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Tentative de coup d’État: Un crime contre le progrès!

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La mutinerie perpétrée contre le président Patrice Talon n’est pas seulement une attaque dirigée contre un homme; elle constitue, dans toute sa gravité, une blessure profonde infligée à la nation entière. Elle est un affront à la paix chèrement acquise, à la stabilité patiemment construite, et au rêve collectif d’un Bénin moderne, attractif et respecté dans la sous-région. 

Par   Jérôme Bibilary, le 15 déc. 2025 à 06h37 Durée 3 min.
#Tentative de putsch

Il y a une semaine, le Bénin a frolé le pire, avec la tentative de putsch. Ce qui a été visé ce jour-là, ce n’est pas uniquement l’intégrité d’un chef d’État, mais l’équilibre fragile de tout un pays, l’espoir de millions de citoyens et l’image internationale durement construite au fil des ans. Les pertes humaines survenues au cours de cet évènement tragique ajoutent aussi au drame une dimension encore plus douloureuse. Parmi elles, la disparition de Berthe Bada, épouse du général Bertin Baba, demeure l’un des symboles les plus poignants de la barbarie et de l’absurdité d’un tel acte. Une vie innocente, arrachée dans un contexte où nul ne devrait perdre la sienne pour des ambitions politiques ou militaires. Son nom restera à jamais associé à l’injustice de ce moment sombre, rappelant que derrière chaque crise, chaque manoeuvre insurrectionnelle, il y a des familles brisées, des destins fauchés, des cicatrices qui peinent à se refermer.

Mais encore, cette tentative de déstabilisation vient écorcher une partie de la confiance accumulée au prix d’efforts considérables. Depuis plusieurs années, le Bénin s’était engagé dans une transformation profonde, visant à hisser le pays au rang des destinations les plus attractives de la région: réformes structurelles, modernisation des infrastructures, assainissement de l’économie, renforcement de la sécurité, amélioration du climat des affaires. Tout concourait à faire du « Bénin nouveau » une réalité tangible. Des investisseurs étrangers, séduits par cette dynamique, participent ou nourrissent l’envie de contribuer à cette renaissance. Des touristes, curieux et enthousiastes, redécouvent un pays où l’on peut voyager en paix, admirer la culture et sentir le vent de renouveau.

L’image d’une nation stable peut toutefois se détériorer en un seul instant et cette tentative de coup d’État s’inscrit précisément dans cette catégorie de chocs susceptibles d’effrayer les plus audacieux et de stopper brusquement un élan pourtant prometteur. D’où les condamnations: plus jamais ça!

Le Bénin n’a jamais été un pays de violences politiques récurrentes. Les Béninois, dans leur immense majorité, ont toujours fait le choix de la paix, parfois même au prix de lourds renoncements, car ils savent que la paix est le socle de tout développement durable. Certes, le climat politique actuel est loin d’être parfait. Les critiques se font, et c’est là le propre d’une société vivante, aspirant à mieux. Mais une vérité demeure: un coup d’État n’a jamais été, nulle part, une solution durable aux dysfonctionnements d’un État ou aux divergences politiques. Il détruit plus qu’il ne résout ; il divise plus qu’il ne rassemble ; il replonge un pays dans l’instabilité au moment même où il devrait poursuivre son ascension.

Les Béninois méritent mieux que la peur. Ils méritent mieux que la violence politique. Ils méritent un avenir construit sur le dialogue, la justice, la critique constructive, les institutions solides, la responsabilité des dirigeants et la maturité des citoyens. Ceux qui ont tiré, organisé, financé ou encouragé cette tentative ont commis un crime contre la République, un crime contre le peuple et un crime contre l’idée même de progrès. Car la démocratie n’est pas un terrain de conquête par la force; elle est un espace d’échange, de contestation pacifique, de compétition régulée par la loi et d’alternance par les urnes.

Il est donc essentiel, pour la mémoire des victimes, pour la cohésion de la Nation et pour le respect de notre destin collectif, que cet épisode serve d’avertissement. Le Bénin ne peut, et ne doit jamais, s’autoriser à revenir sur le chemin dangereux de la déstabilisation politique. Le choix de la violence est une impasse; celui de la paix, bien qu’exigeant, est la seule voie qui mène vers la prospérité. Refuser le coup d’État, condamner fermement toute tentative de prise du pouvoir par les armes, ce n’est pas soutenir un homme. C’est protéger une nation. C’est affirmer que le Bénin est plus grand que nos colères, s’il y en a, plus important que nos frustrations, même si elles existent, et plus précieux que les ambitions de quelques-uns. C’est choisir l’avenir. Et c’est, surtout, honorer la mémoire de ceux qui ont payé de leurs vies le prix de cette folie.