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Cedeao: Transformation économique et intégration régionale actées

Economie
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest travaille pour l’effectivité de la libre circulation des personnes et des biens La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest travaille pour l’effectivité de la libre circulation des personnes et des biens

A l’occasion de la soixante-huitième session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement tenue, le 14 décembre à Abuja, au Nigeria, les dirigeants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont pris d’importantes décisions visant à relever les défis économiques et redynamiser l’intégration régionale.

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 16 déc. 2025 à 06h50 Durée 3 min.
#Cedeao

La soixante-huitième session ordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) s’est tenue dans un contexte régional marqué à la fois par des incertitudes sécuritaires, des défis économiques persistants et des attentes sociales croissantes. À Abuja, les dirigeants ouest-africains ont voulu inscrire cette rencontre dans une dynamique de réflexion stratégique sur l’avenir de l’organisation.

Lors d’une session spéciale dédiée à l’intégration régionale, la Conférence a d’abord dressé un bilan globalement positif des 50 années d’existence de la Cedeao, tout en reconnaissant la nécessité d’adapter les textes et les instruments communautaires à l’évolution des réalités politiques, économiques et sociales. Les chefs d’État ont ainsi réaffirmé leur engagement en faveur d’une intégration régionale plus approfondie, fondée sur l’unité, la solidarité et des partenariats équitables.

Sur le plan économique, la Conférence s’est félicitée de la résilience des économies de la Cedeao en 2025. Les dirigeants ont noté une accélération de la croissance économique, une atténuation des pressions inflationnistes et des efforts soutenus d’assainissement budgétaire dans plusieurs États membres. Afin de consolider ces acquis, ils ont exhorté les gouvernements à poursuivre les réformes économiques, à renforcer la mobilisation des ressources nationales et à améliorer l’efficacité des dépenses publiques.

La question de l’intégration monétaire a occupé une place centrale dans les débats. À moins de deux ans du lancement annoncé de la monnaie unique, l’Eco, la Conférence a exprimé ses préoccupations face aux faibles performances de convergence macroéconomique dans certains pays et aux retards accusés dans la mise en œuvre de la feuille de route. Les chefs d’Etat ont appelé à l’adoption de politiques économiques plus rigoureuses et à la recherche d’un consensus sur les arrangements institutionnels sensibles. Dans cette perspective, la Commission de la Cedeao est chargée de réactiver la Task Force présidentielle sur le programme de la monnaie unique.

Intégration économique plus inclusive

En matière de gouvernance financière, la Conférence a pris note de l’adoption d’une directive communautaire établissant un cadre harmonisé de comptabilité publique. Les Etats membres sont invités à intégrer cette directive dans leurs législations nationales d’ici au 31 décembre 2029, dans un souci de transparence et de discipline budgétaire accrue.

La libre circulation des personnes, pilier historique de l’intégration ouest-africaine, a également été abordée. Les chefs d’Etat ont salué le Nigeria pour le déploiement réussi de la carte nationale d’identité biométrique de la Cedeao (Enbic), tout en appelant les autres pays à accélérer sa mise en œuvre. A ce jour, seuls sept États membres ont franchi cette étape, révélant la nécessité d’un engagement plus large pour renforcer la sécurité et la mobilité transfrontalière.

S’agissant de la libre circulation des marchandises, la Conférence a examiné la mise en œuvre du Système de libéralisation des échanges de la Cedeao (Slec). Elle a instruit les Commissions de la Cedeao et de l’Uemoa d’harmoniser les règles d’origine afin de faciliter le commerce intra-communautaire. Des ajustements sont également attendus concernant la taxe de solidarité communautaire, source de tensions entre certains États membres.

Enfin, les chefs d’État ont réaffirmé leur engagement en faveur de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Tout en prenant acte des progrès réalisés, notamment dans le commerce des services, ils ont exhorté les Etats membres à accélérer la mise en œuvre de l’accord et invité la Commission à renforcer la coordination des positions régionales. À travers ces décisions, la Cedeao affiche sa volonté de se réinventer pour répondre aux aspirations des populations ouest-africaines, en misant sur une intégration plus inclusive et une transformation économique accrue.