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Politique nationale de maîtrise d’énergie: Une réduction considérable de la consommation en vue

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Le gouvernement franchit une étape décisive dans la transition énergétique. En actualisant la Politique nationale de maîtrise d’énergie 2020-2030 et la stratégie pour les cinq prochaines années, le gouvernement affiche une vision claire. La validation de ces documents vise en effet à réduire la consommation énergétique du pays, améliorer l'efficacité des usages et promouvoir les sources d’énergies renouvelables. 

Par   Joël C. TOKPONOU, le 22 juil. 2025 à 07h46 Durée 3 min.
#Energie

L’actualisation de la Politique nationale de maîtrise d’énergie se justifie principalement par l’évolution du cadre institutionnel du secteur de l’énergie, pour tenir compte de la dissolution de l’Agence béninoise d’électrification rurale et de maîtrise d’énergie qui était la principale structure administrative opérationnelle dans la promotion et le développement de la maîtrise d’énergie.

Sa mise à jour et son opérationnalisation à travers sa stratégie 2025-2030 permettront, à terme, aux consommateurs d’avoir accès à moindre coût aux services énergétiques de qualité, sécurisés, durables et efficaces.

Elle postule en effet qu’«À l’horizon 2030, la maîtrise d’énergie au Bénin garantit la réduction considérable de la consommation, de la dépendance et des dépenses énergétiques sans préjudice de la qualité des services énergétiques ».

A cet effet, elle vise à mettre en place les cadres de planification, d’orientation, de coordination et de suivi-évaluation. Il en découle des actions relatives à l’efficacité énergétique, aux économies d’énergie dans tous les secteurs, aux mécanismes d’intervention plus cohérents. S’inscrivent dans cette logique, le renforcement des cadres institutionnel et juridique existants, la création des mécanismes de financement en soutien au développement des actions de maîtrise d’énergie en général.

Dans son ossature, la Poname repose sur trois axes stratégiques que sont l’adaptation de l’offre énergétique à une demande optimisée, la gestion durable de la biomasse et des produits pétroliers et le renforcement du cadre institutionnel, réglementaire et technique. Ces axes intègrent des actions concrètes telles que l’audit énergétique des bâtiments publics et privés, la promotion des équipements économes en énergie, la normalisation et l’étiquetage énergétique, et la diffusion de technologies améliorées de cuisson.

La stratégie 2025-2030 prévoit une gouvernance renforcée, un système de suivi-évaluation opérationnel, une mobilisation de financements (État, partenaires techniques et financiers, et mécanismes carbone), et une intégration transversale de la maîtrise d’énergie dans les secteurs clés (bâtiments, transports, industrie, éclairage public).

La Poname est alignée avec d’autres politiques énergétiques et climatiques nationales, notamment la Politique nationale de développement des énergies renouvelables (Ponader), la Contribution déterminée au niveau national (Cdn), et le Plan national d’adaptation (Pna). En ce sens, elle constitue un levier essentiel pour la transition énergétique et le développement durable au Bénin.

Comme la Ponader

L’actualisation de la Poname va de pair avec celle de la Politique nationale de développement des énergies renouvelables (Ponader). La Ponader est un cadre stratégique mis en place par le gouvernement pour orienter, structurer et promouvoir l’exploitation durable des sources d’énergies renouvelables notamment solaire, éolienne, hydraulique, biomasse, etc.

Au Bénin, cette Politique vise à «faire des énergies renouvelables la source prioritaire de la satisfaction durable et optimale des besoins énergétiques nationaux à l’horizon 2030 ». Sa mise en œuvre permettra à notre pays d’œuvrer davantage à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, de mieux s’adapter aux changements climatiques et de favoriser l’accès à tous et à moindre coût aux énergies renouvelables. Ce faisant, elle contribuera au développement durable et à la promotion des activités socioéconomiques du monde rural par une énergie moderne.

La Ponader servira ainsi de cadre de référence d’élaboration et d’exécution des projets et programmes d’énergies renouvelables dans notre pays. Elle traduit la volonté du gouvernement d’orienter et de coordonner toutes les interventions dans le sous-secteur, tant des acteurs publics, parapublics que privés.

Pour en assurer l’efficacité, elle est dotée d’une stratégie de mise en œuvre sur la période 2025-2030, destinée à induire des résultats objectifs pour en favoriser l’évaluation.

Schéma directeur aussi

Dans la même logique, le gouvernement ambitionne d’optimiser les investissements en priorisant leur rentabilité économique et technique afin d’éviter les surcoûts liés à des infrastructures mal dimensionnées ou redondantes d’une part et améliorer la qualité de la fourniture d’électricité en corrigeant les insuffisances liées aux surcharges fréquentes, aux pertes techniques élevées et à la qualité de service qui reste perfectible d’autre part. C’est pour cela qu’il a commandité des études qui sont en cours et qui vont permettre la réalisation du Schéma directeur des postes sources haute tension/moyenne tension et des réseaux moyenne tension du Bénin à l’horizon 2040.

En effet, à la suite du diagnostic des réseaux électriques du Bénin, réalisé en 2024, il a été demandé à une société spécialisée de proposer à la Société béninoise d’Energie électrique (Sbee), des outils et des études stratégiques pertinentes pour optimiser le développement des réseaux de distribution d’électricité au Bénin, en cohérence avec les objectifs nationaux d’électrification.

Les documents qui seront élaborés contribueront à anticiper les besoins énergétiques futurs face à une croissance démographique et économique rapide et à prévoir des infrastructures capables d’accueillir les charges futures, notamment pour l’électrification rurale et le développement des zones industrielles et périurbaines.

Les études aideront aussi à moderniser les réseaux et accélérer la transition énergétique en standardisant progressivement les réseaux à une tension uniforme de 20 kV pour améliorer leur efficacité, leur fiabilité et réduire les coûts d’investissement et de maintenance. Elles permettront également de mettre en œuvre une politique d’enfouissement des réseaux dans les zones urbaines denses, en débutant par Cotonou, afin de réduire les risques climatiques et améliorer l’esthétique urbaine.

Les documents qui sortiront des travaux aideront aussi à conduire un processus de transfert de compétences vers les ingénieurs de la Sbee, incluant une formation à l’utilisation de l’outil de planification installé et aux méthodes de planification des réseaux et à accroître l’autonomie de la Sbee dans la gestion des projets d’infrastructures électriques, réduisant ainsi la dépendance aux experts externes.

Précisons que dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d'action du gouvernement 2016-2021, notamment en son Pilier 3, il est prévu l’amélioration des conditions de vie des populations rurales et en son axe stratégique 6 l’accès à l'électricité en milieu rural. Le gouvernement a alors adopté, en septembre 2018, un Plan directeur d'électrification rurale qui prévoit l'électrification par raccordement au réseau conventionnel de 1274 localités rurales d'ici 2030 et la densification et/ou l'extension du réseau dans les localités périurbaines déjà électrifiées.