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En 2024, l’Uemoa a consolidé ses efforts pour élargir
l’accès aux services financiers. La révision de la stratégie régionale, l’appui
aux FinTech, la digitalisation des paiements publics et l’éducation financière
ont constitué les principaux leviers de cette dynamique.
L’année 2024 a été marquée par un renforcement de l’accès aux services financiers au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Le taux d’inclusion financière qui est passé de 47 % en 2016 à 72,3 % en 2023, devrait poursuivre sa progression, grâce à la montée en puissance de la monnaie électronique, à l’essor des FinTech et à l’intensification des actions d’éducation financière, selon le Rapport annuel 2024 de la Bceao.
Faire de l’inclusion financière un véritable levier de
développement pour les populations, les territoires et les économies de
l’Union, telle est l’ambition de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de
l’Ouest (Bceao). Elle a engagé une consultation régionale pour la révision de
la Stratégie régionale d’inclusion financière (Srif). Des ateliers nationaux
ont mobilisé près de 600 participants dans les huit Etats membres. Autorités
publiques, régulateurs, acteurs financiers et société civile ont formulé des
recommandations concrètes autour de l’accès aux services financiers pour les
femmes, les jeunes, les personnes âgées, les handicapés, les populations
rurales et les Mpme, mais aussi sur la protection des consommateurs, la
digitalisation et l’éducation financière.
Ces propositions ont été consolidées lors de l’atelier
régional tenu en octobre 2024 au siège de la Bceao à Dakar. Elles alimenteront
le nouveau document-cadre stratégique de l’Union pour les cinq prochaines
années, avec une approche intégrant innovation, stabilité et résilience.
L’éducation au cœur de l’inclusion
La Bceao a poursuivi le déploiement de son Programme
régional d’éducation financière, structuré autour de trois axes : l’intégration
dans les curricula scolaires, la formation hors école des publics vulnérables,
et le renforcement des compétences des petites entreprises. Plusieurs outils
ont été élaborés : modules pédagogiques, stratégie de communication, plan
d’action, maquette de portail web et emblème officiel. La campagne sera
déployée en 25 langues, dont 23 locales. L’objectif, c’est de réduire les
asymétries d’information, améliorer la gestion financière et renforcer la
confiance dans le système.
Face à l’essor rapide des technologies financières, la
Bceao a intensifié l’encadrement des FinTech à travers le Bureau de
connaissance et de suivi des FinTech (Bcsf-Umoa). A fin 2024, 227 structures
ont été recensées, dont près de 76 % dans les services de paiement. Cette cartographie
permet de mieux suivre les innovations et de maintenir un dialogue constant
avec les acteurs.
La Banque centrale a également engagé une révision de
l’Instruction encadrant l’émission de monnaie électronique, afin d’adapter la
réglementation à un écosystème en mutation. Un projet de texte spécifique pour
la compensation et le règlement des paiements électroniques en franc Cfa est
également en cours.
Ce renforcement du cadre juridique vise à encadrer les partenariats complexes entre banques et FinTech, tout en assurant la sécurité des utilisateurs et la solidité du système.
Innovations numériques
La digitalisation des paiements par les Trésors publics
constitue une autre avancée notable. En 2024, sept Trésors étaient connectés à
la télé-compensation et huit au système de règlement brut en temps réel. Ils
peuvent désormais offrir des services de paiement adossés à la monnaie
électronique, destinés aux allocataires de l’Etat et aux contribuables.
Un dispositif spécifique de surveillance a été mis en
place pour limiter les risques liés à l’émission à découvert et garantir la
sécurité des fonds. Parallèlement, une solution numérique sécurisée permet aux
Trésors de gérer directement leurs comptes dans les livres de la Bceao.
Dans cette dynamique, la phase pilote du système de
paiement instantané interopérable de l’Uemoa a été lancée l’année dernière.
Cette initiative vise à faciliter l’accès des usagers, y compris des
populations non bancarisées, à des services de paiement rapides, sécurisés et à
moindre coût, selon Jean-Claude Kassi Brou, gouverneur de la Bceao. En assurant
l’interconnexion entre les différents prestataires de services financiers de la
zone, ce système constitue une avancée décisive vers une infrastructure de
paiement moderne, inclusive et résiliente, au service de l’intégration
économique et du développement régional, ajoute-t-il.
La Bceao accompagne aussi l’intégration des institutions
de microfinance aux systèmes de paiement régionaux Sica-Uemoa et Star-Uemoa.
Deux centres de traitement informatique mutualisés ont été mis en place en Côte
d’Ivoire et au Niger. Les Sociétés de gestion et d’intermédiation (Sgi), au
nombre de 14, bénéficient également d’un appui pour leur intégration au marché
des titres publics via les infrastructures de paiement de l’Uemoa.
C’est dire qu’entre révision stratégique, soutien à
l’innovation numérique, régulation renforcée et programmes éducatifs ambitieux,
la Bceao construit les fondations d’un système plus accessible, plus sûr et
plus efficace, même si les défis restent importants.
La digitalisation des paiements par les Trésors publics constitue une avancée notable