La Nation Bénin...
Les
droits de l’Homme se portent peu bien dans le monde. C’est ce que révèle le
rapport 2023 d’Amnesty International, dont le lancement a eu lieu ce mercredi
24 avril.
Les
droits humains sont mal en point un peu partout au monde. Le Rapport 2023
d’Amnesty international est sans ambages sur le sujet.
Au
Bénin, le rapport pointe les cas de violations, avec à la clé des homicides
illégaux, le recours excessif à la force, les expulsions forcées et certaines
restrictions.
Parlant
du rapport, Dieudonné Dagbéto, directeur exécutif d’Amnesty International
Bénin, relève une « situation peu reluisante parce que nous avons noté que le
droit international est de plus en plus bafoué », avant d’en faire une lecture
transversale sur le cas du Bénin.
« Des groupes armés ont continué de perpétrer des attaques dans les départements de l’Alibori et de l’Atacora. Une quarantaine d’habitants de ces départements et vingt-cinq militaires ont été tués depuis 2019, selon l’armée béninoise. Des spécialistes de l’Institut de recherches halieutiques et océanologiques du Bénin ont mis en garde contre le risque d’élévation du niveau de l’océan du fait du changement climatique dans plusieurs zones du pays », souligne-t-il.
S'agissant
des questions de liberté d’expression et de réunion, Amnesty international pointe du doigt la loi
2018 portant Code du numérique qui rend passible d’emprisonnement la
publication de fausses informations en ligne. Plusieurs journalistes béninois
en ont fait les frais.
La
suspension de tous les moyens de communication de masse du groupe de presse «La
Gazette du Golfe » qui se serait livré à une « apologie des coups d’Etat », par
la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (Haac) est une
vulnérabilité de plus à la liberté de la presse.
Le
meurtre de Martin Hounga lors d’une « opération de police», le 4 septembre à
Hêvié, les milliers de personnes expulsées de leur logement dans le cadre de
projets de développement touristique le long de la côte Cotonou-Ouidah … sont
des sujets préoccupants pour Amnesty International.
Le
rapport 2023 a également documenté des cas de privation de liberté de femmes et
de leurs bébés pour raison de factures d’hôpital impayées, mais finalement
libérés par le gouvernement.
Quelques avancées
Le rapport ne peint pas tout en noir. Au nombre des avancées, il relève le décret définissant les conditions d’application des dispositions relatives à l’interruption volontaire de grossesse, l’instruction par le chef de l’Etat, Patrice Talon de la réalisation d’une enquête sur la mort d’une quinzaine de personnes dans des attaques de groupes armés à Kérou dans l’Atacora en mai (ndlr :2023).
Le
rapport fait focus sur cent cinquante-cinq pays dans le monde et met en exergue
les droits fondamentaux. Il fait l’amer constat de la violation des principes
relatifs aux droits humains par les dirigeants et les institutions
d’aujourd’hui.
Amnesty
International reste préoccupé par les violences et les conflits dramatiques
dans le monde. « Les preuves de crimes de guerre continuent de se multiplier à
Gaza tandis que le gouvernement israélien vide de son sens le droit
international», s’offusque l’organisation.
Au
Soudan, les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide ont mené des
attaques ciblées ou aveugles qui ont tué et blessé des civils et ont tiré des
munitions explosives faisant au total douze mille morts en 2023. Plus de huit
millions de personnes ont été contraintes de prendre la fuite.
Le
rapport montre comment les « Etats-Unis ont usé de leur droit de véto pour
paralyser pendant des mois le Conseil de sécurité des Nations Unies ».
Le
document note qu’en 2023, l’évolution de l’intelligence artificielle générative
a fait changer d’échelle à la menace que constituait l’éventail de technologies
existantes, des logiciels espions à l’autonomisation des services publics en
passant par les algorithmes non maîtrisables des réseaux sociaux.
Revenant
au cas du Bénin, Dieudonné Dagbéto pense que pour que les droits de l’Homme
soient davantage respectés au Bénin, le travail à faire doit toucher la fibre
sensible des pouvoirs publics. « Les droits de l’Homme concernent tout le
monde. Il faut que les politiciens prennent ces questions à bras-le-corps en
intégrant qu’elles sont avant tout des questions de développement. Il faudra
également travailler à l’éducation aux droits humains afin que les populations
en soient mieux informées et agir en conséquence», recommande-t-il.
Amnesty international présente le visage des droits humains à l’échelle planétaire en 2023