A travers son premier ouvrage: ‘’Envoûtée par le Bénin’’, Delphine Bousquet Hazoumè témoigne

Le Bénin est envoûtant au sens propre comme figuré. Depuis plus de 20 ans qu’elle y réside, Delphine Bousquet Hazoumè n’a pas eu de cette terre qu’un mari qu’elle a choisi et aimé et un fils. Elle a pris à la terre de Béhanzin, bien plus que cela. « Bénin, envoûtement africain », son premier ouvrage, relate son contact avec cette terre si fertile, riche de nombreuses réalités. Récits, entretiens, témoignages, etc., tel est le condensé de l’ouvrage que vient de publier la collection « L’âme des peuples ». Bien plus qu’un livre ou encore un guide, l’œuvre de Delphine est une expérience unique pour chaque lecteur. On y apprend des choses différentes, selon qu’on connait le Bénin ou qu’on ne l’a jamais connu. « C’est un livre, il faut le lire », relate l’auteure. « Un visiteur qui n’est jamais venu au Bénin va tout apprendre en lisant les entretiens. Quelqu’un qui vit au Bénin va peut-être se dire, ça je le savais sur l’histoire, mais je ne pensais pas que ça avait eu ces conséquences-là ou je ne pensais pas que ça avait ces implications-là sur le Bénin. Donc tout dépend de la personne qui lit », explique Delphine. « En 2008, j’ai décidé par amour de venir m’installer au Bénin. Et en 16 ans de vie au Bénin, j’ai beaucoup appris sur la vie, sur l’humanité. C’est ma façon de rendre au Bénin ce que le Bénin m’a donné. Pas seulement un mari », exprime-t-elle. En vivant ici, confesse-t-elle, elle a surtout appris « à relativiser les choses », car toute chose qui arrive l’est pour une raison, une bonne surtout.

Trois grands entretiens charpentent l’ouvrage. D’abord avec un historien, choisi pour sa connaissance de l’histoire globale du pays, une sociologue et un guide. Delphine a aussi assaisonné les pages avec quelques récits. Voyageuse dans le temps et l’espace, elle parcourt le pays avec le lecteur et se fait son guide à travers récits, anecdotes et témoignages. Son récit est suivi d’entretiens avec l’historien Bellarmin Coffi Codo, la sociologue Yvette Onibon Doubogan et le guide et chercheur Theo Kossi Gbenako Atrokpo. Delphine relate la passionnante histoire d’un pays qui se laisse découvrir avec ses mille facettes. Des histoires incroyables, des faits surréalistes, des évènements qui ne peuvent avoir un sens que sur cette terre envoûtante, le Bénin connu et inconnu, où se côtoient également entre les lignes de ce livre les forces des choses de l’ombre ou même dans l’ombre. « J’avais envie de dire sur le présent et sur le futur. Je cherchais des gens qui n’allaient pas épouser ma vision, mais qui pourraient exprimer les idées que moi-même je voulais exprimer. Je voulais leur faire dire quelque chose… Ce n’est pas comme si j’étais seule à écrire. Ces trois personnes ont cru au projet. Elles y ont adhéré », explique Delphine dans un entretien à bâtons rompus. Pour ce qui est du titre de l’ouvrage, si sa première lecture peut renvoyer à une formule marketing bien trouvée par une auteure qui, pendant longtemps, s’est fait très active sur le terrain journalistique, il n’en est rien dans la réalité. 

Certaines scènes à la limite surréalistes relèvent pourtant du quotidien. Delphine part aussi à la rencontre de trois moments : hier, aujourd’hui et demain. Le Bénin d’aujourd’hui y prend une belle place aussi. Le Danxomè d’hier qui se transforme tout en misant gros sur le développement culturel, touristique et économique n’échappe pas à l’attention de celle qui dans les rues, se fait vite appeler « notre sœur ». Cet ouvrage, il faut le lire pour en saisir la quintessence, il s’apparente à une expérience unique de quelqu’un qui cherche à découvrir l’âme des peuples. « Je ne parle pas de moi. Ce dont je parle, c’est la relation que les gens ont avec les ancêtres... C’est quelque chose de concret. C’est quelque chose de quotidien, qui transcende les milieux sociaux, les origines ». En tout cas, Delphine Bousquet Hazoumè est formelle. Si en Afrique, il y a d’abord un pays avec une âme, c’est le Bénin.