La Nation Bénin...
Le personnel non magistrat et non greffier du ministère de la Justice, de la Législation et des Droits de l’Homme est mécontent. Réuni au sein du Syndicat national des travailleurs de la Justice (SYNTRA-Justice), ils ont fait hier un sit-in pour exprimer leur ras-le-bol face à la non satisfaction de certaines de leurs revendications comme les primes d’audience et de carburant.
Hier à 8 heures, la protestation des travailleurs du SYNTRA-Justice a pris la forme d’un sit-in. Tee-shirts rouges et bandeaux rouges au front, ils ont investi la devanture du ministère de la Justice. Les riverains ont été accueillis par le vacarme des vuvuzela et des gongs. On pouvait entendre des chants hostiles à l’autorité de tutelle, le ministre Valentin Djènontin et au gouvernement de Boni Yayi. Au fur et à mesure que leur nombre grossissait, le bruit prenait de l’ampleur. Aux environs de 9 heures le secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (CSTB) Paul Essè Iko, centrale à laquelle le SYNTRA-justice est affilié, fit son apparition. Sa venue a galvanisé davantage les manifestants. Les chants hostiles au gouvernement ont repris de plus belle. Peu de temps après, le ministre Valentin Djènontin est arrivé accompagné d’un impressionnant dispositif sécuritaire. Paul Essè Iko prendra ensuite la parole pour demander aux travailleurs de continuer l’animation jusqu’à ce qu’il descende pour écouter ce qu’ils ont à dire.
9h 30mn, le ministre Djénontin et son cabinet entourés des forces de l’ordre descendent et prennent position. Pour Paul Essè Iko, c’est déjà une victoire que d’arriver à faire descendre le ministre. Il ne comprend pas pourquoi le ministre de la Justice n’écoute pas ses travailleurs. « La Justice réclame justice. C’est le peuple qui parle. Vous êtes bien placé dans le gouvernement pour répondre aux doléances de vos agents. Pourquoi est-ce que vous ne le faites pas ? Est-ce que Dieu sera content si vous faites souffrir vos frères ? », s’est-il demandé connaissant le côté religieux du ministre. C’est alors que le secrétaire général du SYNTRA-Justice, Kuassi Cakpo Bessé a lu la motion. Il a fustigé les comportements dégradants et provocateurs dont sont victimes chaque jour les travailleurs. Ils sont tout particulièrement remontés contre le secrétaire général du ministère Olivier Luc Fortuné Ghézo qui a refusé unilatéralement de parapher l’arrêté concernant la prime d’audience sous le prétexte que ces travailleurs ne font pas d’audience à la chancellerie. Ils reprochent au ministre de n’avoir rien fait pour décanter la situation, ni pour les primes d’audience, ni pour la carburation. Pis, a estimé le secrétaire général, le ministre les fait tourner en rond dans des discussions à n’en point finir et des promesses jamais tenues. « Par ce sit-in, nous venons de signer la fin de la récréation. En conséquence nous déclarons tous les lundis morts et une grève de 72 heures à compter du mardi 3 février», a-t-il annoncé.
Le ministre Valentin Djènontin prendra ensuite la parole pour reprocher aux travailleurs de n’avoir pas tenu leur parole, en prenant d’assaut la devanture du ministère au lieu de rester dans l’enceinte du ministère comme cela a été précisé dans leur lettre. Il a évoqué un passage de la Bible qui évoque que les travailleurs doivent se soumettre à leur autorité car toute autorité vient de Dieu. Remerciant le SG/CSTB pour sa médiation, il a promis d'œuvrer pour calmer la tension afin que la Justice, en tant que pilier de la démocratie, soit une maison forte.
«J’ai fait référence à Dieu pour toucher votre cœur car je sais que la religion est votre second métier. Mais vous devez aussi savoir que nous sommes dans un Etat républicain et non dans un Etat théocratique. Dès lors toute autorité vient du peuple», a laissé entendre Paul Essè Iko avant de demander aux manifestants de rentrer chez eux dans le calme et la discipline.