La Nation Bénin...
L’auteure
et humoriste Roukiata Ouédraogo a assuré la conférence inaugurale des
Rencontres internationales de la bande dessinée de Cotonou (Ribd 2025). Elle y
a été invitée pour parler notamment de la langue française, d’identité, de
mémoire… Un cocktail qui met en ébullition le dynamisme et la vitalité des
expressions artistiques francophones. Sur le sujet, la conférencière s’est
montrée bien plus qu’intéressante.
Le
choix de Roukiata Ouédraogo pour assurer la conférence inaugurale des
Rencontres internationales de la bande dessinée de Cotonou (Ribd 2025) sur le
thème «Raconter l’Afrique en français: bande dessinée, identité et mémoire
collective » ne relève pas du hasard. Son parcours et ses expériences ont fini
par faire d’elle, un « monument » dont le rapport à la langue française donne à
partager mille et une expériences. C’est d’ailleurs à cet exercice qu’elle
s’est livrée à l’occasion à savoir, parler de sa relation avec la langue
française. « A sept ans, j’apprenais le français à l’école avec des
instituteurs dont la pédagogie n’était pas la qualité première», introduit la
comédienne. « Ils faisaient rentrer le français dans nos petits crânes à coups
de chicottes et de poésie. J’ai toujours été étonnée par l’idée qu’on puisse
mélanger des enfants et les frapper pour leur enseigner la poésie, ou quoi que
ce soit », reprend-elle devant un public partagé entre étonnement, rires et
soupirs. «La relation de la langue française pour nous Africains est complexe,
pour ne pas dire compliquée et je crois que ça l’a toujours été », soutient
Roukiata Ouédraogo. Cette complication s’est fait sentir pour la France
elle-même dès l’origine, dès qu’elle a entrepris « de nous apprendre ou de nous
imposer sa langue, son histoire, nos ancêtres les Gaulois, sa vision du monde
».
Ce
contact compliqué des premiers instants ne l’a pas empêché d’en faire
l’instrument de son épanouissement social et professionnel. « Si je peux être
lue, écoutée, vue en France et à l’étranger, si on comprend mes chroniques
jusqu’aux îles du Pacifique ou aux Caraïbes, si on étudie mes livres dans les
universités aux Etats-Unis, au Québec, en Espagne, au Japon, en Chine, à
Madagascar, c’est grâce au français », relate l’humoriste. « C’est dans cette
langue que je suis devenue comédienne, chroniqueuse radio, scénariste et même
auteure de bandes dessinées», explique-t-elle, un peu comme pour exposer
l’importance de la langue et le puissant vecteur de communication qu’elle est.
Si Roukiata Ouédraogo parvient à transmettre des émotions sur chacune des
activités sur lesquelles elle s’engage, c’est aussi grâce au français. La
langue française peut être aussi vue comme objet de pouvoir, selon elle. « Ce
que je trouve dommage, c’est qu’on n’insiste pas assez sur ce formidable
réservoir d’accents que constitue la Francophonie. Et pourtant, il y a matière…
le développement de la langue française se situe entre les mains des Africains
», reconnait-elle. C’est une langue qui me permet de rencontrer, de partager,
apprécie-t-elle. D’ailleurs, elle est promise à un bel avenir, soutient la
conférencière.
Quid de la Francophonie?
Elle
présente la Francophonie comme un espace d’union, de communion, de partage de
valeurs, et même de partage de destins. « Elle est un pont aux multiples
directions qui permet à des gens très différents de se rencontrer dans un même
espace linguistique, espace culturel, espace de réflexion et espace d’échanges
et des désirs. La Francophonie trace pour nous un des chemins de la vérité »,
confie Roukiata Ouédraogo.
« Cette conférence a été un véritable succès, à la fois dans les échanges et en termes de public également présent pour parler de l’Afrique », apprécie Lylly Houngnihin, directrice exécutive de Laboratorio arts contemporains. L’initiative, rappelle-t-elle, a été possible grâce à Ressources éducatives. Un projet dont les impacts sont de deux ordres. «Le premier, c’est que nous avons réellement réussi à mobiliser l’ensemble des acteurs et créer une sorte de dynamique, une sorte de tremplin pour l’écosystème de la Bd dans notre pays », soutient-elle. Le deuxième impact, c’est tout le travail de plaidoyer, de sensibilisation fait à l’endroit du corps enseignant pour diversifier les supports pédagogiques dans les situations d’enseignement/ apprentissage en vue d’apporter un peu plus de ludisme dans les cours. En somme, l’éducation au Bénin et en Afrique francophone doit relever des défis majeurs : rendre les apprentissages plus attractifs, accessibles et adaptés aux réalités socioculturelles des élèves. Jérôme Binet Bos, directeur délégué de l’Institut français de Cotonou, se dira lui, très fier de la forte mobilisation multi-acteurs notée autour de l’ensemble des activités déployées dans le cadre de cette rencontre.