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Cinéma africain: Cotonou accueille l’avant-première francophone du film “3 Cold Dishes”

Culture
Les différents acteurs annonçant l'avant-première du film “3 Cold Dishes” Les différents acteurs annonçant l'avant-première du film “3 Cold Dishes”

Le film “3 Cold Dishes”, une œuvre panafricaine ambitieuse produite par la star internationale Burna Boy et réalisée par le cinéaste nigérian Asurf Oluseyi a été présenté sous l’égide de l’Agence de Développement des Arts et de la Culture (Adac), mercredi 19 novembre dernier à Cotonou.

 

Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 21 nov. 2025 à 14h58 Durée 3 min.
#Cinéma africain

Après Londres et Lagos, Cotonou devient la première ville francophone à accueillir l’avant-première de ce long métrage tourné majoritairement au Bénin et porté par un casting exceptionnel composé de talents venus de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Le film “3 Cold Dishes”, est un thriller panafricain qui sera projeté en avant-première, dimanche 23 novembre au Palais des Congrès de Cotonou. L’Adac, partenaire clé du projet, accompagne cette production depuis la phase de tournage, consciente de l’impact qu’un film de cette ampleur peut avoir sur l’économie créative et le rayonnement culturel du Bénin. 3 Cold Dishes, sous-titré « La vengeance est un plat qui se mange froid », est un thriller haletant de deux heures inspiré d’une histoire vraie. Il raconte le destin tragique et bouleversant de trois jeunes filles victimes de traite humaine, trahies par des membres de leur propre famille ou par des figures en qui elles avaient placé une confiance naïve et profonde. L’une d’elles est vendue par son pasteur, les deux autres par leur oncle. Ces blessures deviennent le moteur d’un récit de vengeance qui traverse quatre pays à savoir, le Nigeria, la Côte d’Ivoire, la Mauritanie et principalement le Bénin.

Pour le producteur Martial Dansou, ce film n’est pas seulement un divertissement. C’est un acte de dénonciation, un miroir tendu vers des pratiques clandestines et inhumaines encore présentes dans certaines régions du continent. « C’est une histoire de tristesse, mais aussi de résilience. Ces filles n’ont pas accepté d’être définies par leur passé. Elles se battent, elles se relèvent et elles réclament justice », a-t-il expliqué. Plus de 60 % du film a été tourné au Bénin, un choix mûrement réfléchi selon les promoteurs. Le producteur met en avant le paysage unique du Bénin, mais surtout ses infrastructures en plein développement qui en font « une plateforme tournante du cinéma en Afrique de l’Ouest ». Des lieux emblématiques comme Ganvié, Porto-Novo, Grand-Popo, des espaces urbains, des temples vodun et des sites naturels ont servi de décor à cette production de grande envergure. Le film a même intégré un festival vodun authentique, organisé spécialement pour assurer la justesse culturelle des scènes, preuve du souci de précision et de respect des traditions locales.

Les acteurs béninois, nombreux à figurer au casting, ont eux aussi exprimé leur fierté.

Sourou Govoeke, qui incarne la jeune Fatouma, raconte un rôle chargé d’émotions : « J’incarne une adolescente trahie par un homme qu’elle aimait, vendue à la prostitution. Ce rôle m’a bouleversée, mais il révèle une réalité que vivent encore trop de jeunes filles en Afrique. » Avana Rodolphe, qui joue Zadi, l’homme de main qui aide les héroïnes dans leur vengeance, insiste sur la dimension humaine et sociale du film : « Ce film dévoile ce qui se passe dans l’ombre. C’est un message de vigilance. Il faut arrêter de confier nos enfants aux mauvaises personnes. »

Quant à Aldot Issofou Bossou, acteur béninois chevronné, il incarne le Général Banda, un personnage complexe que le réalisateur lui a confié après plusieurs auditions. Il confie avoir été surpris par la profondeur du scénario et surtout par la qualité du travail d’équipe : « C’est un film panafricain qui prouve que nous pouvons travailler ensemble, anglophones et francophones, pour créer des œuvres majeures. Et pour moi, c’est une fierté que l’avant-première francophone se tienne ici, au Bénin. »

Le directeur du Cinéma de l’Adac, Faissol Gnonlonfin, a également salué la collaboration exemplaire entre la production et l’institution. Suivant le projet depuis deux ans et demi, il a rappelé le rôle stratégique de l’Adac dans l’accompagnement des tournages internationaux, la structuration de l’industrie cinématographique et la promotion des œuvres africaines. « Ce film est l’illustration parfaite de ce que nous souhaitons bâtir : une industrie créative forte, professionnelle et ouverte sur le monde », a-t-il déclaré. L’avant-première du 23 novembre marquera le début de la diffusion du film dans l’ensemble des pays francophones. Le Bénin a l’honneur d’être le point de départ de cette phase stratégique qui s’étendra ensuite à Abidjan et Dakar. Une opportunité unique pour le public béninois de découvrir en exclusivité un film qui met à l’honneur son territoire, sa culture et ses talents.

Les équipes du film comme celles de l’Adac appellent la population à se déplacer massivement pour soutenir cette œuvre qui célèbre l’Afrique, ses histoires et ses voix. Une soirée qui s’annonce comme un moment fort pour le cinéma béninois et panafricain, le 23 novembre prochain au Palais des congrès de Cotonou.