La Nation Bénin...
Entre 2022 et 2024, les sociétés d’État ont enregistré une hausse de 31,3 % de leur chiffre d’affaires, contre 30,3 % pour les établissements publics. Cette dynamique des entreprises publiques portée par une gouvernance renforcée, des réformes structurelles et une discipline budgétaire accrue, s’inscrit dans une trajectoire encourageante, même si des défis subsistent.
Le chiffre d’affaires cumulé des sociétés d’Etat est passé de 536,4 milliards en 2022 à 704,1 milliards F Cfa en 2024, soit une progression de 31,3 % sur la période, selon la direction générale des Participations de l’Etat et de la Dénationalisation (Dgped) du ministère de l’Economie et des Finances. La progression devrait se poursuivre en 2025 pour atteindre 754,5 milliards F Cfa, d’après les données du Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (Dpbep) 2026–2028.
Pour les établissements publics, le chiffre d’affaires est passé de 162,0 milliards à 211,1 milliards F Cfa, soit une hausse de 30,3 %, avec une prévision de 243,8 milliards F Cfa pour 2025.
Les sociétés d’Etat ont vu leurs résultats net passer de
61,4 milliards F Cfa en 2022 à 99,0 milliards F Cfa en 2024, soit une
progression de plus de 60 %. La tendance est également favorable pour les
établissements publics dont les résultats nets ont atteint 122,8 milliards F
Cfa en 2024, contre 88,3 milliards F Cfa deux ans plus tôt. Les projections
pour 2025 annoncent le maintien de cette trajectoire, avec des résultats nets
attendus à 145,9 milliards F Cfa pour les sociétés et 123,7 milliards F Cfa
pour les établissements publics.
Fortes de ces résultats, les sociétés d’Etat renforcent
progressivement leur participation au financement public à travers les impôts
et taxes. En 2024, elles ont versé 12 milliards F Cfa au Trésor contre 9,9
milliards F Cfa en 2022. Les établissements publics, en revanche, maintiennent
une contribution plus modeste autour de 1,2 milliard F Cfa par an sur la
période.
Signaux encourageants mais des défis à relever
L’amélioration des finances des entreprises publiques est
portée par des réformes et une gouvernance renforcée, selon la Dgped qui a mené
l’enquête ayant couvert 142 entreprises publiques, dont 25 sociétés d’Etat et
117 établissements publics. Le portefeuille total des entreprises publiques
s’élevait à 155 entités au 31 décembre 2024.
L’Etat a engagé une rationalisation de ses structures à
travers des fusions stratégiques. Ainsi, la création de l’Agence béninoise pour
la recherche et l’innovation (Abri) et celle de l’Agence béninoise de
protection civile (Abpc) marquent une volonté de mutualisation des ressources
et d’efficience administrative. En parallèle, la liquidation de la Société de
gestion des marchés autonomes (Sogema) illustre le recentrage des interventions
publiques sur des entités viables et performantes.
Certaines entreprises, naguère non suivies, sont
désormais intégrées aux exercices d’évaluation, comme la Société des dépôts
pétroliers du Bénin (Dpb-Sa) ou la Société béninoise des infrastructures
numériques (Sbin), témoignant d’une meilleure couverture statistique et d’un souci
de transparence accrue.
Le redressement des résultats s’explique aussi par
l’ouverture de nouveaux espaces marchands, la diversification des prestations,
la réorganisation des directions techniques et la digitalisation des services.
En outre, la lutte contre les cliniques non autorisées et la mise en œuvre du
nouveau code de l’administration territoriale ont renforcé l’environnement
opérationnel des entités concernées.
La dynamique actuelle montre que les entreprises publiques peuvent contribuer efficacement à la création de valeur économique, à condition d’un pilotage stratégique rigoureux et d’un accompagnement adapté. Malgré l’embellie générale, celles-ci doivent encore renforcer leur productivité et rationaliser leur gestion des ressources humaines. Une meilleure performance économique des établissements publics, notamment, passera par une révision de leur modèle économique et de leur mission sociale.
Subventions : entre consolidation et ciblage stratégique
Malgré une tendance baissière des subventions
d’investissement allouées aux sociétés d’Etat : 378,1 milliards F Cfa en 2022
contre 364,0 milliards F Cfa en 2024, les enveloppes demeurent conséquentes.
Ces fonds sont principalement destinés à des entités stratégiques comme la
Société béninoise d’énergie électrique (Sbee), la Société nationale des eaux du
Bénin (Soneb), le Port autonome de Cotonou (Pac) ou la Société des aéroports du
Bénin (Sab). En 2025, les prévisions font état d’une légère hausse à 370,9
milliards F Cfa.
Pour les établissements publics, les subventions
d’investissement se sont maintenues autour de 50 milliards F Cfa, avec une
prévision de 61,6 milliards F Cfa en 2025.
Quant aux subventions d’exploitation, elles bénéficient davantage aux établissements publics : 88,4 milliards F Cfa en 2024 contre 32,1 milliards pour les sociétés. Cette orientation traduit le rôle social souvent assigné à ces structures, en particulier dans les secteurs sensibles tels que la santé, la justice, les transports ou le numérique.