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Finance verte et développement durable: Le Bénin trace la voie pour une économie résiliente

Economie
Le Bénin combine rigueur budgétaire, transparence et innovation pour aligner son développement sur les exigences de la transition écologique Le Bénin combine rigueur budgétaire, transparence et innovation pour aligner son développement sur les exigences de la transition écologique

Avec son nouveau Cadre de financement vert, le Bénin mobilise des capitaux durables pour soutenir sa transition écologique et renforcer sa croissance. Le pays se positionne ainsi comme un pionnier en Afrique de l’Ouest en la matière. 

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 15 oct. 2025 à 10h43 Durée 2 min.
#développement durable

Le Bénin avance dans sa politique de développement durable avec la mise en place du Cadre de financement vert (Green Financing Framework) validé par le ministère de l’Economie et des Finances. Ce dispositif vise à orienter les investissements publics et privés vers des projets respectueux de l’environnement, favorisant à la fois la croissance économique et la lutte contre les changements climatiques.

Signataire de l’Accord de Paris depuis 2015, le Bénin a révisé en 2021 sa Contribution déterminée au niveau national (Cdn) pour porter son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 16,17 % à 20,15 % d’ici 2030, tout en renforçant ses capacités d’adaptation. Dans cette perspective, le pays a élaboré son Plan national d’adaptation au changement climatique (Pna 2022-2030) qui ambitionne de bâtir « un pays résilient au climat, doté de mécanismes efficaces d’anticipation et de réponse aux risques ».

Le Cadre de financement vert s’aligne sur les Objectifs de développement durable (Odd). Il cible des secteurs clés pour canaliser les ressources issues des émissions d’obligations vertes et des prêts durables.

Secteurs clés de transition

Le Bénin concentre ses efforts sur les énergies renouvelables, notamment à travers le solaire avec des projets de centrales solaires (comme Illoulofin et Defissol), et la promotion de kits solaires individuels. L’agriculture durable constitue également un axe majeur, favorisant l’agroécologie et la gestion rationnelle de l’eau pour renforcer la résilience de la production. A cela s’ajoute la préservation des forêts et de la biodiversité notamment à travers les parcs nationaux du W et de la Pendjari, ce dernier géré en partenariat avec African Parks.

La gestion des déchets et l’économie circulaire sont aussi renforcées par la modernisation des systèmes de collecte et de recyclage à travers la Société de gestion des déchets et de la salubrité (Sgds) créée en 2018, ainsi que par l’interdiction des plastiques non biodégradables. Enfin, l’adaptation côtière reste un enjeu crucial face à l’érosion marine menaçant des zones urbaines à Cotonou, Ouidah, Grand-Popo.

Les investissements consentis s’inscrivent dans la logique du Global Green Growth Institute (Gggi), dont le Bénin est devenu le 51ᵉ membre en 2024. L’organisation accompagne le pays dans la mise en place d’une Unité de finance climatique au sein du ministère de l’Economie et des Finances, afin de mieux capter les financements internationaux.

Cadre fiable et transparent

Le Green Financing Framework du Bénin respecte les Principes des obligations vertes et des prêts verts élaborés par les associations et instituts internationaux. Il repose sur l’utilisation exclusive des fonds pour des dépenses vertes éligibles, sur un processus d’évaluation et de sélection assuré par un comité de pilotage et une unité technique d’experts sectoriels, sur la gestion transparente des fonds via un compte spécial du Trésor et sur un reporting annuel garantissant la traçabilité des projets financés.

Pour garantir l’intégrité de la démarche, le Bénin exclut tout financement lié aux énergies fossiles, au nucléaire, à la déforestation, au travail forcé ou à des pratiques contraires aux droits humains. Cette politique s’inspire des critères du EU Paris-Aligned Benchmark (Pab) et des conventions internationales telles que celles de l’Organisation internationale du travail (Oit) et du Programme des Nations Unies pour l’environnement (Pnue).

Les projets doivent démontrer des bénéfices tangibles, tels que la réduction des émissions de CO2, l’amélioration de l’accès à l’eau potable, la restauration d’écosystèmes ou la promotion de bâtiments écologiques. Une revue indépendante réalisée par Sustainable Fitch a confirmé la conformité du dispositif aux standards internationaux. Le pays s’engage également à faire auditer ses performances par des tiers indépendants.

Un engagement salué à l’international

Le Bénin a déjà montré son savoir-faire en matière d’innovation financière durable. En 2021, le pays avait levé 500 millions d’euros sur les marchés internationaux via la première émission d’Eurobond labellisé Odd en Afrique, suivie en 2023 d’un prêt de 350 millions d’euros garanti par la Banque africaine de développement (Bad). Ces initiatives ont valu au pays la reconnaissance du Sustainable Development Report 2025 le classant parmi les Etats ayant enregistré la plus forte progression mondiale de l’indice Odd, avec une hausse de 14,1 % entre 2015 et 2024.

Le Cadre de financement vert vient renforcer la crédibilité du Bénin auprès des investisseurs internationaux et ouvre la voie à une mobilisation accrue de capitaux pour le climat. Avec ce dispositif, le pays confirme son rôle de précurseur dans la finance durable en Afrique de l’Ouest. Selon le Global Green Growth Institute, l’expérience béninoise pourrait inspirer d’autres Etats africains dans la mise en place de cadres similaires, capables d’attirer les financements verts et de concrétiser les ambitions du continent en matière de croissance durable.