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Réforme de la commande publique: Les acteurs à l’école du e-procurement

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L’Autorité de régulation des marchés publics (Armp) organise, du 6 au 28 octobre, une série de formations à l’endroit de l’ensemble des acteurs impliqués dans le système des marchés publics au Bénin. L’objectif est de préparer le terrain pour une appropriation réussie de la réforme du e-procurement en vue de renforcer la transparence dans la gestion des marchés publics.

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 07 oct. 2025 à 08h04 Durée 3 min.
#marchés publics

La transition vers la dématérialisation de la commande publique franchit une nouvelle étape au Bénin. Ce lundi 6 octobre marque le démarrage d’une série de formations sur la réforme du e-procurement, initiée par l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp). Etendue sur plusieurs semaines, cette série de formation, répartie selon les catégories d’acteurs, vise à outiller l’ensemble des parties prenantes, du secteur public au privé, en passant par la société civile, sur le nouveau cadre juridique et réglementaire de la dématérialisation du système de passation des marchés publics.

Francine Aïssi Houangni, vice-présidente de l’Armp, fait à l’occasion, la genèse de l’instrument qui est l’aboutissement d’un long processus entamé depuis 2015 avec la mise en place du Système intégré de gestion des marchés publics (Sigmap). « Le Bénin a amorcé sa transition numérique dans la commande publique depuis plusieurs années. Mais les limites techniques et fonctionnelles du Sigmap ont montré la nécessité d’une modernisation profonde du dispositif », rappelle-t-elle. Une évaluation conduite en 2024 a révélé plusieurs insuffisances avec des technologies obsolètes, une faible adoption, l’absence de modules de gestion électronique des documents, et la redondance des traitements. Ces constats ont motivé la décision d’implémenter le e-procurement, une solution intégrée et moderne qui remplacera progressivement les tâches manuelles par des processus automatisés et interconnectés. Le Décret n°2025-169 du 9 avril 2025, pris par le gouvernement, marque une étape déterminante dans cette transformation. Il établit le cadre réglementaire spécifique à la mise en place d’un système d’information et de gestion électronique de la commande publique au Bénin. « Nous disposons désormais d’un cadre légal solide. Les acteurs clés du système ont déjà bénéficié d’une première formation, et la sélection du fournisseur de la solution e-procurement est en cours. En attendant son déploiement, cette série de sessions vise à renforcer la compréhension et l’adhésion de tous », a précisé la vice-présidente de l’Armp.

Base nécessaire

Cette première phase vise avant tout à préparer les acteurs à la gestion du changement que cette réforme induit. Ludovic Guedje, secrétaire permanent de l’Armp, fait savoir qu’il ne s’agit pas d’une formation de plus, mais d’un processus de sensibilisation à la gestion des transformations attendues de chacun pour l’aboutissement de la réforme. Cette première série de formations mettra donc l’accent sur la compréhension du contenu du décret et des textes d’application, ainsi que sur les implications pratiques pour les acteurs de la chaîne de passation et de contrôle des marchés publics. Le secrétaire permanent précise que cette étape constitue la base nécessaire à une deuxième phase, plus technique, qui interviendra après l’installation de la plateforme numérique. « Ceux qui n’auront pas maîtrisé le cadre juridique et institutionnel auront du mal à suivre la formation technique. Cette première phase est donc cruciale pour éviter les résistances et garantir une transition harmonieuse vers le système dématérialisé », souligne-t-il. La réforme de la dématérialisation s’inscrit dans une volonté d’assainir le système de commande publique et de renforcer sa performance. « Les grands maux qui minent le système aujourd’hui, lenteur, corruption, manque de transparence, trouveront des réponses concrètes avec ce nouveau dispositif. On soumissionne en ligne, les contacts physiques sont éliminés, et tout le processus devient traçable », affirme Ludovic Guedje. Le système permettra également une interopérabilité des pièces administratives, simplifiant ainsi les procédures de dépôt et de validation des offres. Grâce à la numérisation, les retards et les erreurs de manipulation seront considérablement réduits, garantissant un gain de temps et d’efficacité pour toutes les parties prenantes. Au terme de cette série de formations, l’Autorité de régulation des marchés publics espère une appropriation effective de la réforme et une amélioration notable des pratiques administratives. La réforme du e-procurement marque ainsi une étape décisive vers une gouvernance publique modernisée, plus performante et conforme aux standards internationaux.