La Nation Bénin...
L’écosystème
culturel béninois retrouve un nouveau jour à la faveur de l’avènement du Fonds
de développement des arts et de la culture (Fdac). Ce nouvel outil de
financement et d’appui à la production culturelle sous toutes ses formes fait
la joie des acteurs et s’annonce comme un maillon fort pour la promotion des
industries culturelles et créatives. Pour y arriver, il faut préserver le joyau
des maux et handicaps qui ont eu raison de ses aînés.
Ce
n’est pas la première fois que le Bénin marque un engagement fort en faveur du
secteur culturel à travers un fonds de soutien/financement. Des initiatives
similaires ont germé par le passé, sous diverses appellations. Des guichets aux
objectifs divers ont été consacrés au secteur des arts et de la culture sans
pour autant combler les attentes. Le fameux milliard culturel qui a alimenté
diverses initiatives de soutien au secteur reste l’une des expériences les plus
décevantes. A l’instar du Burkina qui, à partir d’un projet similaire, a fait
décoller son industrie cinématographique, on voyait le Bénin sur la pente
ascendante avec cette cagnotte qui aura finalement fait plus de mal au secteur
que de bien. Le Bénin n’est pas parvenu à tirer son épingle du jeu, ni même à
booster le secteur. La raison, c’est que les nombreuses entités qui se sont
succédé pour la gestion de cette cagnotte ont laissé de côté les objectifs à
elles assignés pour d’autres fins. Conséquence, le fonds, du moins l’ex-fonds
consacré aux arts et à la culture a été dissous par le gouvernement. Cet autre
fonds qui a vu le jour sous le pouvoir Talon sur les cendres des autres
initiatives du genre portées par le régime Yayi n’a pas comblé les attentes. Le
décret n° 2022-577 du 19 octobre 2022 portant dissolution du Fonds des arts et
de la culture et nomination de son liquidateur est venu signer son arrêt de
vie. Le Conseil des ministres tenu à la même date a décortiqué les maux qui ont
obligé le gouvernement à décider de l’arrêt de ce qui était considéré comme une
bouée de sauvetage pour les acteurs culturels. « Au niveau du gouvernement,
nous n'avons pas l'impression que les actions du Fac ont impacté la scène
culturelle béninoise, au niveau principalement des Industries culturelles
créatives (Icc) », avait expliqué dans la foulée de la dissolution,
Jean-Michel Abimbola, ministre en charge du secteur. Il a reconnu qu’il y a des
« insuffisances ». Lesquelles fondent la décision de l’Exécutif de refonder
le fonds et de lui donner un nouveau contenu. L’une des raisons principales de
cette dissolution est le mécanisme de financement. Au bout du rouleau, il
n’aura produit aucun résultat. Il ne reposait sur aucune base solide. En vrai,
le service était à la tête du client. Favoritisme et corruption ont eu raison
des vrais projets culturels dont la plupart des porteurs n’ont pas eu accès au
guichet.
L'Exécutif
a fait l’option d’un nouveau mécanisme de financement plus souple et efficace
pour la production culturelle et artistique en cohérence avec le Programme
d'action du gouvernement. La finalité, créer une économie culturelle au Bénin
qui valorise et promeut le potentiel du secteur. L’ossature du nouveau Fonds
dissipe les doutes quant à sa crédibilité. Certains projets peuvent obtenir
jusqu’à trente millions de francs Cfa, ce qui suppose des projets pertinents,
bien structurés avec de réels impacts sur le développement du secteur. Autre
élément, la contribution est limitée à 70 % du budget global. La mise en place
d’organes de contrôle rigoureux, tels qu’un Conseil artistique, des assesseurs
indépendants, garantissent la transparence des processus de sélection et
d’attribution des ressources aux demandeurs, de même qu’un suivi
post-financement. Enfin, aucune discipline n’est laissée en rade. Arts
plastiques, design, art urbain, mode, cinéma, littérature, théâtre, danse,
cirque, musique, humour… Tout l’écosystème est visé et tout besoin de
financement dans le secteur est comblé par ce nouveau fonds■