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Commerce mondial: L’Omc face aux turbulences, l’Afrique à la traîne

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L’Omc met en garde contre les effets déstabilisants des tensions géopolitique et des barrières tarifaires sur les économies à faible revenu L’Omc met en garde contre les effets déstabilisants des tensions géopolitique et des barrières tarifaires sur les économies à faible revenu

L’Organisation mondiale du commerce (Omc) alerte sur les conséquences des nouvelles tensions géopolitiques pour les pays à faible revenu, notamment en Afrique. Dans son rapport annuel 2025, l’institution dirigée par Ngozi Okonjo-Iweala souligne le besoin urgent d’une réforme inclusive. 

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 14 août 2025 à 08h21 Durée 3 min.
#Commerce mondial

Malgré une croissance notable de 2,9 % des échanges et de 6,8 % des services en 2024, le commerce mondial est entré dans une zone de fortes turbulences cette année, révèle le Rapport annuel 2025 de l’Omc. Le système commercial mondial connaît aujourd’hui ses pires perturbations depuis la Seconde Guerre mondiale, selon Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (Omc), reconduite pour un second mandat à compter du 1er septembre prochain.

Déjà marginalisée, l’Afrique pourrait payer le plus lourd tribut de cette fragmentation annoncée. Selon les économistes de l’Omc, le volume du commerce mondial de marchandises devrait se contracter de 0,2 % en 2025, à cause notamment d’une montée des tensions géopolitiques et un regain de protectionnisme.

La réintroduction ou l’augmentation de droits de douane (jusqu’à 25 %) sur certains produits, notamment par les Etats-Unis et les contre-mesures annoncées par l’Union européenne et la Chine bousculent les flux commerciaux mondiaux. 

Si le commerce se fracture selon des lignes géopolitiques, avertit Mme Okonjo-Iweala, les économies à faible revenu subiront les pires pertes en matière de bien-être. Ainsi, la contraction pourrait être encore plus importante : jusqu’à –1,5 % dans un scénario où les tensions douanières s’intensifient. 

Appuis ciblés mais  insuffisants

L’Afrique est en marge du rebond mondial observé. Ses exportations n’ont crû que de 1,3 % et ses importations de 1,8 % en volume en 2024, contre 4,3 % dans le reste du monde (hors commerce intra-européen). Pire, le commerce des services, moteur croissant du commerce mondial, n’a progressé que de 3 % sur le continent contre 9 % au niveau global.

Le rapport de l’Omc souligne également que l’Afrique représente à peine 1,17 % du commerce mondial en 2023, bien que cette part ait doublé depuis 1995. Des chiffres qui indiquent un défi structurel pour le continent.

L’Omc tente de soutenir l’intégration africaine via diverses initiatives. Le programme « Aide pour le commerce » a mobilisé plus de 648 milliards de dollars depuis 2006, dont une part significative a bénéficié à l’Afrique. Le continent a aussi concentré 42 % des participants aux formations de l’Omc en 2024, preuve d’un engagement fort des Etats africains à tirer parti des règles multilatérales.

Le Fonds pour les exportatrices dans l’économie numérique lancé avec le Centre du commerce international, entend aussi appuyer les femmes entrepreneures africaines. Et l’entrée prochaine en vigueur de l’Accord sur les subventions à la pêche, axé sur la durabilité, pourrait bénéficier aux communautés côtières africaines.

Opportunité à saisir

Les pays en Afrique sub saharienne pourraient tirer parti de la dynamique enclenchée autour de l’économie numérique et des services, disposant d’un vivier de petites et moyennes entreprises et de jeunes entrepreneurs qui pourraient bénéficier du futur Accord plurilatéral sur le commerce électronique.

Cet accord soutenu par plus de 70 membres de l’Omc vise à établir un premier cadre de règles mondiales en la matière. Encore faut-il que les États africains s’approprient cet agenda et développent l’infrastructure numérique et réglementaire nécessaire. Le Rapport 2025 indique que le fonds pour les femmes exportatrices a déjà reçu des demandes de Pme africaines.

La participation active des pays africains aux négociations agricoles et sur la facilitation des investissements pourrait également renforcer leur position au sein de l’Omc.

La crise actuelle offre une opportunité pour les membres de l’organisation de s’attaquer enfin à des critiques valables du système commercial, souligne la directrice de l’Omc qui espère que les réformes profondes nécessaires seront opérées pour faciliter le commerce dans le monde et particulièrement en Afrique.