les défis persistants du chômage des jeunes et surtout, la nécessité d’adapter la formation aux réalités du marché du travail.

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 24 juil. 2025 à 07h45 Durée 3 min.
#Conseil économique et social (Ces)

La question de l’emploi demeure un enjeu de premier plan. C’est dans cette perspective que les conseillers du Conseil économique et social (Ces) ont tenu ce mercredi 23 juillet à Cotonou, une séance de travail axée sur la problématique de l’emploi, avec un accent particulier sur les jeunes et les femmes. En ouverture, Conrad Gbaguidi, président du Conseil économique et social a rappelé la persistance des inégalités face à l’emploi. « Dans un contexte où la croissance économique ne se traduit pas toujours par une amélioration significative des conditions de vie des populations, la question de l'accès à l'emploi décent, en particulier pour les jeunes et les femmes, demeure un sujet d'enjeu central pour nos politiques publiques », a-t-il rappelé. L’intervention a donc permis de mettre en lumière les efforts du gouvernement en matière de création d’emploi et la Zone industrielle de Glo-Djigbé (Gdiz), un projet phare du Programme d’action du gouvernement. Ce dernier présenté comme un levier stratégique de développement industriel, cristallise de grandes attentes en matière de création d’emplois massifs et durables. Le président du Ces a d’ailleurs insisté sur l’importance d’évaluer objectivement les perspectives offertes par cette zone économique spéciale en matière de profils recherchés, dispositifs d’accompagnement de l’Anpe, défis de l’adéquation formation-emploi… Invité principal de la session, Urbain Stanislas Amègbédji, directeur général de l’Agence nationale pour l’emploi (Anpe), a apporté des éléments factuels sur la situation actuelle. En la matière, il fait savoir que le taux de chômage au Bénin est évalué à 2,3 % et le taux de sous-emploi à 72 %. Des chiffres qui créent souvent la polémique puisque la seconde catégorie est considérée comme taux de chômage par certains. Ce qui n’est pas exact et le directeur général en profite pour clarifier et apporter les éléments adéquats à la compréhension des conseillers. Il a énuméré les mesures actives mises en place par l’État pour corriger le tir : Programme spécial d'insertion dans l’emploi, volontariat, dispositif Azôli, et bien sûr, le recrutement massif dans les industries de la Gdiz.

Réalité 

Malgré ces avancées, des défis subsistent, notamment l’inadéquation entre la formation et les besoins des entreprises. «Les entreprises expriment souvent leur insatisfaction face à la qualité des jeunes diplômés qui leur sont envoyés », a reconnu Urbain Amègbédji. Un autre point soulevé lors des échanges est la faible visibilité des actions gouvernementales. Les conseillers ont apporté leur contribution et exhorté l’Anpe et les ministères concernés à renforcer la communication pour mieux faire connaître les opportunités disponibles aux jeunes en quête d’emploi. Eustache Kotingan, président du Conseil national du patronat du Bénin, a salué la qualité de l’exposé. « En dehors des 4 % d’emplois créés par l’État, 96 % relèvent du secteur privé. Cela montre notre rôle central dans la création d’emplois », a-t-il reconnu. Mais là encore, il a mis l’accent sur la nécessité de revoir les formations proposées en estimant qu’il existe trop de filières aujourd’hui qui ne servent à rien et qu’il faille revoir la donne. Il a notamment défendu l'idée de développer davantage des initiatives pour garantir une alternance entre formation théorique et immersion pratique en entreprise. Pour lui, cela permettrait de former des jeunes directement opérationnels à la sortie de leurs études, notamment dans les secteurs techniques. Cette séance a permis un dialogue enrichissant avec les conseillers sur la question de l’emploi au Bénin. Tous s’accordent sur la nécessité d’améliorer la qualité de la formation, de renforcer l’information sur les dispositifs existants, et de valoriser les secteurs à fort potentiel d’embauche, à l’instar de la Gdiz. Le Conseil économique et social, à travers cette initiative, entend désormais jouer un rôle plus actif dans l’évaluation et la diffusion des politiques publiques d’emploi, en lien étroit avec le gouvernement et les partenaires sociaux. Car au-delà des statistiques, c’est bien l’avenir de la jeunesse qui est en jeu.