La Nation Bénin...
Ex-président
de la coalition Bénin en Route, ancien membre de l'ex-Union fait la Nation,
Jean-Baptiste Hounguè a quitté le parti Bloc républicain (Br), et créé avec ses
amis politiques le Parti populaire panafricain (Ppp). Dans cet entretien, il
revient brièvement sur ses ennuis judiciaires, ses nouveaux rapports avec la
mouvance et s'exprime sur les élections générales de 2026, le code électoral et
les objectifs de son nouveau parti.
La Nation : Pourquoi avez-vous décidé de fausser compagnie à vos camarades du Bloc républicain ?
Jean-Baptiste Hounguè : Non ! Je ne leur ai pas faussé compagnie. C'est arrivé naturellement. Quand on fait la politique, c'est pour un objectif. Ce n'est pas pour soi-même ou pour s'enrichir. C'est pour réparer ce qui est mauvais dans la cité, donner à boire, à manger à la population, faire en sorte que la population puisse respirer, avoir un toit. C'est cela ma conviction. Si je ne me retrouve plus dans cette conviction, je quitte.
D'aucuns diront que c'est parce que vous n'avez pas bénéficié de leur soutien lors de vos ennuis judiciaires. Qu'en dites-vous?
Mes ennuis judiciaires ont été préparés dans le milieu politique. Sinon, je n'ai pas volé, je n'ai pas détourné, je n'ai pas escroqué. Les gens ont souhaité m'éliminer parce que peut-être je marchais sur des intérêts. Donc, dans ces conditions, il vaut mieux se retirer, faire une pause, analyser et voir comment rebondir. Une chose est sûre, je suis un citoyen de ce pays, je suis un patriote et je dois contribuer aux débats et répondre aux enjeux de développement.
Vous êtes président d'un parti porté sur les fonts baptismaux le 12 octobre 2024. Pourquoi la création d'un parti politique dans un contexte de regroupement, de constitution de grands ensembles dans le cadre de la réforme du système partisan ?
Aujourd'hui,
nous voyons qu'il y a deux camps. Il y a la mouvance incarnée par deux partis
mais en réalité c'est un seul parti, et l'opposition. Après analyse, nous
avions estimé qu'il fallait créer une troisième voie pour que la jeunesse
puisse se retrouver, que les opprimés puissent se retrouver. Nous voulons que
le patriotisme, l'éthique et la fraternité puissent être vraiment la devise
politique pour faire avancer ce pays. C'est pourquoi, nous avons créé ce parti
qui est un parti de la troisième voie. Le Parti populaire panafricain (Ppp) va
être le plus grand dans les mois à venir. Nous apportons une nouvelle offre qui
n'a rien à voir avec ce que nous avons connu jusque-là. Dans cette offre, c'est
l'homme au cœur de l'action politique.
Pourtant, vous avez porté la réforme du système partisan. N'en aviez-vous pas une réelle conviction ?
Oui ! J'ai porté la réforme du système partisan. Si nous devions créer un parti politique, cela devrait être “Bénin en route” qui a été morcelé pour créer d'autres formations politiques. Nous avions vu en réalité que c'était du trompe-l'œil.
Soutenez-vous toujours les actions du président Patrice Talon ?
J'apprécie ce que le président Patrice Talon fait. Mais je dis qu'il reste quelques mois avant son départ. Je souhaite qu'il finisse en beauté pour qu'il soit porté en triomphe, comme il l'a lui-même souhaité, plutôt que de se laisser arnaquer par des vouvouzelas.
Venons-en aux élections générales de 2026. Comment comptez-vous les aborder ?
Au
niveau du Parti populaire panafricain, dans un premier temps, nous nous
acharnons à avoir nos documents officiels.
Dans un deuxième temps, nous nous préparons à avoir nos candidats. Et dans un troisième temps, choisir le duo qui nous représentera à la prochaine présidentielle. Vous me parlerez certainement du code par rapport à l'exigence de parrainage pour les candidatures à la présidentielle, et je répondrai que ce code électoral sera revu afin de permettre à tout le monde d'aller aux élections. Si on avait voté un tel code en 2016, nous n'aurions pas eu la chance d'avoir le président Patrice Talon.
Comment entrevoyez-vous la succession à Patrice Talon ?
Nous
estimons qu'il fait du bien. Mais au sein de la population béninoise, il y a
encore des gens aguerris qui feront quatre, cinq, dix fois mieux que le
président Talon. C'est pourquoi, nous pensons qu'il faut ouvrir le jeu
politique et laisser libre choix au peuple béninois de choisir son prochain
dirigeant. Nous savons que le président Patrice Talon partira en beauté et
c'est pourquoi, nous plaidons pour un dégel de la tension politique.
Beaucoup de réalisations sont à mettre à l'actif du président Patrice Talon mais au niveau de notre parti politique, nous pensons qu'on peut faire mieux pour améliorer le quotidien des Béninois. C'est cela notre défi. Un seul homme ne peut pas construire une nation, il n'est pas Dieu. Nous appelons d'ailleurs à la raison ceux qui appellent à un troisième mandat.
C'est au regard de ses réalisations que certains pensent qu'il faut pérenniser le système Talon, afin que la dynamique se poursuive. Qu'en dites-vous ?
C'est
quoi le système Talon ? Il est mis dans la Constitution qu'aucun homme de son
vivant ne peut faire plus de deux mandats. De toute évidence, le prochain
président ne peut ramener le Bénin plus bas. Il fera bien au-delà des
réalisations actuelles. Boni Yayi a mieux fait que Kérékou, et tout le monde
disait que depuis 1960, nous n'avons rien vu de tel. Aujourd'hui, Talon a battu
le record de Boni Yayi et demain quelqu'un d'autre battra le record de
Talon. Ceux qui disent qu'il faut
pérenniser le système Talon, je leur dirai que l'aura n'est pas transmissible.
Quels sont vos rapports actuels avec le président Patrice Talon ?
Je lui ai écrit depuis la prison que je n'ai rien fait de mal. On a organisé un scénario.
Quel est votre mot de la fin ?
Je voudrais dire à la population béninoise que demain sera meilleur. Et que demain, c'est aujourd'hui. Que les comptriotes viennent massivement adhérer au Parti populaire panafricain, parce que nous venons leur proposer une nouvelle offre.