La Nation Bénin...
La
sixième édition de la revue annuelle «L’Économie africaine» dresse un état des
lieux des dynamiques économiques du continent et des défis majeurs à relever,
notamment en matière de climat, de géopolitique et de transformation
structurelle.
La
revue «L’Économie africaine» se veut un ouvrage de référence pour comprendre
les tendances macroéconomiques du continent. Dans sa sixième édition, cette
revue met en lumière les mutations que connaît l’Afrique dans un contexte
international marqué par des tensions géopolitiques accrues et une urgence
climatique grandissante. Le document, fruit d’une collaboration entre
chercheurs de l’Agence française de développement (Afd) et experts
universitaires, adopte une approche globale pour analyser les évolutions
économiques et politiques de l’Afrique. Loin des visions segmentées, il
s’intéresse aux défis communs, tels que la transition énergétique, les
changements climatiques, les inégalités socio-économiques et la place du
continent dans le nouvel ordre mondial.
La
revue note qu’avec une croissance estimée à 3 % en 2024, l’Afrique fait preuve
d’une résilience remarquable face aux chocs exogènes, notamment la crise
énergétique et les conflits internationaux. Toutefois, cette croissance reste
insuffisante pour compenser l’augmentation rapide de la population. Le défi
principal réside dans la transformation structurelle des économies africaines,
qui doivent évoluer d’une dépendance aux matières premières vers une
industrialisation plus soutenue et une meilleure valorisation des ressources
locales. L’édition 2025 de «L’Économie africaine» revient sur les perturbations
géopolitiques qui affectent les trajectoires économiques du continent. Entre résurgence
des conflits, guerres par procuration et reconfiguration des alliances
internationales, l’Afrique doit redéfinir sa place sur la scène mondiale. Le
rôle croissant de la Chine, la présence renforcée de la Russie et l’influence
persistante des puissances occidentales redessinent les stratégies économiques
et diplomatiques des États africains. Par ailleurs, l’urgence climatique impose
une refonte des modèles de développement. Le continent, bien qu’ayant une
empreinte carbone limitée, est parmi les plus vulnérables aux dérèglements
climatiques. Les experts trouvent que la nécessité d’investissements massifs
pour financer la transition énergétique et renforcer la résilience des
infrastructures devient un impératif. Dans ce contexte, ils mettent en avant le
rôle des banques publiques de développement, dont les fonds gérés représentent
23 000 milliards de dollars à l’échelle mondiale. L’Afrique du Sud, qui préside
cette année le G20, entend d’ailleurs promouvoir une réforme du système
financier international afin d’optimiser le financement du développement
durable.
Les secteurs clés
L’ouvrage met un accent particulier sur certains secteurs stratégiques qui pourraient accélérer la croissance africaine. L’agriculture, qui emploie plus de 60 % de la population, nécessite une modernisation pour accroître la productivité et assurer la sécurité alimentaire. L’essor des technologies numériques, notamment la fintech et l’e-commerce, représente également un levier de transformation économique, favorisant l’inclusion financière et l’essor des petites et moyennes entreprises (Pme). Le développement des infrastructures reste un enjeu majeur. Malgré les progrès réalisés, le déficit infrastructurel coûte chaque année entre 2 et 4 % du Pib aux pays africains. L’amélioration du réseau routier, ferroviaire et énergétique est cruciale pour attirer les investissements et faciliter les échanges commerciaux intra-africains, notamment dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Enfin, l’éducation et la formation professionnelle apparaissent comme des piliers fondamentaux du développement durable. Avec une population jeune et en pleine croissance, la capacité des États africains à fournir un enseignement de qualité déterminera leur compétitivité à l’échelle mondiale. Si les tendances macroéconomiques de 2024 montrent une relative stabilité, la question demeure. L’Afrique pourra-t-elle rebondir en 2025 ? Selon le Fonds monétaire international, la croissance pourrait atteindre 4,2 % en 2025, portée par des réformes économiques, des investissements dans les infrastructures et une meilleure intégration des économies africaines dans le commerce mondial. Cependant, plusieurs obstacles persistent. L’inflation élevée, les inégalités socio-économiques et la faiblesse des systèmes éducatifs et de recherche freinent l’émergence d’un développement durable inclusif. La revue souligne aussi l’importance de la gouvernance démocratique et de la stabilité politique comme facteurs déterminants pour un avenir prospère. Avec une approche analytique et prospective, «L’Économie africaine 2025» apporte des éclairages essentiels pour comprendre les transformations en cours et les défis à venir. Cette édition met en avant des solutions et des initiatives porteuses d’espoir, rappelant que le continent africain, malgré ses vulnérabilités, reste un acteur clé de l’économie mondiale.