La Nation Bénin...
La Cour suprême a organisé, vendredi 18 juillet dernier à
son siège à Porto-Novo, un colloque international sur le thème : « Justice,
Etat de droit et démocratie : regards croisés sur l’œuvre scientifique de
Robert Badinter ». Les échanges de haut niveau, ont été ouverts par le ministre
de la Justice et de la Législation, Yvon Détchénou.
Magistrats, universitaires, avocats, politologues,
responsables institutionnels et autres acteurs du Bénin et de la France se sont
penchés, vendredi 18 juillet dernier, sur l’œuvre scientifique de Robert
Badinter. L’héritage de cette personnalité française, juriste de conviction,
universaliste de grande notoriété, humaniste de renom et défenseur acharné de
l’Etat de droit, était au cœur d’un colloque international organisé par la Cour
suprême à son siège à Porto-Novo.
Pour le président de la Cour suprême, Victor Dassi
Adossou, cette rencontre scientifique n’est pas une occasion d’hommage à rendre
à Robert Badinter. La haute juridiction béninoise n’en a d’ailleurs ni la
légitimité ni la prétention. Ce colloque, selon lui, offre plutôt l’opportunité
d’une conversation de haut niveau autour des idées fortes, des combats et de
l’héritage de celui qui est annoncé pour entrer au panthéon le 9 octobre
prochain, date anniversaire de l’abolition de la peine de mort en France.
L’organisation de ce colloque procède de la nouvelle dynamique de la Cour
suprême qui se doit d’être dans le débat scientifique, dans la réflexion
intellectuelle et prospective au soutien de la consolidation, jour après jour,
du modèle de société voulu par le peuple souverain, a expliqué Victor Dassi
Adossou.
La Cour suprême du Bénin se veut ainsi une juridiction ouverte, héritière de tous les courants de pensée, de toutes les pratiques judiciaires à même de favoriser l’accomplissement efficient de sa mission dans la République et sa contribution dans les espaces d’intégration juridique et judiciaire à l’échelle de l’Afrique et du monde francophone. Le président Adossou reste convaincu, aujourd’hui plus que jamais, que la justice n’est pas seulement une institution. Elle est un idéal, un horizon d’exigence permanent, un pilier sans lequel ni démocratie, ni État de droit ne peuvent tenir. Et en cela, l’œuvre du juriste Robert Badinter, reste un phare pour l’époque actuelle. Il s’agira de questionner, revisiter l’héritage de l’homme notamment sur le plan juridique et sur l’Etat de droit qui ne serait que chimère sans une justice indépendante et efficace. Ce colloque s’inscrit donc dans une dynamique de réflexion profonde et d’engagement institutionnel. Il a invité les animateurs de la haute juridiction à regarder au-delà des frontières, à croiser les perspectives, à enrichir les pratiques.
Pas un colloque d’hommage
A travers ce colloque, la Cour suprême ambitionne aussi
de poser, avec méthode et rigueur, les bases d’un dialogue constructif entre
traditions juridiques et mutations contemporaines, a précisé Victor Dassi
Adossou. « L’enjeu pour nous, est d’inscrire durablement cette initiative dans
la mémoire institutionnelle et universitaire afin de prolonger la réflexion,
d’alimenter la recherche et de diffuser plus largement l’héritage intellectuel
et éthique de Robert Badinter », a souligné le président de la Cour suprême. Il
promet de publier les fruits des échanges. Lesquels ont été meublés de
plusieurs communications portant sur des thèmes comme : « L’exigence d’une
justice équitable » ; « La juridictionnalisation du Conseil constitutionnel » ;
« La peine de mort dans le droit contemporain : enjeux juridiques » et «
L’éthique du juge et le devoir d’ingratitude : entre pesanteurs sociologiques
et indépendance institutionnelle ».
Ouvrant les travaux, le ministre de la Justice et de La
Législation, Yvon Détchénou, a salué l’initiative de ce débat sur l’œuvre
intellectuelle d’un homme qu’il connait peu mais dont la carrière juridique et
le parcours politique sont immenses. Le garde des Sceaux a invité les
animateurs des juridictions africaines à s’inspirer du legs du grand juriste
français.
Pierre Dassoundo Ahiffon, avocat général près le Parquet général de la Cour suprême et président du comité préparatoire et d’organisation de ce colloque, loue aussi les qualités exceptionnelles de Robert Badinter, éminent avocat et grand pénaliste dont les écrits, les paroles et les actes auront marqué de manière durable le champ du droit, de la justice, de la démocratie et des droits de l’homme.
L’œuvre scientifique de Robert Badinter, juriste de grande notoriété, au cœur d’un colloque international organisé par la Cour suprême du Bénin