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Mouvance plurielle: Quelle carte pour la succession à Patrice Talon ?

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La succession à Patrice Talon demeure un défi majeur  pour le camp présidentiel La succession à Patrice Talon demeure un défi majeur pour le camp présidentiel

Plus que quatre mois nous séparent de 2025, année pré-électorale, au cours de laquelle, les présidentiables devront clairement se manifester, selon les dispositions de la loi 2024-13 du 15 mars 2024 modifiant et complétant celle 2019-43 du 15 novembre 2019 portant code électoral. Mais la succession à Patrice Talon demeure un défi majeur, notamment pour le camp présidentiel.

Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 10 sept. 2024 à 07h10 Durée 3 min.
#actualité politique

Le mystère reste entier autour de la succession de Patrice Talon, y compris dans son propre camp. Chose curieuse quand on sait que les jours s’égrènent et rapprochent de la fin du second et dernier mandat de l’homme qui aura insufflé un vent de réforme dans tous les secteurs vitaux du pays. Même s’il a fait savoir au cours d’un entretien avec les médias qu’il ne restera pas indifférent à la course à sa succession, il est un secret de polichinelle qu’en dépit de leur volonté de placer un dauphin, à la fin du mandat présidentiel, tous les chefs d’Etat n’y parviennent pas. Contrairement à son prédécesseur, Talon s’inscrira peut-être sur cette liste très convoitée des présidents qui tiennent ce pari. Mais faudra-t-il encore que, dans son propre camp, l’ambition de conserver le pouvoir rime avec stratégie, car dans l’arène politique, dans les systèmes démocratiques comme le nôtre, rien n’est définitivement acquis. « Je ne serai pas inactif parce que je suis un citoyen béninois, et je veux que mon pays progresse. Je serai actif pour que la suite soit dans l’idéal que nous sommes en train de bâtir ensemble. Mon souhait est que le Bénin progresse, que demain soit meilleur à aujourd’hui », avait déclaré Patrice Talon. Qui mieux que ses soutiens, répartis dans des partis politiques, peut revendiquer cet héritage des bâtisseurs ? Qu’ils soient membres du Bloc républicain (Br), de l’Union progressiste le renouveau (Upr), du Mouvement des élites engagées pour l’émancipation du Bénin (Moele-Bénin) ou du parti Rassemblement national (Rn), les amis à Talon devront prendre la mesure de l’enjeu, et dans une démarche méthodique, digne des maîtres de la pensée politique, peaufiner les stratégies pour maintenir la flamme au-delà des échéances de 2026, à la suite de leur leader. Car, en face, l’opposition politique est menée par un sachant, un maître de l’arène, l’ancien président Boni Yayi. 

Des options à faire

« Il a souhaité l’unité de la mouvance en 2026. Quand je parle d’unité, ce n’est pas une fusion, parce que le chef de l’Etat dit qu’il est satisfait de ce que nous avons comme mosaïque de la majorité présidentielle qui l’accompagne. Il souhaite qu’il y ait parmi ces partis politiques un pacte de non-agression parce que c’est ensemble que nous allons réussir », avait déclaré Jacques Ayadji, président du parti Moele-Bénin, au détour d’une audience accordée par le chef de l’Etat, à une délégation de sa formation politique. Il a indiqué que pour favoriser cette union et le pacte de non-agression sur le terrain, Patrice Talon a suggéré la mise en place d’un cadre de concertation. Un creuset qui peine à être formalisé, même si l’on fait le constat d’une certaine proximité dans l’occupation du terrain, par des partis de la mouvance, en l’occurrence le Bloc républicain et l’Union progressiste le renouveau, détenant tous deux, des élus tant au niveau communal et local qu’à l’Assemblée nationale. C’est dire que des défis restent à relever, pour sceller cette union, dans la diversité.

De toute évidence, la loi 2024-13 du 15 mars 2024 modifiant et complétant la loi 2019-43 du 15 novembre 2019 portant code électoral fait de cette cohabitation pacifique entre partis politiques partageant les mêmes visions, une clé de gouvernance, instituant des accords susceptibles de faire décrocher des mandats électifs. «Seules sont éligibles à l’attribution des sièges, les listes, ayant recueilli au moins vingt pour cent (20 %) des suffrages valablement exprimés dans chacune des circonscriptions électorales. Toutefois, pour les partis politiques ayant conclu et déposé à la Commission électorale nationale autonome préalablement à la tenue du scrutin un accord de coalition parlementaire, il sera procédé, pour le calcul du seuil, prévu à l’alinéa précédent, à la somme des suffrages de ceux ayant recueilli au moins dix pour cent (10 %) des suffrages exprimés au plan national ». Telles sont les dispositions de l’article 146 du code électoral en vigueur.

S’inscrire dans la vision

Matérialiser cette approche en ce qui concerne la présidentielle 2026 sera bénéfique pour les acteurs notamment de la mouvance sur qui pèse le poids de l’héritage de Patrice Talon. Il n’est pas aisé de succéder à un homme d’une telle rigueur, en matière de gouvernance, qui a réussi à changer les habitudes et impacter le Béninois lambda dans son vécu quotidien. Ainsi, bien au-delà des réalisations qui s’inscrivent dans la mise en œuvre du Programme d’action du gouvernement, il faudra réinventer l’approche politique. Un défi à la portée des concernés, si chacun y met du sien, et que les querelles de clocher pèsent moins.

Selon le Professeur Gilles Gohy, les acteurs devraient jouer la carte de la bonne foi, éviter toutes formes d’exclusion, de frustration tout en aiguisant leur stratégie de communication. Il est d’ailleurs favorable à une probable fusion entre certains partis politiques de la mouvance notamment le Bloc républicain et l’Union progressiste le Renouveau.

« Seule l’addition comme mode opératoire de bon aloi doit être privilégiée. Ensemble, l’on est toujours plus forts et plus efficients», a-t-il déclaré, convaincu que la mouvance présidentielle survivra après 2026. «Je ne vois pas ce qui pourrait l’empêcher. Je n’ai aucun doute à cet effet. Cette mouvance adoptera la dynamique de la continuité », soutient le politologue Gilles Gohy