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Développement des monnaies numériques: La cryptomonnaie, l’inattendue révolution

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Les cryptomonnaies sont en vogue, mais vigilance doit être de mise pour éviter des pièges Les cryptomonnaies sont en vogue, mais vigilance doit être de mise pour éviter des pièges

Les cryptomonnaies sont au cœur de l’actualité financière aujourd’hui. Quoiqu’elles engendrent des bénéfices parfois énormes, les utilisateurs sont appelés à faire preuve de prudence pour éviter des surprises désagréables. 

Par   Maryse ASSOGBADJO, le 30 août 2024 à 01h13 Durée 3 min.
#monnaies numériques

Les cryptomonnaies ont actuellement le vent en poupe dans le monde. Les succès en la matière foisonnent tout comme les appels à la vigilance à l'endroit des utilisateurs par les pouvoirs publics. Pour beaucoup, il s’agit d’une révolution dans le domaine de la monnaie.

« Aux yeux des initiateurs de la cryptomonnaie, il est question d’arriver à vite réaliser les transactions et à moindres frais, parce que dans le système classique, il y a des problèmes de délais et de coûts élevés », explique Julien Coomlan Hounkpè, spécialiste du numérique.

Les procédés en la matière contournent ceux des banques. Dans le cas d’espèce, ces monnaies ne font appels ni aux pièces ni aux billets physiques mais fonctionnent sur internet. Encore appelée cybermonnaie, google renseigne que la cryptomonnaie est une monnaie électronique émise de pair à pair, sans nécessité de banque ou de banque centrale, utilisable au moyen d'un réseau informatique décentralisé. 

Abraham Samuel Makponsè, président de l’Ong ‘’Libérons l’Afrique et le monde’’ et Pdg de la société Alpha Oméga Global basée en Estonie et aux Etats-Unis, voit dans la cryptomonnaie un instrument de décolonisation et de souveraineté. « Par sa technologie blockchain, elle remplace la monnaie fiduciaire afin que le pouvoir de décision monétaire, financière et économique soit remis au peuple et non plus à l’élite centraliste. La cryptomonnaie libère les peuples de la colonisation et de la domination monétaire », soutient-il.

Qui ne risque rien n’a rien

Les utilisateurs sont unanimes sur ses avantages. « Reconnaissons aujourd’hui, que le ‘’e.commerce’’ simplifie la vie à plusieurs personnes. Sur le net, les marchés se créent et se développent. C’est pour simplifier la tâche aux gens que les cryptomonnaies sont créées. Elles facilitent les transactions à coûts réduits, sans nécessité de recourir à un intermédiaire », apprécie Raoul Bada, ancien trésorier national de Pi Network au Bénin, premier responsable de Pi fondation dans le département de l’Ouémé.

Le bitcoin fait partie des toutes premières cryptomonnaies. Il est très en vue. « Cette monnaie, tout comme les autres, facilite les achats et les ventes en ligne. Avec les cryptomonnaies, le numérique tend à prendre la place du fiduciaire dans tous les domaines », poursuit-il.

La philosophie qui guide les utilisateurs est claire : qui ne risque rien n’a rien. Pour eux, il y a plus de peur que de mal à s’investir dans la cybermonnaie. Avec la cryptomonnaie, les transactions bancaires ne sont plus indispensables, la banque physique devient numérique, car les processus d'émission et de règlement des transactions ne font plus appel à un intermédiaire humain, mais dépendent parfois d'un système de blockchain très consommateur de ressources informatiques et énergétiques et sont sensibles à une forte volatilité des cours.

L’internet souligne que les cryptomonnaies sont des actifs numériques virtuels reposant sur la technologie de la blockchain (chaine de bloc) qui se fait à travers un registre décentralisé et un protocole informatique crypté sur la base d’actifs numériques virtuels. Cette technologie permet aux gens de faire des transactions dans le monde en toute confiance. La blockchain est un système qui s’auto-régule et qui favorise la traçabilité, la confidentialité et la confiance entre utilisateurs.

« Je peux vous envoyer de la valeur sans jamais vous rencontrer et vous allez recevoir cette valeur, parce que chaque transaction est suivie d’un code. Il suffit d’aller sur le réseau de cette cryptomonnaie et de vérifier la validité de la transaction. Chaque transaction est validée par plusieurs ordinateurs qu’on appelle ‘’des mineurs ». C’est pourquoi, la présence d’une autorité (ndlr : de régulation) n’est pas indispensable», explique Clément Acclassato, directeur national de la fondation ‘’Yem’’.

Les utilisateurs de la cybermonnaie n’ont d’yeux que pour les intérêts qu’ils engrangent. C’est le cas de Raoul Bada, qui ne voit rien d’autre que la magie qui s’opère derrière la cryptomonnaie. Il la conçoit d’ailleurs comme un instrument de développement. «La monnaie numérique se crée directement sur les téléphones portables qu’aucune personne ne peut contrôler. Les transactions sont très aisées. La cybermonnaie règle un problème d’injustice monétaire sur le plan mondial. La cryptomonnaie garde les mêmes valeurs dans tous les pays. Ça permettra aussi à l’Afrique de se développer », apprécie le premier responsable de Pi fondation dans le département de l’Ouémé.

Pour autant, les cryptomonnaies sont-elles sans risque zéro ? L’alerte du ministère de l’Economie et des Finances en août 2023 renseigne bien à propos: «Les investissements dans les cryptomonnaies exposent les populations à de nombreux risques». Le communiqué du ministère invite les populations à faire preuve de vigilance pour ne «pas succomber aux promesses de gains mirobolants des publicités».

Cohabitation du faux et du vrai

Mais l’ancien trésorier national de Pi au Bénin ne voit pas les choses sous cet angle. Il tente de relativiser. « Aucune œuvre humaine n’est sans risque. Même les institutions bancaires enregistrent des risques. La cryptomonnaie connait aussi des fluctuations en fonction des cours du marché. Dans ce domaine, on enregistre beaucoup de créations de cryptomonnaies dont des fictives. Là où il y a le vrai, il peut y avoir aussi le faux. Il y en a qui font miroiter des gains mirobolants juste pour appâter les détenteurs. Tous ne sont pas de bonne foi », nuance-t-il.

Clément Acclassato, directeur national de la fondation ‘’Yem’’ au Bénin s’inscrit dans la même logique. Il bémolise l’aspect de la volatilité des cryptomonnaies. «Vous pouvez mener une activité dans le domaine de l’élevage, de l’agriculture ou dans n’importe quel domaine et faire faillite. C’est pareil pour la cryptomonnaie. Il faut bien se faire former et s’informer, notamment sur les techniques et ne pas se fier seulement à la rentabilité », indique-t-il.

Lui qui a trouvé sa voie dans la monnaie yem s’évertue depuis des mois à rallier le plus grand nombre de personnes à cette cause. Pour celui qui a amorcé l’aventure depuis 2017, la monnaie yem est une industrie. « Cette monnaie a été créée par plus de trois mille sept cents membres dans plus de cent cinquante-sept pays dans le monde dans le souci de mieux rattacher les communautés aux pays. Tout fonctionne sur internet; or l’internet lui-même représente tout l’univers », précise-t-il. Il explique le modus operandi de la machine yem. « En son sein, il y a des zones de sécurité qui regroupent les communautés et le marché. Il existe des clés (mots de passe) pour rentrer dans les zones de sécurité. C’est sur cette base que se fait l’identification des communautés ».

Rien que pour cette monnaie, ils sont une communauté d’environ cinquante mille membres représentés au Bénin. Clément Acclassato ne jure que par la monnaie Yem. « On ne connait pas toujours les individus derrière les cryptomonnaies. Avec ces monnaies, les vols sont possibles et s’opèrent même sans trace.

Actifs volatils

Pourtant le communiqué du ministère de l’Economie et des Finances alerte sur la question des risques. Au nombre de ceux-ci, le document évoque l’escroquerie, la perte d’épargne sans aucune possibilité de recours du fait de la forte volatilité de ces monnaies virtuelles ainsi que l’utilisation des avoirs à des fins illicites ou criminelles, notamment le terrorisme ». La note du ministère fait observer que les cryptomonnaies sont des « actifs financiers extrêmement volatils dont l’utilisation ne remplit pas toutes les fonctions dévolues à une monnaie classique et ne saurait donc servir de moyens de paiement ».

Raoul Bada, premier responsable de Pi fondation dans le département de l’Ouémé en fait toute une autre lecture : « Les cryptomonnaies contribueront à améliorer l’économie mondiale. Les institutions bancaires ont tendance à vite se mettre au pas pour ne pas rester à la traîne ».

Pour évoquer les nombreux avantages de la cryptomonnaie, il brandit son propre exemple. « Au début, quand les gens m’invitaient à m’y investir, je n’y croyais pas du tout. Aujourd’hui, j’en suis fier. Beaucoup d’intellectuels bafouent les cryptomonnaies sans savoir qu’ils sont en train de perdre de grandes opportunités. Personnellement, j’ai déjà fait de grandes réalisations avec Pi Network », défend-il.

Face aux plus sceptiques qui ont tendance à croire que l’émergence de cette monnaie tient de l’organisation de vastes réseaux d’arnaqueurs au niveau international et qu’il est important de s’y connaître pour ne pas se faire duper, Raoul Bada pense que les pays qui résisteront aux cryptomonnaies risquent de demeurer dans la pauvreté car, dit-il, cette monnaie est en train de conquérir le monde.

Une conquête mondiale, certes. Mais hélas, diront certains, une aventure sans boussole car, les cryptomonnaies ne reposent sur aucune valeur légale. « Dans un Etat, seul le souverain a la possibilité de battre de la monnaie. Cet aspect légal fait défaut à la cryptomonnaie, en plus de sa forte volatilité et de l’inexistence d’une autorité de maîtrise », fait observer Dr Julien Coomlan Hounkpè, spécialiste du numérique. 

Technologie irréversible 

En dépit de ces faiblesses, la cybermonnaie a le vent en poupe. Elle s’impose au rythme du développement de l’internet.

Dans une interview publiée en novembre 2023 dans ‘’La Nation’’, Eugène Ezin, professeur en informatique et intelligence artificielle, souligne que la technologie des cryptomonnaies est une machine irréversible. «C’est à nous de voir comment l’adapter à nos réalités pour avancer avec. Il n’est pas question de croiser les doigts et de regarder faire. Ce n’est pas possible. Il faut que l’Etat ait un regard sur ce domaine qui est très actif », suggère-t-il.

Pour permettre aux utilisateurs de bien en jouir, les spécialistes de droit proposent une réglementation de son utilisation. L’Académie nationale des sciences arts et lettres du Bénin ne perd pas de vue le travail à faire dans ce sens.

En attendant, les cryptomonnaies fleurissent au Bénin comme ailleurs dans le monde. Les plus avertis exhortent les utilisateurs à ne pas foncer tête baissée.

D’ailleurs, en matière de cryptomonnaie, la recherche de l’information vraie doit guider ceux qui y investissent de l’argent. C’est l’une des missions dévolues à e.alliance groupe, co-fondé par Jéosbé Avadra, qui propose des services dans le domaine des cryptomonnaies afin de combler les besoins en information des utilisateurs et régler leurs difficultés à trouver des cryptomonnaies fiables et aux meilleurs coûts. Ces alternatives n’annihilent pas tous les risques auxquels les utilisateurs sont exposés. A chacun donc de laisser parler son libre arbitre !