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Echanges intra-Uemoa: Une dynamique positive en faveur de l’intégration régionale

Economie

Selon la balance des paiements et position extérieure globale régionales, toutes les composantes, biens, services, revenus et investissements, ont affiché un regain de dynamisme, confirmant le rôle croissant du marché intérieur dans la stabilité économique de la zone.

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 05 nov. 2025 à 08h36 Durée 3 min.
#Intégration régionale en Afrique

Les échanges intra-communautaires au sein de l’Uemoa ont poursuivi leur progression, soutenus par la vitalité économique et la montée en puissance du marché régional. Après une croissance de 5,1 % en 2023, la tendance se confirme en 2025, portée par la diversification des échanges, l’expansion du commerce des services et la consolidation du marché financier régional. Les premières estimations pour 2025 laissent entrevoir une croissance moyenne des échanges intra-Uemoa de près de 6 %, portée par la consolidation des chaînes de valeur régionales, la montée en puissance du commerce numérique et la relance des grands projets d’infrastructures communautaires. En 2023, les échanges de biens à l’intérieur de l’Union avaient progressé de 5,1 % pour atteindre 4 149,5 milliards de francs Cfa, représentant 15,5 % des échanges globaux contre 14,5 % un an plus tôt. Cette dynamique, largement soutenue par les flux de produits pétroliers raffinés (+3,7 %) et de denrées alimentaires (+5,4 %), devrait se maintenir les années suivantes. Les projections établies par plusieurs services économiques nationaux anticipent une hausse comprise entre 4 et 6 % des échanges de biens en 2025, avec une croissance plus marquée dans les produits agro-industriels et les matériaux de construction. La Côte d’Ivoire et le Sénégal conservent leur rôle de locomotive, mais des pays comme le Togo et le Bénin montent en puissance grâce à l’essor de leurs corridors logistiques et zones industrielles, notamment Glo-Djigbé au Bénin. Les pays enclavés (Burkina Faso, Mali, Niger) devraient également tirer parti de la modernisation des infrastructures de transport pour réduire leurs coûts logistiques et accroître leur compétitivité. A ce titre, les corridors routiers et ferroviaires régionaux, soutenus par les institutions financières, sont appelés à renforcer l’intégration commerciale au sein de l’Union.

Au-delà des biens, les services intra-communautaires constituent désormais un moteur essentiel de la croissance régionale. En 2023, leur valeur s’établissait à 1 651 milliards de F Cfa, en hausse de 9,6 % par rapport à 2022. Pour 2025, plusieurs rapports anticipent une croissance supérieure à 7,5 %, portée par la digitalisation des services financiers, la montée du commerce électronique, et le développement du tourisme intra-régional. Le tourisme reste en effet un segment stratégique. Les échanges de visiteurs au sein de l’Union devraient dépasser les 320 milliards de F Cfa cette année, profitant du renouveau des événements culturels, du tourisme religieux et de la libre circulation retrouvée entre les États membres.

Au service de la relance

Les transferts de fonds intra-Uemoa, autre pilier de la solidarité régionale, confirment leur rôle stabilisateur. Après une forte progression de 28 % en 2023 (851,3 milliards de F Cfa), les flux financiers entre travailleurs migrants devraient franchir le cap symbolique des 1 000 milliards de F Cfa en 2025. Ces envois de fonds, principalement issus de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, continuent de soutenir les économies domestiques du Mali, du Burkina et du Niger, contribuant à la résilience sociale et à la consommation locale.

L’intégration financière intra-Uemoa reste un axe fort de l’évolution économique régionale. Les Investissements directs étrangers intra-communautaires estimés à 2 562 milliards de F Cfa en 2023, devraient connaître une croissance d’environ 3 % en 2025, sous l’effet d’un meilleur climat des affaires et de la consolidation des partenariats public-privé. Les investissements de portefeuille, en lien avec la dynamique du marché financier régional, poursuivent leur expansion. Les Etats membres, de plus en plus actifs sur le marché de la dette de l’Uemoa, continuent d’y recourir pour financer les infrastructures, l’énergie et la transformation agroalimentaire. Les autres investissements intra-communautaires, notamment les prêts de la Boad, sont également en hausse, reflétant la volonté régionale de financer par des ressources internes la croissance économique et les projets structurants. Cette tendance devrait s’amplifier avec la mise en œuvre de nouveaux programmes régionaux orientés vers la sécurité alimentaire et la transition énergétique.

Si les résultats enregistrés depuis 2023 témoignent d’une trajectoire positive, les autorités régionales appellent à une intégration plus équilibrée entre les Etats. La structure des échanges demeure concentrée sur quelques pôles économiques, ce qui limite encore la profondeur du marché commun. Pour 2025 et au-delà, l’Uemoa ambitionne de diversifier les produits échangés, renforcer la complémentarité industrielle et stimuler la production locale, notamment dans les filières agricoles, minières et manufacturières. La stratégie régionale vise également à améliorer la connectivité numérique et à réduire les obstacles non tarifaires au commerce.