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Suite à la révision de la Constitution: Si le Sénat nous était expliqué

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A la suite de la révision constitutionnelle intervenue ce 15 novembre 2025, les interprétations fusent autant que les interrogations, quant au sens et à la portée de cette opération, notamment  la création du Sénat. Quels en sont les réels acquis ? 

Par   Jonas KOUYOU (Collaboration extérieure), le 21 nov. 2025 à 01h58 Durée 3 min.
#Révision de la Constitution

A la suite des débats tenus par les députés, toutes tendances confondues, la volonté de l’Assemblée nationale s’est traduite par un vote consacrant la révision constitutionnelle.  Avec à l’actif de fortes mesures visant un renforcement institutionnel, la stabilité politique, ainsi que le développement et l’unité nationale.

Il en est ainsi de la création d’un Sénat, qui se révèle être une institution forte au service de la stabilité politique et institutionnelle du Bénin et de son développement. Ce sont les termes de l’article 113-1 qui portent cette occurrence, à travers les dévolutions de cet organe dont les missions consistent à “réguler la vie politique pour la sauvegarde et le renforcement des acquis de l’unité nationale, du développement de la Nation, de la défense du territoire, de la sécurité publique, de la démocratie et de la paix” ; mais aussi pour “veiller aux mœurs politiques, au renforcement et à la continuité de l’Etat ainsi qu’à la stabilité politique”...

Ces dévolutions du Sénat concordent avec la qualité des membres y siégeant de droit. Ce sont en effet d’anciens présidents d’institutions de la République auxquels s’ajoutent d’autres membres d’envergures quasi identiques pour avoir occupé des fonctions régaliennes pour la plupart. En somme, des dépositaires de la mémoire du fonctionnement de notre pays, qui grâce au Sénat pourront continuer à être utiles à leur pays.

Gardien du temple

Une dynamique de haute portée républicaine d’autant plus qu’elle est compatible avec un certain fonds culturel béninois, selon lequel les anciens, considérés comme sages en raison de leurs riches expériences, bénéficient du respect de la société et sont consultés en cas de difficultés majeures. Ce rôle de garants de la cohésion et de la paix sociales, est mis en relief avec l’avènement du Sénat.

Envisagé tout juste après la conférence nationale, cet organe à forte valeur culturelle  qui sublime nos coutumes, va pouvoir faire œuvre d’utilité sur la plan politique. Et Dieu sait que la sphère politique, au Bénin, au regard de certains travers observés,  s’accommoderait bien de gardiens du temple pour amener les acteurs politiques à toujours mettre en avant l’intérêt supérieur de la nation. Ne serait-ce que pour réguler et pacifier les mœurs politiques, notamment chez certains acteurs politiques qui, en raison de leur opposition au pouvoir en place, n’hésitent pas à comploter contre le pays, à mettre en péril les intérêts du pays en pensant nuire à celui qui est au pouvoir!

Il n’est pas rare, en effet, que des acteurs politiques s’illustrent par leurs actes et propos susceptibles de porter atteinte à l’unité nationale, au développement de la Nation, à la défense du territoire, à la sécurité publique, à la démocratie et à la stabilité politique du pays. Cas notoire de ces acteurs politiques qui soutiennent que “le Bénin abrite des bases militaires étrangères”, sachant bien que de telles allégations sont fausses, tout en ternissant la réputation du pays. Ceux-là, tout comme ceux qui appellent les populations de différentes régions à se battre les unes contre les autres, se confronteront désormais à la vigilance du Sénat, appelé à veiller à ce que les acteurs politiques aient une éthique comme il y en a dans d’autres corps.

Soumis à l’obligation de réserve politique, et donc affranchis des contraintes politiciennes, les Sénateurs disposent du pouvoir de soumettre à leur sagacité, en raison de l’avis de non objection du Sénat avant leur promulgation, les lois constitutionnelles, les lois électorales, les lois organisant la vie des partis politiques et leurs activités. Selon l’article 113-4 alinéa 2 de la nouvelle Constitution, les Sénateurs peuvent bloquer l’adoption d’une loi jugée crisogène par exemple, une loi dont la mise en œuvre menace la stabilité du pays. A noter que pour garantir l’impartialité du Sénat et, par conséquent, l’objectivité de ses décisions, le législateur l’a dépourvu du pouvoir d’initier des lois parce que ses membres ne sont pas élus. Toutefois, ils peuvent faire les arbitrages d’opportunité et de pertinence sur saisine du chef de l’Etat, en raison de la somme d’expériences de ses membres.