La Nation Bénin...
Réunis
à Cotonou, hier mardi 18 novembre, les dirigeants des banques et Sfd ont
échangé avec la Crrh-Uemoa, la Simau et Boad Titrisation, sur le financement du
logement abordable. Objectif : renforcer les mécanismes permettant aux ménages
d’accéder plus facilement à un habitat décent dans un contexte de solvabilité
encore limitée.
Alors que le Bénin connaît une dynamique immobilière remarquable portée par le programme gouvernemental de 20 000 logements, la question du financement de la demande se pose avec acuité. Pour y répondre, la Caisse régionale de refinancement hypothécaire de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Crrh-Uemoa) a organisé, ce mardi à Cotonou, un atelier réunissant les acteurs de l’écosystème financier, avec pour ambition de créer une synergie entre les pouvoirs publics, les établissements de crédit et les institutions régionales.
À
l’ouverture des travaux, le directeur adjoint de cabinet du ministre du Cadre
de vie et des Transports, Djamal Gbian Tabé, a rappelé la portée stratégique du
secteur. « Le logement n’est pas seulement un bien matériel, il constitue le
socle du bien-être social, un facteur de stabilité familiale, mais aussi un
levier économique puissant », a-t-il déclaré.
Le pays fait face à un déficit estimé entre 300 000 et 400 000 logements, aggravé par une croissance démographique soutenue, a-t-il souligné. Dans l’espace Uemoa, ce déficit est estimé à 3,5 millions d’unités et s’accroît d’environ 800 000 unités par an.
Restaurer
la confiance
Sur
les 20 000 logements sociaux et économiques programmés, plus de 11 000 sont en
cours de réalisation à Ouèdo, Porto-Novo et Parakou, dont plusieurs milliers en
finition et les premières offres déjà mises sur le marché. Une deuxième phase
élargira, dès 2026, le dispositif à d’autres villes, a annoncé Raymond
Aboki,
directeur du Développement et de la Promotion immobilière à la Simau.
Mais
le défi majeur reste la capacité des ménages à financer leur logement. L’Etat a
volontairement choisi de construire avant de commercialiser pour rétablir la
confiance dans un secteur marqué par des décennies d’initiatives inachevées,
a-t-il indiqué. La politique de subvention adoptée par le gouvernement couvrant
le foncier, la voirie et réseaux divers et une partie des coûts financiers,
permet de proposer deux mécanismes adaptés aux revenus modestes : la
location-achat sur 25 ans pour les logements sociaux destinés aux
fonctionnaires, et la location-achat sur 20 ans pour les logements économiques
accessibles à tous.
Pour
sa part, la Crrh-Uemoa, à travers le refinancement hypothécaire, met à
disposition des banques et des systèmes financiers décentralisés (Sfd) des
ressources à long terme et compétitives, a indiqué la directrice générale de la
Crrh-Uemoa, Yedau Ogoundélé. Les banques actionnaires disposent d’un moratoire
de deux ans pour accroître leur portefeuille de prêts de 50 à 120 % du montant
refinancé, a-t-elle précisé.
Une ingénierie à point nommé
Mais
au Bénin, où les prêts hypothécaires sont encore embryonnaires (3 % de l’espace
Uemoa), les ménages recourent massivement aux prêts à la consommation pour
construire progressivement leur maison. Pour répondre à cette spécificité, la
Crrh propose en partenariat avec Boad Titrisation un mécanisme innovant : la
titrisation des portefeuilles de prêts à la consommation. Les revenus ainsi
levés peuvent être réinvestis dans les prêts hypothécaires ou dans le
financement des promoteurs immobiliers. Ce dispositif permet aux banques de
diversifier leurs sources de financement, d’optimiser leurs ratios prudentiels
et de transférer une partie du risque aux investisseurs.
La
Garantie de prêts au logement (Gpl) constitue un autre levier essentiel. Elle
prévoit une indemnisation rapide couvrant
50
% des pertes sous 30 jours en cas de défaut et accepte les titres fonciers en
cours de régularisation, a ajouté Mme Ogoundélé.
La
directrice générale de Boad Titrisation, Adji Sokna Mbaye, a détaillé les
avantages de la titrisation, longtemps perçue comme lourde et complexe.
«
De façon simplifiée, la titrisation est une conversion d’actifs produisant des
flux en titres
financiers
», a-t-elle expliqué, rappelant qu’elle permet aux banques de lever des
ressources nouvelles sans rompre leur relation avec la clientèle. Le programme
« Zaka » déjà opérationnel et sponsorisé par la Crrh facilite l’adhésion des
banques béninoises à une structure existante et éprouvée.
Au
terme des échanges, les conclusions devraient aboutir à une feuille de route
opérationnelle visant à renforcer l’offre de crédit logement, simplifier
l’accès des ménages au financement et consolider les partenariats entre les
acteurs■
...à soutenir leur capacité à financer durablement le logement à l’issue de cet atelier