La Nation Bénin...
Producteur, réalisateur, formateur et entrepreneur, Sèdo Tossou fait partie de cette nouvelle génération d’artistes béninois déterminés à donner au pays une place dans l’industrie cinématographique mondiale. À travers ses projets et sa vision, il s’affirme comme un bâtisseur d’avenir.
Il est de ces jeunes créateurs qui refusent que l’histoire se fasse sans eux. Producteur, réalisateur,
formateur et entrepreneur culturel, Sèdo Tossou incarne une nouvelle génération d’artistes béninois qui croient fermement que le cinéma n’est pas seulement un art, mais aussi une industrie capable de porter l’identité d’un peuple et d’ouvrir des horizons économiques. À travers ses initiatives, ses projets audacieux et sa vision affirmée, il s’impose comme l’une des figures les plus prometteuses de la scène culturelle béninoise et africaine.
Le jeune brillant producteur qu’il est devenu est la synthèse de plusieurs formations suivies en France, en Angleterre et aux États-Unis. Mais il a beaucoup appris sur le terrain aussi, en observant, en travaillant avec des équipes très différentes et surtout en se confrontant aux réalités de la production indépendante.
« L’école donne des bases mais c’est dans la pratique qu’on forge vraiment sa vision », aime-t-il à dire. En tant qu’acteur, Sèdo a fait ses premiers tournages en France « et honnêtement, c’était grisant, comme une sorte de rêve », retient-il. Dix ans plus tard, la même flamme l’anime toujours quand il est sur un plateau de tournage. « En tant que réalisateur producteur, ça reste récent et au début, j’avais un peu le syndrome de l’imposteur comme je n’ai pas été formé à ça aussi intensément qu’en acting. Il y a une énorme volonté pour moi de bien faire et je pense que c’est comme ça que j’ai fini par réussir », indique-t-il.
La série « Alokan » et son succès
Diplômé en musique classique (piano), Sèdo Tossou a d’abord exploré l’univers sonore avant de s’engager dans le cinéma. Un choix naturel pour cet artiste complet qui voit dans l’image un langage total. Si jusqu’à un passé récent, son nom ne disait pas grand-chose au citoyen lambda, il passe désormais pour un visage connu, un nom familier. La raison, sa série à succès « Alokan », devenue une pépite aussi bien sur les réseaux sociaux que sur la chaîne de télévision A+ Bénin. Grâce à elle, il a montré sa capacité à produire des contenus compétitifs. Mais pour lui, ce n’est qu’une étape. « Je ne vois pas mon métier comme un travail mais comme une mission de vie », indique le jeune producteur.
« Je savais que la série trouverait son public mais l’ampleur de l’engouement a dépassé mes attentes. Les réseaux sociaux l’ont transformée en phénomène culturel », reconnait-il. Au sujet du choix de certains artistes comme Queen Fumi et Sessimè pour les associer à Alokan, Sèdo les voit, non seulement comme des figures populaires, mais aussi comme des personnages qui portent une énergie et une authenticité immédiatement reconnaissables. « Leur présence a renforcé le lien avec le public. Fumi et Sessimè m’ont toutes deux exprimé leur désir de faire du cinéma avec moi depuis mon arrivée au Bénin en 2020. Fumi a même été mon élève pendant plusieurs mois en suivant des cours de coaching individuel en acting », confie-t-il. Pour ce qui est des autres éléments de succès d’Alokan, l’humour, l’authenticité des dialogues, le casting très local mais talentueux et surtout la proximité culturelle, les spectateurs ont senti que c’était « chez eux », laisse-t-il entendre.
Selon lui, Alokan est née d’un désir de représenter avec humour et réalisme le quotidien du citoyen béninois moyen. «N’ayant pas eu la possibilité de bénéficier de financement pour mes projets, j’ai créé quelque chose qui n’allait pas nécessiter trop de moyens pour être produit », détaille-t-il. Le projet a fini par plaire à A+ Bénin. « Ils l’ont acheté et aujourd’hui, ils ont cédé les droits d’exploitation pour 5 ans à mon studio et ma plateforme de streaming Sedo+, c’est une aubaine », se réjouit-il. «Je tenais tellement à réussir dans mon pays d’origine, le Bénin, c’est réputé comme l’un des pays les plus durs où réussir et je l’ai fait. C’est ma fierté », se félicite-t-il. Mais, précise Sèdo, c’est une série qui appartient au public. « Les spectateurs se reconnaissent dans les situations. Chaque personnage incarne une caricature tendre mais juste de nos sociétés. C’est une satire qui est là pour dénoncer la spéculation à outrance qui règne au Bénin et en Afrique en règle générale, où les prix sont fixés sans aucune règle et ne sont pas du tout en accord avec le niveau de vie du citoyen moyen. Malgré cela, les gens gardent le sourire et sont charmants comme chacun des personnages d’Alokan», indique aussi le producteur.
En quête d’une référence
Convaincu que l’avenir du cinéma repose sur la formation, il a créé Handoriya Academy, une école intensive pour artistes de la scène. Cette initiative mêle pratique, coaching et visibilité à travers une série documentaire.
«Je veux que Handoriya devienne une référence internationale en matière de formation artistique», confie-t-il. Handoriya se veut un tremplin entre apprentissage et carrière professionnelle, explique-t-il.
Pour lui, le cinéma béninois sort peu à peu de l’ombre. « Il y a encore peu d’années, il était presque invisible.
Aujourd’hui, grâce aux jeunes créateurs, aux plateformes et aux séries, il commence à exister aux yeux du monde», se réjouit-il. Il croit en la nécessité de construire des cadres solides pour le cinéma béninois. C’est d’ailleurs cette conviction qui a donné naissance à son académie.
Sur l’état du secteur, il dresse un constat sans fard. « Nous sortons de l’ombre », se défend-il. Mieux, parce qu’il n’y a pas de cinéma sans acteurs et qu’au Bénin, beaucoup de jeunes talents existent mais manquent de cadre, il a voulu combler ce vide. D’ailleurs quand il se résume, il note, non sans dépit, que ces jeunes manquent souvent de discipline et de technique, mais pas de passion. « Ce qu’il faut, c’est leur donner des outils concrets pour transformer leur énergie en métier. Un peu plus de rigueur, de discipline et de patience aussi est vraiment nécessaire pour la plupart », préconise le formateur. En tout cas, chaque promotion qui passe sous ses ailes s’en sort plus aguerrie que jamais. Voir un jeune passer de la timidité à la scène, puis se retrouver dans une série ou un festival, c’est une fierté immense, apprécie-t-il. Fier, il l’est aussi de ses équipes, surtout quand on sait qu’une certaine Chiamaka Francisco, une de ses fières élèves a gagné le titre de « championne en acting» à Cannes puis pris une bourse pour la plus grande école de cinéma au monde à Hollywood.
« C’était le summum de ma fierté », se réjouit-il. L’avenir de la formation artistique dans le pays, il le voit «lumineux, à condition que l’on structure les choses», avec des écoles, des programmes sérieux et des passerelles vers l’international.
Mais les obstacles restent nombreux : absence d’infrastructures solides, difficulté de financement, manque de réseaux de distribution. Mais Sèdo Tossou s’inspire de modèles comme Nollywood au Nigeria, le Sénégal ou encore la Corée du Sud. « J’aimerais être le créateur qui permet au Bénin d’atteindre ça », affirme-t-il. S’il reconnaît aussi le rôle de Canal+, Netflix ou A+ Bénin, il insiste sur la nécessité pour les créateurs africains de rester maîtres de leur diffusion. C’est tout le sens de Sèdo+, une plateforme qu’il développe pour offrir une vitrine internationale au cinéma indépendant africain. « Ce que je veux léguer à la jeunesse, c’est la confiance. Leur montrer qu’ils ont le droit de rêver grand et que leur voix compte à l’échelle mondiale », aime-t-il aussi à rappeler.
Un créateur inspirant
En dehors des plateaux de tournage et des salles de classe, Sèdo Tossou se décrit comme un homme simple, curieux, attaché à sa famille et à ses racines. Musicien, danseur et amoureux des fêtes, il nourrit sa créativité et son inspiration par une grande diversité d’influences. Il reste un artiste inspiré et engagé. Du cinéma d’auteur au blockbuster, du jazz au hip-hop… Son credo reste le même. L’art est une conversation permanente entre les cultures. Ses chantiers actuels sont nombreux. De nouvelles séries en projection, (La maison Tinwé, Skoolvi, Trace…), une deuxième saison de Handoriya, et la consolidation de Sèdo+. Mais il reconnaît que sa passion occupe parfois toute la place au détriment de sa santé, il ne perd pas de vue son équilibre personnel.
Sèdo Tossou s’est nourri depuis des années, de plusieurs disciplines artistiques, convaincu que l’art est un langage multiple où chaque forme nourrit l’autre. Sa curiosité insatiable et son goût de l’expérimentation l’ont conduit au cinéma, un domaine où il a trouvé un terrain d’expression totale, à la croisée du visuel, du narratif et de l’émotion. «La confiance », dit-il, est ce qu’il veut léguer à la jeunesse béninoise. Il entend prouver à ses pairs qu’ils ont le droit de rêver grand, de créer et de porter leur voix à l’échelle mondiale. Dans quelques années, il espère occuper « la place d’un bâtisseur ». Pas seulement réalisateur ou producteur, mais architecte d’une véritable industrie culturelle béninoise. À l’heure où le Bénin cherche à consolider son identité culturelle et à occuper une place plus affirmée dans le concert des nations, Sèdo Tossou apparaît comme une figure incontournable, à la fois créative et structurante. Son nom s’impose de plus en plus dans le paysage culturel béninois.
L’enfant roi qui veut écrire l’histoire du cinéma africain
A 29 ans, il a déjà traversé plusieurs univers. La musique, le mannequinat, le cinéma, la danse et l’entrepreneuriat culturel… À la croisée de l’art et de l’engagement, Sèdo Tossou incarne une génération de créateurs béninois qui refusent de choisir entre rêve et audace. Entre Paris, New York et Cotonou, il trace une trajectoire singulière, celle d’un artiste complet qui ambitionne de donner au Bénin et à l’Afrique une place de choix sur la carte mondiale du septième art.
Né le 7 novembre 1995 à Courcouronnes, en région parisienne, de parents béninois, Sèdo Tossou grandit entre deux cultures. Élève brillant, il décroche un baccalauréat scientifique, puis poursuit des études en génie électrique et informatique industrielle à l’Université de Bordeaux. Mais très vite, la fibre artistique prend le dessus. Pianiste classique, guitariste et chanteur, il se passionne également pour la danse, notamment le hip-hop. Cette curiosité insatiable le mène jusqu’à la New York Film Academy, où il se forme sérieusement au cinéma, convaincu que c’est derrière la caméra qu’il pourra exprimer toutes ses facettes. Dans un milieu souvent fermé, Sèdo Tossou se distingue comme l’un des rares acteurs béninois à s’ouvrir les portes d’Hollywood, suivant ainsi la trace de Djimon Hounsou.
Avec son profil cosmopolite et sa polyvalence, il apparaît aussi comme mannequin et acteur, évoluant dans des environnements où le talent et la détermination comptent autant que les réseaux. Ses expériences nourrissent une conviction : l’Afrique, et particulièrement le Bénin, ont des histoires à raconter au reste du monde. Le parcours de Sèdo Tossou n’est pas un long fleuve tranquille. Ses projets au Bénin, portés avec passion, se heurtent à la fragilité d’un écosystème culturel. Se définissant lui-même comme un «enfant roi », Sèdo Tossou assume son ambition, celle de porter haut les couleurs du Bénin sur les écrans du monde entier. « Je pense que j’ai toujours rêvé au fond de moi depuis le plus jeune âge d’être populaire, dans le sens premier du terme, c’est-à-dire que le peuple dans sa globalité m’apprécie. Enfant, j’ai pas mal souffert de harcèlement et ça m’a poussé à chercher une voie qui me permettrait de briller et de m’élever plus haut que tout. Avec mes multiples talents artistiques, le cinéma est devenu une route toute tracée », tranche-t-il.
Sèdo Tossou