La Nation Bénin...
Le gouvernement béninois intensifie ses actions en faveur des personnes handicapées, avec des mesures concrètes pour garantir leurs droits et leur inclusion dans tous les aspects de la vie sociale. Au cours d’une sortie médiatique, lundi 22 décembre à Cotonou, Boubacal Bani Yéro, directeur de l’Inclusion et de la Solidarité, a présenté un ensemble de dispositifs allant de l’éducation à l’emploi, l’entrepreneuriat la mobilité, en passant par la culture et les loisirs. Parmi les initiatives phares, la Carte d’égalité des chances permet de suivre les bénéficiaires des mesures préférentielles, tandis que des aides financières, des subventions et des aménagements spécifiques viennent soutenir les étudiants et les jeunes entrepreneurs handicapés.
Plus de 500 millions de francs Cfa sont désormais consacrés chaque année par l’État béninois à des appuis directs en faveur des personnes handicapées. Ce chiffre annoncé, lundi 22 décembre, au cours d’une conférence de presse à Cotonou par Boubacal Yéro Bani Samou, directeur de l’Inclusion et de la Solidarité, illustre l’engagement du gouvernement pour améliorer les conditions de vie des personnes handicapées et assurer l’effectivité de leurs droits. Lors de cette rencontre, il a présenté un bilan complet des mesures mises en œuvre, des résultats obtenus et des perspectives ouvertes pour consolider et élargir l’inclusion sociale des personnes handicapées dans tous les secteurs de la vie nationale.
Ces financements massifs sont investis dans des actions concrètes touchant l’éducation, la formation, l’insertion professionnelle, l’entrepreneuriat, la mobilité, la culture, les loisirs, ainsi que la santé et la prise en charge spécialisée des enfants présentant des troubles neurodéveloppementaux, notamment l’autisme.
Cadre légal
Cette dynamique s’inscrit dans le cadre des engagements internationaux du Bénin, en particulier la ratification de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées, et de la mise en œuvre d’une législation nationale forte. La loi n°2017-06 du 29 septembre 2017 portant protection et promotion des droits des personnes handicapées en République du Bénin constitue le socle légal de toutes les actions. Cette loi, spécifique et innovante, a pour finalité de renforcer l’environnement législatif et institutionnel destiné à favoriser la pleine participation des personnes handicapées à la société et à garantir leurs droits fondamentaux et spécifiques.
Boubacal Yéro Bani Samou a rappelé que tous les décrets d’application de cette loi ont été pris, ouvrant ainsi la voie à une mise en œuvre complète et effective des mesures prévues. Ces textes introduisent des mesures préférentielles inédites, allant de la création de la Carte d’égalité des chances à des dispositifs d’accès prioritaire aux services publics, en passant par le soutien financier aux étudiants, l’insertion professionnelle et l’appui à l’entrepreneuriat.
La Carte d’égalité des chances est un élément central du dispositif. Elle permet de suivre les bénéficiaires des mesures préférentielles et d’assurer la transparence dans l’octroi des avantages. À ce jour, 2 055 cartes ont été produites et distribuées, et 5 000 nouvelles cartes sont en cours d’édition pour 2025. Cette identification officielle est essentielle pour garantir un suivi précis des bénéficiaires et cibler efficacement les mesures d’inclusion.
Sur le plan international, le Bénin a également franchi une étape majeure avec l’adhésion au Traité de Marrakech, adopté le 27 juin 2013 et administré par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (Ompi). Ce traité, qui accorde une place essentielle à la dimension humanitaire et au développement social, vise à faciliter l’accès des aveugles, des déficients visuels et des personnes ayant d’autres difficultés de lecture des textes imprimés aux œuvres protégées par le droit d’auteur. Il impose aux États parties de mettre en place un cadre légal permettant la reproduction, la distribution et l’échange transfrontalier d’œuvres en formats accessibles, incluant tous ceux dont le handicap physique ou cognitif limite la lecture de textes imprimés. Le Traité de Marrakech constitue ainsi un levier puissant pour l’accès à la culture et à la connaissance.
Mobilité et éducation
Dans le domaine de la mobilité, l’État béninois a pris des mesures concrètes pour améliorer l’autonomie des personnes handicapées. L’achat de matériel de mobilité notamment fauteuils roulants, tricycles, cannes, béquilles, ainsi que de véhicules motorisés dédiés est désormais exonéré de Tva et des droits de douane. Ces dispositifs réduisent considérablement le coût des aides techniques, levant ainsi un obstacle majeur à la participation sociale et économique des personnes handicapées.
L’éducation et la formation des personnes handicapées ont également fait l’objet d’actions ciblées et innovantes. Des aménagements spécifiques ont été intégrés dans les infrastructures éducatives, et l’État accorde des subventions aux établissements spécialisés. Actuellement, 133 étudiants handicapés bénéficient d’une aide financière annuelle de 100 000 F Cfa, représentant un montant global de 13 300 000 F Cfa sur les années 2023, 2024 et 2025. Des cabines et tickets de restauration leur sont également offerts sur les campus universitaires publics, tandis qu’un tiers de temps supplémentaire leur est accordé lors des examens et évaluations, afin de garantir une égalité réelle des chances.
Les établissements sont désormais ouverts aux apprenants handicapés, offrant des opportunités professionnelles concrètes. 16 établissements privés spécialisés ont bénéficié d’une subvention annuelle comprise entre 4 et 10 millions F Cfa, pour un montant total de 100 millions de F Cfa au titre de 2025. Ces ressources visent à renforcer les moyens pédagogiques, les méthodes d’encadrement et les outils de formation adaptés aux besoins spécifiques des apprenants handicapés.
Entrepreneuriat et emploi
L’entrepreneuriat constitue un autre axe stratégique. 266 entrepreneurs handicapés ont reçu un appui financier non remboursable compris entre 100 000 et 800 000 F Cfa, pour un montant global de 100 millions de F Cfa sur 2024 et 2025. En complément, un produit de microfinance spécifique, le « Crédit inclusion », a été développé via le Fonds National de la Microfinance, avec l’appui d’autres institutions. Il offre des lignes de crédit à taux bonifié, renforçant l’autonomisation économique des personnes handicapées et soutenant la viabilisation de leurs projets.
Concernant l’emploi, l’État a instauré une mesure spéciale d’insertion : 5 % des postes aux concours de la fonction publique sont désormais réservés aux personnes handicapées, avec une majoration de cinq ans sur l’âge requis. Plus de 50 personnes handicapées ont ainsi intégré les effectifs de l’administration, notamment dans des ministères stratégiques. Pour le secteur privé, les entreprises employant des personnes handicapées bénéficient d’une exonération de la part patronale, tandis que les entreprises créées par des personnes handicapées sont exonérées des frais liés à la formalisation et à l’immatriculation. Cette politique vise à créer un environnement favorable à l’emploi inclusif et à lever les barrières structurelles qui persistent.
Les mesures couvrent également les transports et loisirs. Les personnes handicapées bénéficient désormais de priorités d’accès et de places assises, de l’exonération des frais de monte-charge et d’élévateur dans les aéroports, ainsi que d’une réduction de 10 % sur les transports en commun et sur l’accès aux centres culturels et de loisirs publics. Ces avantages contribuent à renforcer l’inclusion sociale et culturelle.
Autisme et renforcement institutionnel
Une attention particulière est portée aux enfants atteints de troubles neurodéveloppementaux, notamment l’autisme. Une trentaine d’enfants sont actuellement pris en charge dans le cadre d’un projet pilote à Cotonou et Abomey-Calavi, intégrant l’éducation, la santé et l’accompagnement quotidien par des auxiliaires de vie scolaire (Avs). Cette initiative vise à lever durablement les barrières d’accès aux soins et aux espaces socio-éducatifs, tout en offrant un cadre structurant pour l’apprentissage et l’épanouissement de ces enfants.
Le renforcement institutionnel est également une priorité. La Fédération des associations des personnes handicapées du Bénin bénéficie désormais d’une subvention annuelle de 5 millions F Cfa, afin de renforcer sa participation à la prise de décision et à la mobilisation de ses membres. En parallèle, un cadre national de concertation est en cours de mise en place pour fédérer les actions et les contributions des acteurs du secteur, tandis que des points focaux handicap sont institués au sein des ministères sectoriels pour assurer le suivi et la coordination des politiques publiques.
Les perspectives annoncées par le directeur de l’Inclusion et de la Solidarité sont ambitieuses. Elles incluent la délivrance prochaine de 5 000 nouvelles cartes d’égalité des chances, le suivi et l’accompagnement des entrepreneurs handicapés, l’optimisation du suivi technique et pédagogique des établissements éducatifs spécialisés, la mobilisation accrue des acteurs clés pour une meilleure synergie d’action, la mise en place d’un mécanisme de suivi et de reddition de comptes des mesures préférentielles, et la poursuite et l’extension de la prise en charge des enfants autistes. Le Bénin envisage également la ratification du protocole additionnel à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des personnes handicapées, renforçant ainsi son engagement régional et international.