La Nation Bénin...
L’exposition
de dessins de presse en hommage à Ghislaine Dupont et Claude Verlon est au
Bénin. Elle est à découvrir dans les locaux de la Bibliothèque Bénin Excellence
de Godomey du 29 octobre au 3 novembre.
« C’est
pour Claude et Ghislaine que nous sommes là ». Les journalistes béninois,
à l’instar de leurs pairs du monde entier, peinent à oublier le drame de Kidal.
« C’est comme un miroir qui nous suit partout, sur chaque terrain de
reportage », s’émeut un jeune journaliste béninois devant l’exposition
réalisée en hommage à la journaliste de Rfi et à son technicien. L’encre
déposée par ces nombreux dessinateurs de presse rappelle les menaces qui
planent sur ceux qui optent pour le devoir d’informer. « Kidal, attention
au-delà de cette limite, la liberté d’informer n’est plus valable »,
lit-on sur l’une des œuvres. Une autre présente des hommes cagoulés tirant à
bout portant sur des journalistes micro en main. On en voit aussi une autre qui
expose deux crânes d’où émergent des racines avec un micro à leur bout. Lutter
contre l’oubli, c’est tout le sens de cette exposition dont les œuvres
interpellent tout visiteur et le plongent dans l’émotion devant les menaces
multiples du quotidien de l’exercice du métier de journaliste. Autant l’émotion
est visible, palpable pour les hommes de la plume et du micro, autant il l’est
pour les visiteurs qui en repartent pour la plupart émotifs, mais surtout
interpellés.
Le
Bénin étant à l’honneur, cette année, pour la onzième édition de la Bourse
Ghislaine Dupont et Claude Verlon attribuée par Rfi, une série de
manifestations connexes s’y organise. Le Bénin reçoit ainsi, pour la première
fois et dans les locaux de la bibliothèque « Bénin excellence » de la
Fondation Vallet à Godomey, les nombreux dessins réalisés en hommage à ces deux
professionnels. Une exposition qui vise à rejeter l’oubli autour de la mort de
ces reporters. Le 2 novembre 2013, quatre jours après la libération des otages
d’Arlit au Nord du Mali contre une très forte rançon, deux envoyés spéciaux de
Rfi, Ghislaine Dupont, grand reporter et Claude Verlon, technicien son, sont
enlevés puis assassinés dans le désert à la sortie de Kidal. En hommage, une
cinquantaine de dessinateurs se sont mobilisés spontanément, pour enrichir
cette exposition évolutive et itinérante.
Dans
son tour du monde pour engager le débat contre l’impunité autour des crimes
commis contre les journalistes et en hommage aux deux reporters, Cotonou
s’invite parmi les villes hôtes de l’exposition à la suite des assises du
Réseau Dupont-Verlon pour le journalisme d’investigation (Reji). Danielle
Gonod, présidente de l’Association des amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon,
insiste sur le besoin de témoigner « pour que la liberté de la presse,
pilier de la démocratie soit préservée ». Le choix des dessins de presse
n’est d’ailleurs pas anodin. L’association veut emprunter leur langage
universel qui brise les barrières de langue et de frontières. Cette exposition
évoque la question des atteintes à la liberté de la presse à travers le sort
des journalistes, qui de témoins sont devenus des cibles. Cette exposition a
déjà voyagé en Europe, en Afrique et aux Etats-Unis, où elle a été présentée au
siège de l’Onu le 2 novembre 2019.
L'Association
des Amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon a été créée en mars 2014 pour
concourir à la manifestation de la vérité sur leur mort et pour obtenir justice
pour Ghislaine et Claude. Elle a initié de nombreux évènements artistiques,
dont cette exposition « Dessiner pour ne pas tirer un trait » dans le
cadre d'un travail mémoriel■