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Au Brésil: Nadia Adanlé positionne l’indigo comme un patrimoine transatlantique

Culture
La présence béninoise au Brésil s’inscrit dans une continuité historique et mémorielle La présence béninoise au Brésil s’inscrit dans une continuité historique et mémorielle

La créatrice et promotrice culturelle béninoise Nadia Adanlé, fondatrice de Couleur indigo, prend part depuis quelques jours à une initiative académique et artistique qui explore les liens profonds entre l’Afrique et ses héritages transatlantiques. Invitée à donner conférences et ateliers au Brésil, elle porte avec elle un savoir-faire ancestral, l’indigo.

Par   Josué F. MEHOUENOU, le 20 août 2025 à 11h40 Durée 3 min.
#indigo africain

La participation de Nadia Adanlé, créatrice et promotrice culturelle béninoise, fondatrice de Couleur indigo, à de nombreux projets de valorisation patrimoniaux au Brésil vise à donner plus de lumière aux savoir-faire ancestraux partagés de part et d’autres de l’Atlantique. Le projet « Échos de la diaspora» rappelle l’importance de la circulation des savoirs et pratiques culturels entre l’Afrique et les Amériques. Il témoigne aussi de la vitalité des échanges artistiques et mémoriels qui continuent de nourrir l’identité des peuples afrodescendants. Il est un carrefour d’échanges et de préservation des mémoires. Ce projet est piloté par deux groupes de recherche prestigieux. Il s’agit de Balaio Fantasma de l’Université fédérale de Bahia, sous la direction de la professeure Paola Barreto, et Africas nas artes de l’Université fédérale du Reconcavo de Bahia coordonné par la professeure Émi Koidé. L’une des principales activités de ce projet est « Ocupa de la Casa de Benin », une programmation culturelle et scientifique qui se déploie jusqu’au 20 septembre 2025 à Salvador et Cachoeira. Au menu, conférences, expositions, rencontres, performances et ateliers.

« J’y suis pour donner des conférences et organiser des ateliers aussi bien à Salvador qu’à Cachoeira », confie Nadia Adanlé. Pour la promotrice de Couleur indigo, la présence béninoise au Brésil ne se limite pas à une simple participation à des activités universitaires. Elle s’inscrit dans une continuité historique et mémorielle. «L’indigo fait partie des savoir-faire exportés par nos ancêtres esclavagisés. Notre présence ici positionne l’indigo comme une mémoire, un patrimoine transatlantique », explique-t-elle. Dans cet univers diasporique, poursuit-elle, la mémoire, qu’elle soit collective ou individuelle, devient « le refuge d’une Afrique lointaine mais toujours proche à travers la culture ».

Joint par notre rédaction alors qu’elle poursuit son séjour en terre brésilienne, la promotrice apprécie cette « expérience spirituelle et humaine » comme un moment tout singulier. Elle avoue être profondément marquée par cette immersion. «Je ressors de cette expérience transformée. Je m’interroge désormais sur la circulation du patrimoine, l’héritage et les mémoires partagés autour de cette teinture ancestrale, un lien transatlantique aussi bleu, sinon plus bleu que l’océan qui nous sépare », confie-t-elle avec émotion. Pour elle, ce séjour dépasse largement le cadre académique. « Je suis venue co-animer des conférences, mais j’ai partagé bien plus que des mots, des rencontres, des émotions, des étreintes. Venir ici, c’est vivre un pèlerinage », témoigne Nadia Adanlé.

Le Waji, l’indigo de l’autre rive

Au fil de ses explorations, Nadia Adanlé a découvert au Brésil le waji, une teinture indigo ancestrale issue de la tradition afro-brésilienne. « Sur les chemins de l’indigo, j’ai découvert le waji, cet indigo ancestral de l’autre rive Atlantique», raconte-t-elle. Ce parallèle entre les pratiques béninoises et brésiliennes illustre la continuité et la transformation d’un même patrimoine culturel partagé. « Cet océan qui nous sépare devient un chemin, une passerelle. Nos mémoires s’y croisent et nos cultures s’y répondent », résume-t-elle. À travers l’indigo, ce bleu qui relie deux continents, Nadia Adanlé tisse un récit d’unité et de résilience. Un récit qui rappelle que le patrimoine africain, loin d’être figé dans le passé, continue de vivre et de se réinventer, au-delà des rives. L’Atlantique, cet espace de douleur et de séparation, devient dans ses mots un symbole d’union. « L’océan Atlantique nous sépare, mais nos cœurs battent à l’unisson. Cet océan est en nous : il coule dans nos yeux, il résonne dans nos étreintes, il gronde dans nos mémoires », conclut la promotrice.