La Nation Bénin...
Les relations séculaires entre le Bénin et les
Pays-Bas ne se focalisent plus seulement sur les domaines traditionnellement
connus. Les deux pays, forts de leurs passé et histoire communs, projettent une
collaboration au plan culturel. A cet effet, une mission néerlandaise séjourne
dans les prochains jours avec en toile de fond des activités culturelles.
Un passé commun mais douloureux et important
pour les deux pays. Une page noire qui mérite d’être reconnue pour permettre de
construire un avenir durable sur la base de cette histoire. C’est ainsi que
Joris Jurriens, ambassadeur des Pays-Bas près le Bénin présente le tableau des
relations culturelles que le Bénin amorce avec son pays. Pendant longtemps, le
Bénin et son pays ont coopéré dans de nombreux domaines de développement avec
des résultats probants sans garder un œil sur la culture. Désormais, ils veulent
y travailler. Les discussions avec le ministère en charge des Arts évoluent à
ce propos et accouchent déjà de projets. Cette relation, le diplomate
néerlandais la veut baser sur l’inclusivité et n’a de cesse de rappeler que les
peuples des deux pays ont des liens historiques et culturels forts. L’année
2023 se veut même symbolique à plus d’un titre, soutient Joris Jurriens qui
rappelle que les Pays-Bas ont célébré cette année, les 150 ans de l’abolition
de l’esclavage. Occasion saisie par le roi pour « présenter ses excuses pour
l’esclavage ». Cela est important parce qu’une partie du royaume a une forte
histoire relationnelle avec le passé de l’esclavage. Du côté du Bénin,
soutient-il, des manifestations en lien avec la même thématique ont eu lieu.
Autant d’éléments qui l'amènent à soutenir la
nécessité d’une franche collaboration au plan culturel, tant les deux pays ont
à partager pour mieux s’engager pour le futur.
Cette « page noire », l’ambassadeur appelle à l’embellir par une bonne
connaissance des deux peuples à travers diverses actions et initiatives. «
Promouvoir un futur meilleur par la culture pour construire une société
inclusive», telle sera l’exhortation finale de l’ambassadeur qui annonce la venue
prochaine à Cotonou de deux personnalités du monde culturel de son pays. John
Leerdam et madame Peggy Brandon viennent à Cotonou un peu comme pour booster
cette coopération qui nait avec les dents, dans le but de servir les arts et la
culture du Bénin et des Pays-Bas.
Compagnonnage bénéfique
Côté Bénin, on se tient prêt pour le challenge.
La politique d’ouverture et de promotion de l’identité culturelle actuellement
conduite par les responsables en charge de ces secteurs en est la preuve. La
culture comme levier de développement, le Bénin l’expérimente fort bien et en
tire déjà des dividendes, assure au nom du ministre, son conseiller technique
Florent Couao Zotti. « Nous avons amorcé
une nouvelle phase de cette coopération en articulant nos préoccupations sur la
culture. Nous sommes très heureux de commencer cette coopération… Nous
partageons avec les Pays-Bas une histoire certes un peu douloureuse mais qui a
permis de construire des ponts, de générer de nouvelles coutures historiques et
artistiques qui nous permettent aujourd’hui de regarder dans la même
direction», apprécie-t-il. Ce nouveau compagnonnage avec la culture dans toute
sa globalité plait bien à Florent Couao Zotti. « Nous aimerons faire des
partages, des renforcements de capacités, prendre la mesure de ce que les
Pays-Bas peuvent nous apporter en matière de structuration des industries
culturelles pour partager ce qui est fait là-bas », poursuit-il. L’histoire
douloureuse de ces deux peuples, selon lui, a généré une nouvelle culture et a
permis d’enrichir le monde à travers des entités à la fois cultuelles et
culturelles. Il faut donc exploiter cette proximité culturelle pour initier des
projets de création comme par exemple celui d’un musée de l’esclavage,
projette-t-il.
Léopold Messan, un des acteurs clés de cette
collaboration naissante a honoré à
Cotonou le rendez-vous de la conférence de presse qui a permis de dévoiler le
premier projet de cette nouvelle coopération. Il en est heureux et surtout fier
de voir que le vodoun sera révélé autrement. Aussi, ne cache-t-il pas sa joie
de voir que le patrimoine culturel aussi bien du Bénin que du Togo sera mis en
lumière.
Rendez-vous culturel
Pour Carole Borna, Conseiller technique aux
arts du ministre en charge du secteur, il y a lieu d’accompagner cette
initiative. Et le premier projet que vient d’accoucher cette coopération
naissante « annonce de belles perspectives ». Littérature, vodoun, musique,
arts… Tout doit être mis dans la balance pour rendre cette coopération
bénéfique aux deux parties. Heureuse, elle l’est enfin des prémices d’une
collaboration qui promet plus de visibilité à l’histoire liée à l’esclavage.
Vendredi 1er décembre prochain, au cours d’une soirée culturelle, Ekue Léopold Messan et Harmony's Brass Band conteront l’histoire de l’esclavage et ce qui le lie au vodun et à la musique moderne à travers le livre du néerlandais Leendert van der Valk. Ceci, à l’occasion d’une conférence musicale autour de la thématique de l’influence du vodun sur la musique par l’esclavage. Dans son livre « Voudou : de la Nouvelle-Orléans à Cotonou au rythme des dieux», Leendert van der Valk voyage en effet de la Nouvelle-Orléans à Haïti, Curaçao, au Suriname, au Togo et au Bénin, à la recherche de la relation entre le vodun et la musique moderne. Tout ceci reste à découvrir à l’occasion de cette soirée.