La Nation Bénin...
En prélude à la clôture des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (Vbg), édition 2025, l’Institut national de la femme (Inf) a officiellement lancé, mardi 23 décembre, en collaboration avec Dojoland, un atelier d’initiation à la self-défense dénommé Empowerher. Cette initiative s’inscrit dans une dynamique globale de prévention, d’autonomisation et de promotion du leadership féminin.
Face à la persistance des violences basées sur le genre, l’autodéfense s’impose comme un acte de dignité et d’autonomisation. A Cotonou, l’Institut national de la femme et ses partenaires ont choisi de clore les 16 jours d’activisme en outillant les femmes pour qu’elles deviennent actrices de leur propre sécurité. Soutenu par le Fonds des Nations Unies pour la population (Unfpa), le programme Empowerher est né dans le cadre d’un défi d’innovation visant à renforcer la protection contre l’exploitation et les abus sexuels.
Représentant le représentant résident de l’Unfpa au Bénin, Benoît Libali a souligné que le programme a progressivement touché des femmes du système des Nations Unies, des organisations partenaires de l’Unfpa, ainsi que de jeunes femmes dans plusieurs régions du continent. Cette portée illustre, selon lui, la valeur ajoutée d’une approche intégrée combinant autodéfense, affirmation de soi et développement du leadership féminin. « C’est dans cette dynamique que s’inscrit l’extension du programme au Bénin, à travers un partenariat stratégique avec l’Institut national de la femme. Sensible aux enjeux de prévention des violences basées sur le genre et de promotion des droits des femmes, l’Inf a sollicité l’accompagnement de l’Unfpa afin de mettre en œuvre ce programme. Une démarche qui traduit une volonté institutionnelle forte de doter les femmes d’outils concrets pour leur protection et leur autonomisation », a lâché Benoît Libali. Pour lui, cette collaboration constitue un levier stratégique majeur, ouvrant la voie à une expansion structurée et durable du programme. Elle permet non seulement d’élargir le champ des actions, mais aussi d’envisager la réplication du modèle au sein d’autres institutions, à une échelle nationale.
Il souligne que Empowerher puise son inspiration dans l’histoire des Agodjié, plus connues sous le nom des Amazones du Dahomey, ce corps d’élite féminin qui a marqué l’histoire du Royaume du Dahomey. Leur bravoure, leur discipline et leur détermination demeurent un symbole puissant de résilience, de force et du droit fondamental à la dignité. « Vous êtes les Agodjié d’aujourd’hui», a rappelé Benoît Libali aux participantes, les invitant à incarner cette force et cette capacité à dépasser leurs limites.
Flore Djinou, secrétaire exécutive de l’Inf, a rappelé que cet atelier marque la clôture des 16 jours d’activisme contre les Vbg. « Aucune violence à l’égard des femmes et des filles n’est acceptable, justifiable ni tolérable», a-t-elle insisté. Pour elle, il est désormais impératif d’aller au-delà de la simple dénonciation, en renforçant physiquement et psychologiquement les femmes et les jeunes filles afin qu’elles puissent se sentir en sécurité et maîtresses de leur corps. L’autodéfense, a-t-elle précisé, ne se limite pas à des techniques physiques. Elle est avant tout un état d’esprit, fondé sur la confiance en soi, la conscience de sa valeur et la capacité à dire non. « En clôturant la campagne par une activité à la fois symbolique et concrète, l’Inf envoie un message fort. Les femmes ne sont pas faibles et ne sont pas des victimes par nature», a-t-elle déclaré.
Présente à l’atelier, Huguette Bokpè Gnancadja, présidente de l’Institut national de la femme, a livré un témoignage marquant, illustrant la nécessité d’initier des activités comme Empowerher. Elle a rappelé un cas reçu en 2022, où un homme se présentait comme victime alors qu’il avait en réalité été surpris par la capacité de son épouse à se défendre. « Il ne s’agit pas d’un combat contre les hommes, mais d’une question de protection, de dignité et parfois de survie », a-t-elle affirmé. Au-delà du combat physique, elle a souhaité que les participantes tirent de cet atelier une force spirituelle et émotionnelle, condition essentielle d’une véritable autonomisation.