La Nation Bénin...
Selon
une étude publiée par la Bceao, l’inclusion financière améliore l’efficacité de
la politique monétaire, influant négativement et significativement sur le taux
d’inflation dans l’Uemoa. Elle suggère la promotion des innovations financières
adaptées aux besoins des agents économiques.
L’inclusion
financière dans sa globalité (indice synthétique et les dimensions accès et
utilisation) influence négativement et significativement le taux d’inflation
utilisé comme proxy de l’efficacité de la politique monétaire, d’après les
résultats d’une étude rapportés dans la Revue économique et monétaire n° 35 –
Juin 2024 de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao).
L’article intitulé «Effet de l’inclusion financière sur l'efficacité de la
politique monétaire dans l'Uemoa » souligne, plus spécifiquement, que le taux
global de pénétration démographique des services financiers (Tgpsfd), le taux
global de pénétration géographique des services financiers (Tgpsfg), et le taux
global d’utilisation des services financiers (Tgusf), constituent les
principaux indicateurs susceptibles de favoriser l’effet de l’inclusion
financière sur l’efficacité de la politique monétaire.
Cet effet indirect demeure néanmoins marginal sur la durée de l’étude (2007-2020), signalent les auteurs : Dr Djakaria Tou et le professeur Mahamadou Diarra, tous deux du Laboratoire d’économie appliquée (Labea) de l’Université Norbert Zongo-Koudougou (Unz) du Burkina Faso.
En
fait, l’inclusion financière est captée à travers les dimensions telles que
l’accès, l’utilisation et l’accessibilité-prix des services financiers. Des
progrès ont été réalisés ces dernières années dans les huit Etats de l’Union.
Le taux global d’utilisation des Sf (Tgusf) est passé de 14,3 % en 2007 à 63,8
% en 2020, grâce notamment à la mise en œuvre par la Bceao d’une Stratégie
régionale d’inclusion financière (Srif) sur la période 2016-2020 et aux efforts
déployés par les gouvernements pour promouvoir l’accès des populations à
revenus modestes au microcrédit. Le plus fort taux a été enregistré au niveau
du Bénin (56,2 %) et le plus faible taux au Niger (11,34 %).
Sur
la période, le taux d’inflation moyen le plus élevé a été observé en
Guinée-Bissau (2,16 %) qui est d’ailleurs le pays dont la moyenne du taux
global de pénétration démographique des services financiers ressort le plus
faible. Le plus faible taux d’inflation moyen le plus faible a été enregistré au Burkina Faso (1,59 %).
Corrélation
Les résultats montrent que le taux d’intérêt réel est positivement lié au taux de change nominal, au taux de croissance de la masse monétaire et aux variables d’inclusion financière. Le taux de change est positivement lié à toutes les autres variables, à l’exception du taux d’inflation. Quant au taux de change nominal, il est fortement lié aux variables d’inclusion financière, notamment l’Indice synthétique d’inclusion financière (Ifi), le Tgpsfd et Tgusf.
Le
taux de croissance de la masse monétaire au sens large a une relation positive
et forte avec les indicateurs d’utilisation des services financiers, mais cette
relation est faible avec les indicateurs d’accès aux services financiers.
En
revanche, les auteurs notent une relation négative entre les variables
d’inclusion financière (If) et le taux d’inflation. Cela signifie qu’un
accroissement des capacités d’inclusion au système financier formel des agents
économiques pourrait engendrer une baisse du niveau d’inflation.
L'analyse
suggère alors la promotion des innovations financières adaptées aux besoins des
agents économiques et susceptibles de faciliter la proximité des services
financiers vis-à-vis des populations, le nombre de points de services et leur
utilisation par les populations de l’espace Uemoa, tout en limitant les coûts
d’implantation et de gestion de succursales bancaires.
L’étude recommande à la Banque centrale d’accélérer les réformes pour la mise en œuvre de sa stratégie d’inclusion financière régionale, notamment la mise en place d’un cadre légal, réglementaire et une supervision efficace, l’assainissement et le renforcement du secteur de la microfinance et la promotion des innovations favorables à l'inclusion financière des populations. Toutes ces actions seraient favorables non seulement à l’inclusion financière, mais aussi, amélioreraient l’efficacité de la politique monétaire dans l’Union■
Inclusion financière renforcée
La progression moyenne du taux global d’utilisation des services financiers dans pratiquement l’ensemble des pays de l’Uemoa, s’explique en grande partie par le développement des systèmes financiers décentralisés (Sfd) et surtout l’utilisation accrue des services de monnaie électronique (Mobile money). En effet, le taux de bancarisation au sens strict (Tbs) de la population adulte au niveau de l’Union était seulement de 19,3 % en 2020 tandis que le taux de bancarisation élargi (Tbe) incluant les Sfd est ressorti à 39,8 %, soit une part contributive de plus de 20 %, d’après les données de la Bceao.
En ce qui concerne la dimension « accessibilité-prix », le « taux d’intérêt nominal des dépôts (Tind) » qui mesure la rémunération de l’épargne au niveau des banques et des systèmes financiers décentralisés, est ressorti à 5,16 % en moyenne sur la période 2007-2020. Le taux moyen le plus élevé a été enregistré au Bénin (5,59 %) et le plus faible en Guinée-Bissau (4,11 %).
En ce qui concerne le taux d'intérêt nominal des crédits (Tinc) qui prend en compte les coûts supportés par les clients pour accéder aux crédits octroyés par les banques et les Sfd, il est ressorti en moyenne à 8,37 % dans l’Uemoa. Sa valeur moyenne la plus élevée au cours de la période 2007-2020 a été enregistrée au Niger (10,33 %) et la plus faible au Sénégal (6,33 %)■ C. U. P.