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1re édition des « Rencontres Transport – Logistique Cotonou »: Le Bénin affiche ses ambitions de hub sous-régional

Economie
Entre ambitions portuaires, défis des corridors et exigences environnementales, la communauté logistique se penche sur la stratégie pour apporter de la valeur ajoutée et renforcer l’attractivité du passage par Cotonou Entre ambitions portuaires, défis des corridors et exigences environnementales, la communauté logistique se penche sur la stratégie pour apporter de la valeur ajoutée et renforcer l’attractivité du passage par Cotonou

Cotonou accueille la première édition des « Rencontres Transport – Logistique Cotonou », un nouveau rendez-vous sous-régional qui réunit pendant deux jours les acteurs majeurs pour penser l’avenir du secteur. Organisé par Classe Export avec le Port autonome de Cotonou et l’ACAM-Bénin, l’événement intervient dans un contexte où le Bénin veut s’imposer comme un hub logistique en Afrique de l’Ouest.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 28 nov. 2025 à 01h48 Durée 3 min.
#hub sous-régional

A travers la première édition des « Rencontres Transport – Logistique Cotonou », lancée ce jeudi 27 novembre à Cotonou, décideurs du transport, autorités portuaires, chargeurs, transporteurs, logisticiens, assureurs et institutions y confrontent défis, innovations et stratégies. Il est question d’identifier les freins, analyser les tendances et harmoniser les pratiques, indique Bart Van Eenoo, directeur général du Port autonome de Cotonou (PAC), soulignant le contexte international difficile, l’explosion des réglementations et la nécessité d’atteindre « l’excellence » pour rester compétitif.

Pour Gildas Atindéhou, président de l’Association des consignataires et agents maritimes (ACAM-Bénin), le secteur vit « un changement radical ». «Nous sommes partis d’un métier presque sans règles, sans normes, sans formations, pour atteindre aujourd’hui un système digitalisé à plus de 70 % », souligne-t-il.

Dans cette nouvelle ère, marquée par la compétitivité, la digitalisation et la prise en compte croissante des enjeux environnementaux, la professionnalisation est désormais incontournable pour accompagner la transformation des procédures et l’amélioration de la collaboration public–privé, ajoute-t-il.

Un virage engagé

Le port de Cotonou vise un alignement sur les standards mondiaux, soutenu par une série de projets structurants, selon M. Van Eenoo.

Son directeur commercial, Kévin Potier, décrit une profonde transformation en cours avec la livraison progressive des grands projets d’infrastructures, l’approfondissement des quais jusqu’à 15–16 mètres de tirant d’eau pour accueillir les navires de grande capacité, la modernisation des terminaux et l’accélération du traitement des navires. «Notre stratégie, c’est d’être plus attractif, améliorer les cadences et convaincre davantage de lignes maritimes », affirme-t-il, après avoir annoncé 12,1 millions de tonnes de marchandises traitées fin octobre et un volume annuel attendu autour de 14,5 à 15 millions de tonnes, dont plus de la moitié pour l’hinterland.

Du côté des opérateurs, Arnaud Bouhier, directeur général d’Africa Global Logistics (AGL) Bénin, insiste sur la nécessité « d’inventer de nouveaux services, de renforcer la traçabilité et de garantir la fluidité du transit » afin de maintenir la confiance des clients.

Les représentants de l’hinterland rappellent que la performance portuaire doit s’accompagner d’une sécurisation du corridor. Zakaria Bélem du Conseil burkinabé des chargeurs évoque un «caillot de sang » qui freine les flux dans le nord du Bénin, parlant de l’insécurité.

Son homologue nigérien Saïdou Harouna dénonce « une répartition inégale du fret » et plaide pour la création d’une bourse de fret moderne, afin de centraliser les données, fluidifier le marché et apaiser les conflits entre transporteurs et syndicats.

Maintenir le cap !

L’Union européenne et Enabel ont annoncé le projet Corriconi (Mesures d’accompagnement du commerce et des transports sur le corridor Cotonou–Niamey incluant la création d’aires de repos sécurisées, répondant à une demande jugée « urgente » par les chargeurs.

Sur le volet environnemental, Hervé Corbel, responsable du projet PASPort-ProPort, rappelle que le PAC est l’un des plus engagés de la sous-région, avec la stratégie Green Port 2060, la certification EcoPort, les mesures permanentes de qualité de l’air, de l’eau, du bruit, le bilan carbone et la surveillance des espèces invasives.

Enfin, Pierre Gerkens, directeur d’Africa Logistics Zone (ALZ), a présenté la future zone de valeur ajoutée de 50 hectares implantée au cœur du port, pensée pour accueillir des investisseurs et des activités de transformation des produits en transit vers la sous-région, dans les secteurs de la grande consommation, de la distribution, du e-commerce, de la pharmacie.

Les rencontres se poursuivent ce 28 novembre avec l’exposition des acteurs, les ateliers techniques, dont la très attendue présentation de la plateforme SYGER (Système de gestion du fret routier).