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Exposition « L’Essence pure sans bruit » de Julien Vignikin: Des œuvres inspirées de la tradition et du vécu des peuples

Culture
Julien Vignikin et Béatrice Dossou-Yovo Julien Vignikin et Béatrice Dossou-Yovo

Les œuvres de Julien Vignikin en exposition à la Maison rouge en collaboration avec Béatrice Dossou Yovo, commissaire de l'exposition, du 7 novembre au 1er décembre 2024, donnent une image des masques africains à partir de douelles de tonneaux de vin usagés. « L’Essence pure sans bruit », titre de cette exposition, fait découvrir au public, sculptures et tableaux, avec le masque comme dénominateur commun, lesquels dialoguent sur des sujets sociétaux, qu’ils soient du passé, du présent ou même du futur.

Par   Ariel GBAGUIDI, le 19 nov. 2024 à 12h22 Durée 2 min.
#Arts et culture

La vingtaine de sculptures et de tableaux présentés par Julien Vignikin pour sa première grande exposition, explore plusieurs thématiques. Essentiellement, les sculptures, en forme de masques africains fabriqués à base de douelles de tonneaux de vin, évoquent la culture et l’importance du masque traditionnel africain. Ces sculptures permettent surtout aux occidentaux qui n’ont pas la chance de découvrir un masque africain ou qui sont encore frileux à l’idée de voir un masque africain en raison des préjugés, de voir à quoi cela pourrait ressembler.

« Mon travail a été de réinventer le masque avec de douelles de tonneaux de vin que je récupère dans les vignobles en région de Bourgogne. Donc, c'est un travail où je suis amené à donner une nouvelle lecture à l'art traditionnel africain, en gardant le vocabulaire de l'art traditionnel africain associé à des matériaux qui sont recyclés, puisque les vieux tonneaux ne servent plus à rien », explique l’artiste. « Ce masque se veut, ajoute-t-il, épuré et très minimaliste ».

Julien Vignikin voudrait ainsi donner une lecture plus facile du masque africain aux personnes qui ont toujours tendance, quand on leur parle du masque africain, à se sentir mal à l'aise. « Moi, j'ai remonté le masque avec des douilles de tonneaux de vin, avec un graphisme qui peut être abstrait, mais je garde en présence quand même cette trame de l'art traditionnel africain», précise l’artiste.

A côté des sculptures, il y a aussi des peintures. Ces toiles ont un dénominateur commun : ‘‘le squelette’’ du masque. « On peut voir apparaître dans les étoiles ce qu'on appelle le squelette du masque qui s'associe avec des personnages qui sont soit couchés ou debout. Cela fait allusion aux flux migratoires qui ne cessent jamais. Hier, on a parlé de l'esclavagisme et aujourd’hui on parle des migrants. Je l'associe aussi avec des animaux qui sont en transhumance. Cela me fait dire que finalement, que ce soit l'homme ou l'animal, on est lié. », pense Julien Vignikin. Les tableaux font également voir les scarifications qui laissent penser aux signes du Fâ. A tout ceci s’ajoute le code binaire qui signifie « ouvert, fermé ».

C’est l’une des rares fois que Julien Vignikin fait une exposition d’art de cette envergure au Bénin. Celle-ci marque un nouveau virage dans la carrière de l’artiste, explique Béatrice Dossou-Yovo, commissaire de l’exposition. « Julien est beaucoup plus dans l'analyse d'absolument tout. C'est une personne très sensible et qui, en même temps, observe notre société, garde un œil critique sur la société, notamment on pourrait dire, les incohérences entre ce qui se passerait dans le Nord, ce qui se passerait dans le Sud de l'hémisphère… », ajoute-t-elle. La commissaire est aussi heureuse que Julien Vignikin aborde et mette en avant certaines valeurs, telles que les inégalités, l'injustice, le racisme, le gaspillage, la surconsommation, la malbouffe. « L'avantage de l'abstraction, c'est que chacun peut laisser les recours à son interprétation, à son imagination. Et du coup, le ressenti est très différent d'une personne à l'autre. C'est vraiment ce qui ressort de cette exposition », fait savoir Béatrice Dossou-Yovo.

Le vernissage de « L’Essence pure sans bruit » s’est déroulé le 7 novembre 2024. L’exposition prend fin le 1er décembre prochain. La suite, d’après l’artiste, c’est que les pièces qui vont rester au Bénin vont se retrouver à l'Institut français du Bénin à Cotonou. Et Julien Vignikin dit avoir hâte que cela se fasse. « Du coup, ça me fait une grande visibilité, très importante pour moi », se réjouit-il à l’avance. Cette exposition permet aussi à l’artiste de renouer avec ses origines, lui qui est parti du Bénin pour la France à 10 ans et qui aujourd’hui en a 57.

Qui est Julien Vignikin?

Julien Vignikin est un artiste franco-béninois né à Ouidah. Il vit et travaille entre Auxerre et Ouidah. Parti en France pour étudier la médecine, il a finalement trouvé sa voie dans l’art. Diplômé de l'École nationale des Beaux-Arts de Dijon, Julien Vignikin développe un art engagé, abordant des questions sociales. Il puise son inspiration dans les traditions africaines tout en établissant des ponts entre les cultures française et béninoise. L’artiste est connu pour ses masques contemporains, réalisés à partir de douelles de tonneaux de vin récupérées en Bourgogne, qui symbolisent la dualité culturelle. Ses œuvres oscillent entre figuration et abstraction, influencées par l'expressionnisme abstrait et l'Arte povera, intégrant des matériaux recyclés. Il utilise l'huile mais aussi l'acrylique dans ses peintures.