La Nation Bénin...
Ils sont désormais prêts à rendre la justice au nom du
peuple béninois. Après deux années de formation intensive, les 80 auditeurs de
justice de la troisième promotion de l’École de formation des professions
judiciaires (Efpj) ont officiellement reçu leurs attributs de magistrats. La
cérémonie de sortie, présidée par le garde des Sceaux, s’est déroulée vendredi
18 juillet à Cotonou.
Devant un parterre de hauts magistrats, de formateurs, de
familles et d’acteurs du monde judiciaire, 80 nouveaux magistrats ont reçu
leurs attestations de fin de formation, leurs toges d’audience, un ordinateur
professionnel, ainsi qu’un exemplaire du code d’éthique et de déontologie.
Me Yvon Détchénou, ministre de la Justice et garde des Sceaux, qui a présidé cette cérémonie marquant la fin d’un cycle de deux années d’apprentissage, a insisté sur la portée symbolique et éthique de la toge que chaque récipiendaire s’apprêtait à recevoir. « Votre robe n’est pas qu’un simple vêtement d’apparat ou de pouvoir. C’est d’abord un symbole fort. C’est une responsabilité lourde et un service qui commence. Elle vous distingue, non pas pour vous élever, mais pour vous rappeler que vous n’êtes plus seulement vous-mêmes mais une incarnation de l’institution judiciaire », a-t-il déclaré. Il poursuit : « Elle ne vous confère pas l’infaillibilité, elle vous oblige à l’humilité. Elle ne vous rend pas invulnérables. Elle attend de vous une droiture sans compromission. Elle vous garantit la noblesse d’une mission: celle de dire le droit, sans peur ni faveur. » Le ministre a exhorté les jeunes magistrats à l’exemplarité, à l’écoute, à la maîtrise de soi et à la fidélité aux principes républicains. Selon lui, « chaque affaire concerne des vies humaines » et appelle à une justice rendue avec humanité et rigueur.
Un parcours formateur, mais encore initiatique
Bernadette Houndékandji Codjovi, directrice générale de l’Efpj, a félicité les récipiendaires pour leur persévérance et la réussite de leurs parcours. « Vos efforts, votre persévérance et les sacrifices consentis sont aujourd’hui récompensés. Vous méritez pleinement d’être honorés à travers cette cérémonie», a-t-elle souligné en citant la légende brésilienne du football Pelé : «Le succès n’est pas accidentel. C’est du travail dur, de la persévérance, de l’apprentissage et du sacrifice. » Mais elle n’a pas manqué de rappeler que cette sortie n’était qu’un jalon sur un chemin professionnel encore long. « Votre formation à l’école n’aura duré que deux années académiques, deux petites années, en comparaison avec les années pendant lesquelles vous serez appelés à exercer votre office. Les véritables défis commencent maintenant, sur le terrain, face aux réalités mouvantes du monde judiciaire », a-t-elle averti. Parmi les défis évoqués: la lutte contre le terrorisme, la régulation de l’usage des crypto-monnaies, ou encore l’impact de l’intelligence artificielle sur les procédures judiciaires.
Bernadette Houndékandji Codjovi a aussi salué le rôle des
formateurs, « magistrats et non-magistrats, triés sur le volet », qui ont
contribué à façonner cette nouvelle génération. Elle a souligné leur dévouement
à transmettre, au-delà des connaissances juridiques, le «savoir-être »
essentiel au métier de magistrat. « Leur ambition n’était pas seulement de vous
instruire, mais de vous transmettre les valeurs indispensables au bon exercice
de la profession », a-t-elle noté. Elle a également insisté sur l’importance de
la formation continue pour faire face à l’évolution constante des normes, des
technologies et des attentes sociales.
Marie-Claire Hounzali, porte-parole des récipiendaires, a
exprimé, au nom de ses collègues, reconnaissance et engagement. « Les mots
manquent aux émotions, disait Victor Hugo. En ce jour qui marque
l’aboutissement de deux années de formation et de rêves partagés, nous tenons à
exprimer notre profonde gratitude», a-t-elle assuré. Elle a salué l’encadrement
de l’Efpj, la rigueur de la direction et la qualité des enseignements reçus. «
Aujourd’hui que s’ouvre un nouveau chapitre de nos vies professionnelles, nous
sommes conscients des défis et de la responsabilité qui sont les nôtres. Nous
nous engageons à exercer nos fonctions avec dévotion et une profonde probité,
en gardant à l’esprit l’idéal de justice. »
Le ministre de la Justice a rappelé que cette nouvelle
génération de magistrats entre dans la profession à un moment où des réformes
importantes sont en cours. Il a insisté sur deux valeurs fondamentales :
l’intégrité morale, qui exclut toute partialité intéressée, et le respect du
service, qui implique ponctualité et discipline. « Nous allons ensemble porter
des dynamiques nouvelles en matière de gestion du temps judiciaire. Faites
votre job honnêtement et laissez-vous grandir prudemment», a-t-il exhorté.
La sortie de cette troisième promotion marque une étape
importante dans le processus de rénovation de la justice béninoise. Portés par
leur formation, leur serment silencieux et l’espérance collective, ces 80
nouveaux magistrats sont appelés à incarner les valeurs d’une justice
équitable, indépendante et humaine, au service du peuple.
Les nouveaux magistrats posant avec les officiels